
Nous ne sommes pas tous égaux face au stress, mais désormais, nous savons pourquoi ! Une nouvelle étude, publiée le 27 février dans la revue Nature Neuroscience, s’est penchée sur la question. Menée par la spécialiste en neurosciences et troubles psychiatriques Caroline Ménard, elle met en lumière le rôle clé d’une protéine dans la réponse face aux stress : le récepteur cannabinoïde de type 1 (CB1).
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Mais qu’est-ce que la protéine CB1 ? Malheureusement, cette dernière ne se trouve pas dans l’alimentation : se gaver de bifteck ou de tofu ne changera donc pas grand-chose à votre réaction au stress… Le récepteur CB1 est synthétisé dans les neurones du système nerveux central, mais également présent dans les astrocytes. Ces cellules permettent la communication entre le sang et le cerveau.
Ainsi, cette protéine fait partie d’une sorte de barrière qui protège le cerveau, et régule le passage de certaines molécules du sang au cerveau. Elle participe de ce fait au bon fonctionnement de processus centraux tels que l’appétit, l’humeur, ou encore la mémoire.
Quels sont les symptômes du stress cellulaire et quelles conséquences sur la dépression et l’anxiété ?
Alors, quel rapport entre cette protéine et l’anxiété ? Lorsque la barrière qui protège le cerveau est abîmée, les molécules inflammatoires se frayent plus facilement un chemin vers le cerveau : ce phénomène favorise le stress chronique, et donc l’apparition de symptômes liés à l’anxiété et à la dépression. L’étude, menée à à l’Université de Laval (Canada), a ainsi montré le lien entre des taux bas de récepteur CB1 et le développement de ces troubles.
Mais les chercheurs ont surtout révélé qu’un déficit de cette protéine est à l’origine d’une réaction différente au stress chronique. Pour ce faire, une expérience a été réalisé sur des souris, soumises à des situations stressantes : celles qui résistaient le mieux et présentaient le moins de symptômes de troubles anxieux ou dépressifs étaient celles avec un plus haut taux de la protéine récepteurs CB1.
Un constat qui est également avéré chez les humains ! Caroline Ménard, responsable de l’étude, confirme : “Nous avons constaté que le niveau de récepteurs CB1 dans les astrocytes était plus faible chez les personnes souffrant de dépression majeure (...) que chez les personnes sans dépression ou celles traitées par des antidépresseurs".
Vers une nouvelle prise en charge ?
Cette découverte ouvre la voie vers la recherche de nouveaux traitements ou de prévention des troubles anxieux et dépressifs. En effet, les scientifiques n’excluent pas la possibilité d’utiliser cette protéine : “Ces résultats suggèrent la possibilité d'utiliser des molécules capables d'activer les récepteurs CB1 dans les astrocytes pour réduire l'anxiété et les symptômes dépressifs, et pour augmenter la résilience face au stress”, conclut Caroline Ménard.
Mais davantage de recherches sont nécessaires sur le sujet. Lors du test, la protéine avait été administrée par injection, ce qui semble difficile à reproduire à grande échelle. De plus, les chercheurs de l’étude mettent en garde sur les effets secondaires de l’administration de cette protéine, qui peut avoir un impact sur la vigilance et l’appétit, par exemple.
Des traitement variés déjà existants
Alors que la santé mentale touche une personne sur cinq en France, cette question est la grande cause nationale du gouvernement français en 2025. Aujourd’hui, il existe plusieurs traitements pour soigner les symptômes de la dépression ou de l’anxiété.
Dans le cas de troubles légers, une psychothérapie peut aider à résoudre le problème. Si les symptômes sont plus forts, des anxiolytiques ou des antidépresseurs sont alors envisagés. Ils comportent toutefois des effets secondaires, et un risque de dépendance pour les premiers. Si vous pensez souffrir de dépression ou d’anxiété, rapprochez-vous d’un psychiatre, qui pourra trouver le traitement le mieux adapté à votre cas.
Enfin, plusieurs habitudes de vie peuvent aider à créer un environnement moins propice au développement de ces pathologies. Une alimentation équilibrée, moins d'alcool, la pratique d'exercice physique régulier et d'activités que l'on aime ou encore des relations sociales saines ont un rôle à jouer dans l'absence de stress.