
Difficultés à respirer, essoufflement, toux : trois signes qui caractérisent la bronchopneumopathie obstructive chronique, ou BPCO. Une maladie chronique qui touche 3,5 millions de Français, selon la Haute Autorité de santé (HAS). Des signes qui s'accompagnent indéniablement d’anxiété et de dépression. Une récente étude publiée dans la revue médicale Chronic Obstructive Pulmonary Diseases en janvier 2025 démontre que, chez ces patients, les troubles mentaux sont sous-diagnostiqués, ce qui entraîne une aggravation des symptômes et une diminution de la qualité de vie.
En 2022 déjà, une enquête du groupe "International Primary Care Respiratory Group" (IPCRG) pointait du doigt cette problématique. Les problèmes de santé mentale, tels que l'anxiété et la dépression, sont en réalité fréquents chez les patients atteints de BPCO. "On estime qu'environ 30 % de ces patients souffrent d'une dépression (jusqu'à 80 % pour les stades sévères), et qu'entre 10 et 50 % souffrent d'anxiété", souligne l'enquête.
Effets délétères sur la qualité de vie des patients
Cette enquête met en avant l’isolement ressenti au quotidien par ces patients, un sentiment amplifié par les comorbidités psychologiques et la stigmatisation sociale. "Cela entraîne une aggravation qui peut avoir un effet négatif sur la qualité de vie et limiter l'adhésion du patient à la prise en charge de sa BPCO", précise l'IPCRG dans l’enquête.
« Les personnes atteintes de cette pathologie pulmonaire chronique sont parfois dépistées pour des troubles mentaux à l'aide de questionnaires. Cependant, ces documents ne permettent pas de confirmer le diagnostic de dépression et d'anxiété, ce qui peut empêcher les personnes de bénéficier de soins de santé mentale adaptés », a déclaré, dans un communiqué de presse le 6 mars, le Dr Jing Gennie Wang, premier auteur de l'étude et pneumologue au Centre médical Wexner de l'Université d'État de l'Ohio, aux États-Unis.
8 % répondent aux critères de dépression et d’anxiété
Pour parvenir à leurs résultats, les chercheurs ont admis dans l'étude 220 participants, dont 18 (8 %) répondaient aux critères MINI pour la dépression et 17 (8 %) pour l'anxiété. Parmi ceux répondant aux critères, moins de la moitié bénéficiaient d'un suivi psychologique ou prenaient des antidépresseurs, ce qui témoigne d'une lacune persistante en matière de soins.
« Notre étude démontre la nécessité de diagnostiquer correctement les troubles mentaux chez les personnes atteintes de BPCO afin de réduire les symptômes et d'améliorer la qualité de vie. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer comment le traitement des troubles mentaux pourrait améliorer l'évolution de la maladie au fil du temps », ajoute le Dr Jing Gennie Wang.
Signes à identifier par les soignants
L'enquête de l’IPCRG souligne quatre points clés à identifier par les professionnels de santé :
- Avoir de bonnes compétences en consultation centrée sur le patient.
- Savoir que la dépression et l'anxiété sont des comorbidités courantes qui peuvent influencer les conséquences de la BPCO.
- Faire preuve d'écoute active et d'empathie, ne pas interrompre le patient et observer attentivement.
- Le langage corporel et les signaux non verbaux fournissent des informations utiles, comme les longs silences et l'évitement du contact visuel.
- Adopter une approche centrée sur le patient et se demander si l'utilisation d’une "étiquette" de dépression et/ou d'anxiété sera utile, par exemple pour la compréhension de la situation par le patient ou pour sa prise en charge globale.
Le tabac comme principal coupable
Pour rappel, la BPCO est une maladie pulmonaire inflammatoire chronique, qui englobe plusieurs affections, dont la bronchite chronique et l'emphysème. Sa cause principale est le tabagisme dans 85 % des cas, mais aussi des expositions environnementales, notamment professionnelles.
Une pathologie qui représente un coût très important pour la société : en 2010, le ministère de la Santé estimait ce coût à 3,5 milliards d'euros par an, soit 3,5 % de l'ensemble des dépenses de santé.