Phobie scolaire : symptômes, causes, traitements… Comment gérer la peur ?

Comment parvenir à gérer sa peur de l’école ? Alors que la rentrée scolaire a eu lieu le 1er septembre, il faut savoir que la phobie scolaire toucherait entre 2 à 8% des enfants en âge d’être scolarisés selon l’Inserm. Marcel Rufo, pédopsychiatre à la Clinique des Trois Cyprès à La Penne-sur-Huveaune, dans les Bouches-du-Rhône, assure que “la manifestation la plus étonnante et la plus troublante pour les parents de la phobie scolaire est que l’enfant ne peut pas physiquement et psychologiquement franchir le seuil de la porte de l’école”.

L’auteur de nombreux ouvrages sur la prime enfance assure qu’il y a des signes avant-coureurs qui permettent de la repérer tels que “le mal de ventre, le mal à la tête ou les troubles du sommeil”. De manière très pratique, “l’enfant ne peut pas quitter la maison et se séparer de ses parents”. Selon lui, l’enfant est pris d’une “crainte terrible” et se demande : “qu’est-ce qu’il va m’arriver si je rentre à l’école ?”.

Phobie scolaire : que faire quand on la détecte ?

Le pédopsychiatre précise qu’il y a deux cas de phobie scolaire : soit une phobie scolaire débutante, soit une peur qui se renouvelle dans le temps. “La surprise est moindre chez les parents qui ont déjà vécu ces angoisses de séparation. Pour ceux qui la découvrent, je crois qu’il faut qu’ils se rapprochent du CPE, du principal, voire si c’est possible de l’infirmière ou du médecin scolaire en expliquant que son enfant est en plein désarroi afin de déterminer ensemble comment l’accompagner”, conseille Marcel Rufo. Le spécialiste évoque des possibles modalités particulières pour ces enfants souffrant de phobie scolaire. “Par exemple le fait qu’ils ne viennent qu’une journée, qu’une demi-journée ou seulement à certains cours”, détaille le pédopsychiatre.

Quand c’est plus grave, la phobie scolaire peut s’ajouter à une phobie sociale. Cela signifie que “l’enfant ne veut non seulement plus aller à l’école, mais également ne plus voir ses copains, faire du sport ou sortir, voire même ne plus aller sur les réseaux sociaux”. L’important est de travailler dans une “alliance parents, enseignants, structures de soin”. Il est essentiel de déterminer l’origine de la peur. “La phobie scolaire ou ‘refus scolaire anxieux’, définition plus classique, nécessite la même thérapie de soins que toutes les autres peurs. Cette peur scolaire doit être traitée”, insiste le spécialiste.

Phobie scolaire : “Cela représente de 10 à 15% des consultations de pédopsychiatrie”

Marcel Rufo rappelle que la phobie scolaire est un trouble très courant qui est très couramment traité en psychiatrie. “La consultation pour phobie scolaire en pédopsychiatrie est très très représentée. Cela représente de 10 à 15% des consultations de pédopsychiatrie, donc plus que dans la population générale, car on voit les formes graves où tout échoue. On ne voit pas les phobies scolaires qui s'arrangent", détaille le psychiatre.

Un des moyens d’agir pour les parents qui n’ont plus d’issue est la déscolarisation. “On fait une radiation scolaire en faisant scolariser l’enfant à distance et en le mettant dans un établissement de soin de jour pour la sociabilité. On chemine comme cela pendant l’année scolaire. Généralement quand on dit à l’enfant qu’il n’est plus scolarisé mais qu’il suivra une scolarité, il est apaisé. Non seulement on protège sa scolarité, mais on le protège aussi de la peur qui l’envahit”, explique-t-il.

Le pédopshychiatre précise que si "on déscolarise, on maintient la scolarité par le CNED, associée à des soins, l'enfant évitera ainsi un redoublement et les parents seront rassurés par la poursuite du cursus scolaire".

Phobie scolaire : comment la traiter ?

Il s’agit là des cas graves qui résistent aux méthodes d’accompagnement de réintroduction scolaire. Dans les cas les moins sévères, avec le Professeur Ruffo, “l’enfant fait le choix de la méthode thérapeutique”.

Cela peut être :

• une psychothérapie conventionnelle
• une thérapie cognitivo-comportementale
• une sophrologie
• une hypnose
• une relaxation
• un groupe de parole avec d’autres phobiques scolaires ou des enseignants
• la musique
• une cyber-classe avec une scolarité par informatique

Phobie scolaire : quelles sont les causes ?

Ce qui reste le plus efficace, c’est la reconnaissance de la phobie scolaire et du stress de l’enfant et “la prise en compte de sa souffrance”. “Je crois que ce qui a le plus d’efficacité, c’est de dire à l’enfant : ‘On a compris que tu peux pas et on va t’aider à pouvoir”, nous assure le pédopsychiatre.

Quant aux origines de la phobie scolaire, Marcel Rufo évoque le harcèlement, et notamment le cyberharcèlement, qui est une des causes. Il y a également “le décès d’un membre de la famille”, même si c’est quelqu'un éloigné. “La vraie séparation c’est la mort et l’enfant qui a une angoisse de séparation vit cette séparation comme la crainte de la mort s’il s’écarte de chez lui”. Il y a enfin les “impressions” de certains enseignants, qui peuvent créer une situation de peur de l’école chez l’enfant. Dans tous les cas, l’essentiel est d’écouter l’enfant et de l’accompagner.