Plus d'infarctus chez les femmes depuis le confinement Istock
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Pendant le confinement, les cardiologues ont témoigné d'une chute des admissions à l'hôpital pour des maladies cardiovasculaires. De nombreux Français auraient fait la sourde oreille face à leurs symptômes s'ils n'étaient pas trop graves, ou s'ils n'avaient aucun lien avec le Covid-19. Ces personnes ne sont donc pas allées à l'hôpital.

Début avril le professeur Pierre Amarenco alertait déjà sur le phénomène au micro d'Europe 1, en expliquant que la baisse des admissions pour AVC, AIT (l’accident ischémique transitoire, quand un caillot obstrue la circulation du sang dans le cerveau, ndlr) ou encore infarctus était "de l’ordre de 50 à 70 %" en Île-de-France.

Un phénomène qui est loin d'être rassurant selon les médecins. Et pour cause, deux mois plus tard, les conséquences de cette tendance se font sentir : une augmentation des maladies cardio-vasculaires, particulièrement chez les femmes, est recensée. Une étude a été lancée pour quantifier avec précision le nombre de patientes concernées, mais les cardiologues tirent déjà la sonnette d'alarme.

Une augmentation des cas que Claire Mounier-Vehier, spécialiste du CHU de Lille et cofondatrice de Agir pour le Cœur des Femmes, attribue notamment au stress provoqué par le "changement de mode de vie" lié au confinement. Elle mentionne aussi le télétravail qui n'a pas facilité le quotidien des Français.

Infarctus : les femmes plus exposées qu'on ne le croit

Contrairement à ce que l'on peut penser, les maladies cardiovasculaires sont plus meurtrières chez les femmes que chez les hommes. On estime en effet que près de 9 millions de femmes dans le monde meurent chaque année d'infarctus, AVC, ou insuffisance cardiaque, soit une femme sur trois.

La raison ? "Les femmes d'aujourd'hui sont plus exposées [à ces maladies] par leur mode de vie", expliquait le communiqué de la Fondation AJILA (organisation caritative qui défend les causes d’intérêt général dans les domaines clés de la Santé et de l’Education) en 2019.

Tabagisme, sédentarité, surcharge pondérale et causes génétiques pourraient, par exemple, expliquer la hausse de l'ordre de 25 % des cas d'infarctus chez la femme jeune (non ménopausée) que l'on observe ces dernières années.

Infarctus : les artères des femmes se bouchent plus facilement

En outre,"d ’un point de vue anatomique, les artères des femmes sont plus étroites et se bouchent plus facilement. Elles sont aussi plus sujettes aux spasmes (l’artère se contracte spontanément), ce qui peut perturber le débit de sang que reçoit le cœur. Enfin, après un infarctus, les femmes ont davantage de risque de décéder ou de refaire un accident cardio-vasculaire dans l’année qui suit, comparativement aux hommes. Elles sont moins nombreuses à suivre un programme de réadaptation cardio-vasculaire, pourtant essentiel à un bon rétablissement", explique la Fédération Française de Cardiologie.

Infarctus : les femmes moins bien prises en charge

Une étude relayée par The Independant démontrait l'année dernière que les hommes et les femmes ne bénéficient pas des mêmes traitements en cas d’arrêt cardiaque. En effet, ces dernières sont moins susceptibles d’être ranimées à temps et ont, ainsi, moins de chance de survie que les hommes.

Cette disparité des traitements s’explique tout simplement par…les idées reçues. "Les gens ne sont pas conscients qu’un arrêt cardiaque puisse tout autant survenir chez les femmes que chez les hommes", déclare un membre de l’équipe de chercheurs. En effet, lorsque des passants assistent à un arrêt cardiaque chez une patiente, ils ne mesurent pas l’urgence des symptômes. Cela conduit à de nombreux retards d’appel des services d’urgences.

Or, pour quelles raisons le confinement aurait-il mis plus en danger le cœur des femmes ? Explications pages suivantes.

Confinement : comment expliquer la hausse des infarctus ?

Confinement : comment expliquer la hausse des infarctus ?© Istock

"La période de confinement n’a pas été sans conséquences sur notre hygiène de vie et notre bien être mental, estime l'association Agir pour le Cœur des Femmes. Cela a induit une surexposition à certains facteurs de risque cardio-vasculaire".

Cette période aura pu aussi décompenser certaines maladies chroniques comme l’hypertension artérielle, le diabète ou la maladie cardio-vasculaire.

Une alimentation plus riche, plus salée et plus sucrée

L'association fait notamment mention d'une alimentation plus riche, plus salée, plus sucrée. En outre, les Français ont également consommé plus d'alcool et on fumé davantage. Ce n'est donc pas sans raison que le confinement a entraîné une prise de poids chez 57 % des Français, comme le montre un sondage* Ifop pour Darwin Nutrition, média dédié à l'alimentation saine, dévoilé le mercredi 6 mai 2020. Les Français ont pris en moyenne 2.5 kilos : les hommes (+2.7 kg) et les femmes (+2.3 kg).

