Qu'est-ce qu'une gonorrhée ?

Le terme de gonorrhée est un terme anglo-saxon.

La blennorragie ou "gonorrhée" est une maladie sexuellement transmissible causée par une bactérie, le gonocoque, qui touche les organes sexuels, l'anus, mais peut aussi atteindre la gorge et survient habituellement 2 à 5 jours après le rapport sexuel.

Elle est souvent associée à une chlamydiose génitale.

Cette maladie est en recrudescence en France depuis 1998, comme la plupart des IST.

Est-ce une IST fréquente ?

Une recrudescence des cas de gonorrhée est observée depuis quelques années en France : entre 15 et 20 000 nouveaux cas chaque année dont plus de la moitié chez des hommes de moins de 30 ans.

Le nombre de diagnostics d’infection à gonocoque rapportés a augmenté de 53 % entre 2016 et 2018. Cette augmentation de 58 % s’observe chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et 29 % chez les hétérosexuels.

Les personnes diagnostiquées pour une gonococcie sont majoritairement des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (71 %).

Quels sont les symptômes de la gonorrhée ?

Chez l’homme 

Il n’y a pas forcément de symptômes. Les signes cliniques qui peuvent apparaitre sont une rougeur du méat urétral, des brûlures urinaires ou lors de l’éjaculation, un écoulement purulent jaune-verdâtre qui survient tout au long de la journée. Les formes cliniques de la maladie atteignant la gorge ou l'anus sont souvent plus difficiles à diagnostiquer en raison de leurs symptômes particuliers.

Chez la femme 

L’infection ne provoque la plupart du temps pas de symptôme, ou bien de signes qui sont souvent discrets : inflammation de la vulve, démangeaisons et, pertes blanches, des douleurs lors des rappels sexuels, des brûlures en urinant. L'existence de formes fréquemment asymptomatiques, notamment chez la femme, favorise la dissémination de l'infection. Le germe est plus rarement présent au niveau des sites extragénitaux (pharynx, oeil, rectum).

Chez l'homme et la femme :

  • Localisations ano-rectales : elles sont souvent asymptomatiques. On peut néanmoins retrouver un écoulement purulent anal et des douleurs à la défécation (ou de fausses envies).
  • L’oropharyngite gonococcique est également le plus souvent asymptomatique.
  • La conjonctivite est possible (transmission via la main).

Photo : bactérie gonorrhoeae provoque aussi des lésions dermatologiques

Chez l'homme et la femme :© Creative Commons

Crédit : Centers for Disease Control and Prevention's Public Health Image Library - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

Quelles sont les causes de cette MST ?

Cette maladie est causée par la bactérie gonocoque ou Neisseria gonorrhoeae. Neisseria gonorrhoeae est un parasite humain strict, hôte des muqueuses des voies génitales de l'homme et de la femme qui s’attrape quel que soit le type de rapport sexuel.

Quels sont les facteurs de risques ?

Tous les rapports sexuels non protégés avec des partenaires à risques augmentent le risque de contamination par le gonocoque Neisseria gonorrhoeae.

Voici quelques exemples de situations à risques :

  • Les hommes ayant des rapports avec d’autres hommes (HSH) ;
  • Les personnes ayant plus d’un partenaire sexuel ;
  • Les personnes ayant un partenaire qui a d’autres partenaires sexuels ;
  • Les personnes utilisant de manière inconstante les préservatifs ;
  • Les personnes de moins de 25 ans, hommes, femmes ou adolescents sexuellement actifs ;
  • Les personnes ayant déjà contracté une IST dans le passé ;
  • Les personnes séropositives  pour le HIV (virus du SIDA) ;
  • Les travailleurs du sexe ;
  • Les utilisateurs de drogues ;
  • Les personnes incarcérées.

La gonorrhée oculaire est-elle fréquente ?

Réponse du Dr Odile Bagot :

"La gonorrhée oculaire est vraiment exceptionnelle voir très rare".

Qui sont les personnes à risque ?

Depuis juin 2000 en France, la gonococcie ne fait plus partie d’une déclaration obligatoire, mais un réseau de surveillance des infections à gonocoques a été mis en place qui s’appuie sur l’aide de différents acteurs de santé.

Ces données ont permis d’identifier des personnes ayant davantage de risque :

  • Les hommes entre 21 et 30 ans ;
  • Les femmes entre 16 et 25 ans ;
  • Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), en particulier en région Île-de-France ;
  • Les personnes infectées par le VIH/sida ;
  • Les personnes ayant des pratiques à risque : multiples partenaires sexuels, utilisation inconstante des préservatifs, fellation non protégée.

Quelle est la durée de l'infection ?

La période comprise entre l'infection et la déclaration de la maladie (période d'incubation) est de deux à cinq jours.

