Chemsex : 3 choses à savoir sur cette pratique sexuelle Adobe Stock
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Mélanger drogues et relations sexuelles, cela porte un nom : le chemsex. "C’est la contraction de chimique (chemico) et de sexualité (sex). Il s'agit donc d'une pratique liée à l’usage de drogue pendant les actes sexuels", explique Sebastien Garnero, sexologue à Paris. Cette pratique consiste notamment à utiliser des psychostimulants tels que le poppers, le GHB, le GBL, l’amphétamine, la kétamine, la cocaïne ou encore la MDMA. Ces drogues sont souvent associées et donc utilisées en cocktails.

"Cette pratique est souvent utilisée dans une sorte d’approche de marathon du sexe. L’idée est d'avoir des activités sexuelles pendant plusieurs heures et d’être sous drogues pour avoir une forte désinhibition, ainsi que plus d'excitation et une altération des perceptions."

Chemsex : d’où provient cette pratique sexuelle ?

Pour comprendre ce qu’est le chemsex, il faut avant tout savoir d’où cela provient. L’expert explique : "C’est une pratique qui, au départ , est issue essentiellement des milieux gays, notamment anglo-saxons. Elle a commencé à se diffuser à Londres, puis a fini par arriver en France, il y a une quinzaine d’années".

Toutefois, si cette pratique est apparue chez les homosexuels, elle s’est propagée aux hétérosexuels, même si elle reste "essentiellement entre hommes, avec plusieurs partenaires", précise le sexologue. Il insiste également sur l'importance de ne pas faire d'amalgame, car si une majorité de personnes pratiquant le chemsex provient de la communauté homosexuelle, cela ne veut bien évidememnt pas dire que tous les homosexuels le font.

Ce phénomène se développe également principalement dans les grandes villes, comme les capitales. L'expert précise aussi que, même si ce phénomène reste tabou et que l'on en parle peu, il s'est beaucoup développé. "Cela s’est beaucoup surdéveloppé avec l’effet des réseaux sociaux, des sites de rencontres, gays notamment, qui facilitent les rencontres et les organisations de ce genre de pratique", partage Sébastien Garnero.

Quel est le profil des personnes pratiquant le chemsex ?

Dans le cadre de son travail, Sebastien Garnero a déjà eu l'occasion de rencontrer des personnes pratiquant le chemsex. Selon lui, la plupart des personnes qui pratiquent le chemsex ont déjà des problèmes d’addictions à la base, que ce soit à la drogue ou à la sexualité. "Les addictions aux drogues et celles liées à la sexualité sont deux choses qui se croisent", explique-t-il.

"Je vois plus l’effet des personnes qui sont addictes à la rencontre sexuelle dans un premier temps. C'est-à-dire qu’ils vont chercher à multiplier les rencontres sexuelles et à tester d’autres types de rencontres et de sexualité en groupe. Ils vont aussi associer le monde de la fête et de la nuit aux addictions sexuelles. Cela représente la grosse majorité des personnes qui vont vers ce type de pratique". Il ajoute : "Après, il y a aussi des personnes qui ont des problèmes pour avoir une sexualité dans un registre naturel, ordinaire, et qui vont se servir de drogues pour se désinhiber. Souvent, les personnes qui pratiquent le chemsex sont des personnes qui ont des problèmes relationnels", partage-t-il.

"La plupart des personnes qui pratiquent ces activités sont déjà des personnes dans une trajectoire d’addiction. Ce n’est donc pas le chemsex en lui-même qui rend addict". En effet, la principale addiction du chemsex provient des drogues. Il s’agit donc d’une "association avec la sexualité qui multiplie cet effet d’addiction", détaille l’expert.

Chemsex : certaines personnes l'essayent par curiosité

Pourtant, il peut aussi arriver que certaines personnes sans addictions se tournent vers cette pratique sexuelle par curiosité. "Certaines personnes peuvent aussi se dire pourquoi je n'essayerais pas ? Il y a aussi cet effet qui est de se dire que si on essaye tout, on va être libérée sexuellement. Alors c’est bien d’avoir des fantasmes, mais on ne doit pas forcément tout essayer. Il faut pratiquer ce que l’on aime faire. Il n’y a rien de mieux qu’une sexualité naturellement, sans avoir à chercher tout un tas de stimulations", partage le sexologue.

Chemsex : quels sont les risques de cette pratique ?

Cette pratique encore tabou n’est pas sans conséquence sur la santé. Sébastien Garnero partage ces risques liés au chemsex :

  • Des risques de contamination : "Souvent, les personnes pratiquant le chemsex ne se protègent pas forcément, ainsi, il y a plus de conduites à risques, et donc de risque de IST (Infections sexuellement transmissibles) ou MST (Maladies sexuellement transmissibles). On note quasiment cinq fois plus de risques d’IST que lors de rapports ordinaires. En effet, au-delà du manque de protection, la multiplication de partenaires favorise ce risque.
  • De nombreux problèmes liés à la consommation de drogue : Le sexologue cite l’overdose, les contaminations suite aux injections et aussi les effets de certaines drogues. "Dans la kétamine, il y a des risques hallucinatoires, la cocaïne, elle provoque des risques cardiovasculaires…", cite notamment l'expert. Il ajoute : " le GHB donne un autre risque qui est celui de savoir si le rapport est bien consenti ou non".
  • Des risques au moment des rapports : "Lors de ces rapports, les personnes utilisent beaucoup de sextoys ou d'alternatives avec des insertions d’objets ou de corps étrangers. On a parfois des personnes qui arrivent aux urgences avec des lésions de la muqueuse anale. Ainsi, on retrouve plus souvent des déchirures anales liées à ces pratiques", confie Sebastien Garnero.
  • Des problématiques psychiatriques, de la dépression, qui peuvent être le résultat des effets de la drogue
  • Une addiction sur le long terme.

"Ce n’est donc pas sans risques, sans compter les risques pour les autres, quand les personnes évoluent dans la sphère publique, en particulier en voiture. Dans cet exemple, on sait que la prise de stupéfiants est une pratique qui démultiplie les risques d’accidents", conclu le professionnel.

Des appels à la prudence lancés par le gouvernement

Pour prévenir les risques liés à cette pratique, Yann Botrel, élu local de la ville de Charly, dans le Rhône, et membre de l'association "Elus locaux contre le sida", a envoyé un courrier au ministre de la santé le jeudi 9 février 2023.

"Le but est de demander au gouvernement d'agir", rapporte France 3. En effet, dans ce courrier, l'élu souhaite rappeler à l'exécutif l'importance du "rapport Chemsex" rendu au ministre de la Santé qui détaille les dangers de la pratique. "Je souhaite, à l'instar des associations des professionnels de santé et élus engagés de tous bords, que ce rapport ne reste pas au placard", écrit-il.

Par ailleurs, le site de Sexosafe, rattaché à Santé Publique France, recense de nombreux conseils et liste des aides en cas de dépendance. De nombreux autres sites, à l'instar de Playsafe, existent également et listent les dangers ainsi que associations pouvant aider les adeptes de la pratique.

Sources

Merci à Sebastien Garnero, sexologue à Paris. 

https://www.linternaute.com/actualite/societe/2755441-chemsex-qu-est-ce-que-cette-pratique-des-risques-lies-a-la-drogue/

https://www.sexosafe.fr/ma-sante/addiction/chemsex-et-slam-comment-se-proteger

https://www.playsafe.fr/drogues/addditionner-les-drogues-cest-prendre-des-risques/

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