Le surpoids est également un facteur propice à l'infarctus. Il fait réellement partie des facteurs de risque de l'infarctus.

Le confinement propice au stress et à l'isolement

Le stress psycho-social et l’isolement qu'impliquaient le confinement étaient également nocif pour la santé cardiovasculaire. La quarantaine a fait augmenter le niveau d’anxiété des Français, selon une étude publiée par Santé Publique France. Or, là encore, cet état expose au risque d'infarctus.

Il se trouve que le stress est le troisième facteur de risque de l’infarctus du myocarde chez la femme.

"Le stress aigu peut provoquer un accident cardiaque, surtout s'il survient sur un organisme déjà fragilisé, chez une personne à haut risque ou ayant déjà eu un problème cardiaque, explique de son côté la Fédération Française de Cardiologie. Chez certaines personnes, ce genre d'épisode va multiplier par 15 le risque d'infarctus".

La sédentarité "peut à la longue tuer autant que le tabac"

Enfin la sédentarité, l'usage des écrans, le sommeil altéré et la fatigue causées en partie par la pandémie font aussi partie des causes de cette hausse des infarctus à l'issue du confinement, selon Agir pour le Cœur des Femmes.

La sédentarité encrasse l’organisme en augmentant les niveaux de stress
oxydant et d’inflammation et "peut, à la longue, tuer autant que le tabac", ajoute la Fédération.

Il est donc vital de bouger au quotidien ! S'il était difficile de poursuivre une activité physique durant le confinement, du fait des restrictions de sortie, il est impératif de reprendre vos bonnes habitudes aujourd'hui.

Infarctus : quels symptômes doivent alerter chez les femmes ?

Infarctus : quels symptômes doivent alerter chez les femmes ?© Istock

Les femmes et leurs médecins ont tendance à sous estimer les risques cardio-vasculaires, indique encore la Fédération Française de Cardiologie. "D’abord, parce qu’elles se plaignent moins que les hommes. Ensuite, parce que leurs symptômes peuvent passer inaperçus".

Près de deux tiers des femmes qui décèdent d’un infarctus n’ont pas eu de signaux d’alarme classiques.

Les femmes doivent être attentives à une altération de leur état général, une grosse fatigue persistante ou un amaigrissement sans cause apparente, des symptômes pouvant faire penser à des problèmes digestifs.

Infarctus chez la femme : essoufflements, nausée et vomissements

La fédération note trois symptômes révélateurs de l'infarctus chez la femme :

  • "Un essoufflement ou des palpitations à l’effort et parfois au repos. Ces signes associés à une forte fatigue persistante peuvent faire penser à tort à des crises d’angoisse".
  • "Des nausées, vomissements, sueurs, douleurs dans le creux de l’estomac, parfois pris pour des problèmes digestifs".
  • "Une douleur qui apparaît au niveau du thorax et irradie dans le bras gauche jusqu’à la mâchoire. Ce symptôme classique chez l’homme est plus rare chez la femme".

Les femmes présentent des symptômes moins faciles à interpréter tels que fatigue, évanouissements, vomissements, douleurs au cou ou à la mâchoire. Alors que les hommes se plaindront de douleurs typiques comme des douleurs à la poitrine".

Peut-on vraiment prévenir l'infarctus ?

Peut-on vraiment prévenir l'infarctus ?© Istock

Une bonne hygiène de vie est la première protection contre l’infarctus du myocarde, estime la Fédération Française de Cardiologie. Voici sur quoi vous pouvez agir.

  • Arrêtez le tabac. Vous pouvez vous faire aider pour vous donner les meilleures chances de réussir. Plus de 60 % des infarctus chez les femmes de moins de 60 ans sont attribuables au tabac.
  • Faites une demi-heure d’activité physique tous les jours. Prenez les transports en commun, l’escalier plutôt que l’ascenseur, et surtout évitez de rester assis(e) trop longtemps.
  • Équilibrez votre alimentation : au moins cinq fruits et légumes par jour, plutôt de la viande blanche et du poisson, des huiles végétales et très peu de sel.
  • Apprenez à réguler votre stress et à mieux gérer les situations angoissantes grâce aux techniques de cohérence cardiaque, de méditation en pleine conscience, de yoga…
Sources

Préparer et réussir le déconfinement, Agir pour le cœur des femmes, 

Le confinement a provoqué des infarctus plus violents, principalement chez les femmes, Europe 1, 26 mai 2020

L'infarctus chez les femmes, Fédération Française de Cardiologie

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