Est-ce une maladie contagieuse ?

La gonorrhée   est une maladie sexuellement transmissible causée par une bactérie, le gonocoque. La transmission du germe est directe et vénérienne, car il est fragile. C’est une bactérie très contagieuse. Ainsi les partenaire(s) doivent être traité(s) également.

La transmission de la gonococcie est très facile et peut se faire au cours de pénétrations vaginales, anales ou buccales. Un contact sexuel sans pénétration peut suffire à une contamination.

Qui, quand consulter ?

Chez la femme, l’infection gonococcique passe le plus souvent inaperçue. Le diagnostic clinique est par conséquent souvent difficile par la discrétion, voire l’absence de signes urogénitaux. Cependant, après une relation sexuelle à risque non protégée, consulter le médecin pour passer des tests de dépistage, puis, au bout de trois jours, une consultation de suivi est nécessaire si les symptômes persistent et une autre au bout de 7 jours est systématiquement organisée afin d'effectuer un contrôle microbiologique de la guérison (élimination de la bactérie).

Quelles sont les complications ?

Sans diagnostic et sans traitement, l’infection gonococcique peut changer et devenir compliquées.

Chez l’homme 

Une gonorrhée qui n’est pas traitée peut déclencher une inflammation de la prostate ou de l’épididyme : le cordon situé au-dessus de chaque testicule. Ces complications peuvent être à l’origine de problèmes d’infertilité.

Chez la femme 

La gonorrhée est souvent sans symptôme, ainsi les complications sont plus courantes car une gonorrhée non traitée peut déclencher une infection génitale haute touchant l’utérus (endométrite) les trompes (salpingite) voire tout le petit bassin (pelvipéritonite). Les infections génitales hautes de la femme peuvent être responsables d’infertilité ou de grossesse extra-utérines.

Au moment de l'accouchement la gonorrhée peut être transmise de la mère au nouveau-né et provoquer une infection des yeux chez le nouveau-né pouvant entraîner une cécité.

Photo : Infection ophtalmique néonatale gonococcique

Chez la femme © Creative Commons

Crédit : CDC/ J. Pledger - Centers for Disease Control and Prevention's Public Health Image Library - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

La gonorrhée expose également à un risque accru d’infection par le VIH/sida (estimé 3 à 6 fois supérieur).

Quels sont les examens à faire ?

Chez la femme 

Le diagnostic ne repose plus sur une analyse d’urine, mais sur la recherche du gonocoque par prélèvement local avec mise en culture.

On utilise un échantillon d'urine ou des prélèvements, cervical pour la femme et urétral pour l'homme. Le prélèvement est fait à l'aide d'une tige de coton. Si l'on soupçonne une infection rectale ou de la gorge, des prélèvements seront aussi faits dans ces endroits.

Les résultats sont connus en 24 à 48 h.

Chez l'homme 

Le diagnostic de gonorrhée se fait à partir du premier jet d'urines qui suppose de faire un dépistage complet de toutes les infections sexuellement transmissibles dont le VIH.

Quels sont les traitements de la gonorrhée ?

Une personne atteinte de gonorrhée est généralement traitée par antibiotiques mais, les souches de gonocoques sont de plus en plus résistantes. Aujourd’hui, le traitement de la gonococcie repose principalement sur une injection d'antibiotique Ceftriaxone (Rocéphine®), Gentamicine ou Ciprofloxacine selon les cas.

La personne est considérée comme guérie (et donc non contaminante) une semaine après l’injection.

Un traitement actif sur Chlamydiae doit être systématiquement associé au traitement de la gonococcie.

Si les symptômes réapparaissent ou persistent après le traitement, le médecin peut prélever un échantillon et le mettre en culture pour déterminer si la personne est guérie, et réaliser des tests pour dépister une résistance des gonocoques aux antibiotiques utilisés.

Les rapports sexuels doivent être impérativement protégés pendant toute la durée du traitement ou les patients atteints de gonorrhée doivent s’abstenir de rapports sexuels jusqu’à la fin du traitement pour éviter de contaminer leurs partenaires. Tous les partenaires doivent être traités. Les recontaminations sont possibles.

Le Dr Odile Bagot rappelle que le dépistage sérologique de toutes les IST à savoir : HIV, syphilis, hépatites se fera systématiquement.

Comment prévenir cette pathologie ?

Les rapports sexuels, y compris oraux, doivent être protégés par le port d'un préservatif.

Un test de dépistage est recommandé pour les personnes à risque, ayant des rapports sexuels non protégés ou des partenaires multiples.

Sites d’informations et associations

Haute Autorité de Santé

MSD MANUALS 

Sources

Dr Odile Bagot : auteure de Vagin &Cie, on vous dit tout ! chez Mango.

Sida Info Service