close up of patient's hands and doctor taking notesIstock

Une étude menée par des chercheurs en sciences sociales du Collège communautaire de Middlesex (Massachusetts, États-Unis), publiée dans la revue Jama Medical Education le 30 novembre 2018, a révélé que 70% à 80% des patients ne seraient pas sincères ou mentiraient sur leur santé à leur médecin. Un constat étonnant car "la plupart des personnes interrogées avouent avoir délibérément pratiqué une rétention d’information sur un des sujets au moins", explique les chercheurs de l’étude. La majorité des mensonges concerneraient l’alimentation et l’exercice physique. Plusieurs n’oseraient pas manifester leur désaccord ou leur incompréhension avec le docteur.

La plupart des patients oublieraient volontairement de signaler des éléments qui ont un impact sur leur santé tels que l’alcool, le tabac, l’absence de contraception, la baisse de libido etc. Plus précisément :

  • plus d’un tiers avoue ne pas avoir montré son désaccord avec le praticien ;
  • un quart n’a pas compris ses instructions mais n’a pas osé lui dire ;
  • près d’un sur cinq n’a pas suivi correctement son traitement ;
  • 11% ont pris des médicaments prescrits à quelqu’un d’autre (sans l’avouer).

La crainte du jugement

Certains patients expliquent qu’ils sont trop gênés pour arriver à s’exprimer devant leur médecin, d’autres n’ont simplement pas envie de se faire réprimander. La directrice de l’étude Angela Fagerlin, spécialisée en sociologie de la santé rapporte que "si ces résultats sont généralisables, cela signifie que les médecins ne disposent pas en routine de toutes les informations pertinentes, ce qui peut nuire à la qualité des soins - notamment chez les malades chroniques. Et la plupart des gens veulent que leur médecin ait une haute opinion d'eux".

Pour obtenir des résultats probants, l’étude a créé deux sondages dans lequel chaque patient devait donner son avis à travers sept consultations imaginaires. Le premier sondage avait recueilli les réponses de 2 011 participants, âgés en moyenne de 36 ans, et le second avait interrogé 2 499 sexagénaires. Résultats : les femmes, les jeunes et les plus malades étaient ceux qui mentaient le plus à leur médecin. "Au total, 1 630 participants (81,1 %) et 1 535 participants (61,4 %) ont évité sciemment de divulguer au moins un type d'information à leur médecin", conclut l’analyse des données de l’étude.

Ne pas communiquer avec son médecin diminue nettement les taux de dépistage de maladies graves comme le cancer.

Des médecins qui ne perdent pas patience

Certaines phrases ne devraient pas être prononcées devant un praticien… sous peine de le voir perdre patience !

Il est ainsi déconseillé d’entamer une consultation par :

"J’ai cherché sur Google et…". Même si se renseigner sur Internet est devenu un réflexe pour beaucoup d’entre nous, il ne faudrait pas oublier que la personne assise en face de vous a plusieurs années d’études derrière lui.

Refuser de faire vacciner vos enfants peut aussi hérisser le poil de certains professionnels de santé. Le succès de certaines vaccinations a pu faire oublier que certaines maladies peuvent être dangereuses. Il est donc important de protéger les enfants dès que possible.

Malgré les nombreuses campagnes de publicité, de nombreux patients continuent de réclamer des prescriptions d’antibiotiques. Pourtant impossible d’oublier le célèbre slogan "Les antibiotiques, c’est pas automatique". D’autant qu’une utilisation excessive de ces traitements ne fait que renforcer la résistance des bactéries.

Enfin, le site belge 7sur7.be qui a listé ainsi ces quelques phrasesrecommande d’éviter de demander à votre praticien la solution miracle pour perdre du poids. Arrêtez donc de lui expliquer que vous avez beau réduire votre alimentation et faire plus de sport, vous ne perdez pas un gramme. Car assurément, il vous répondra que tous vos efforts ne paieront pas en un jour et que le mieux que vous puissiez faire est d’être patient. Pour se transformer votre corps a besoin de temps.

Sources

Prevalence of and Factors Associated With Patient Nondisclosure of Medically Relevant Information to Clinicians, JAMA, 30 novembre 2018.

mots-clés : médecin, patient

Vidéo : 70% des patients mentent à leur médecin, un comportement potentiellement risqué