Sébastien Chabal amnésique, qu'est-ce qui peut provoquer une perte de mémoire soudaine ? 

Il a tout oublié. Les matchs, les Marseillaises chantées avant le coup d’envoi et même la naissance de sa fille. Si le rugbyman n’a pas consulté de neurologue pour connaître la cause de son amnésie, les coupables semblent tout indiqués : les chocs provoqués par ce sport à l’origine de commotions cérébrales répétées. Depuis quelques années déjà, des voix s’élèvent - notamment celles d’anciens sportifs de haut niveau - pour mieux anticiper ces risques induits par ses micro-traumatismes réguliers au niveau de la tête, fréquents dans certains sports comme la boxe, évidemment, mais aussi le rugby, le football américain ou le hockey sur glace.

Troubles mnésiques : des micro traumatismes répétés altèrent la mémoire

En Grande-Bretagne, plusieurs joueurs professionnels de rugby ont assigné en justice leur fédération car ils souffrent de démence précoce. Plus surprenant, le football (jeu de balle au pied tout de même) est aussi sur la sellette : une étude publiée en 2023 par la Société de radiologie américaine menée sur de jeunes footballeurs amateurs conclut que les joueurs qui utilisent très régulièrement le jeu de tête ont des risques accrus de dommages cérébraux et de déclin de leurs facultés cognitives. Moins impressionnants que des chocs qui peuvent entraîner une perte de connaissance, ces micro-traumatismes passent souvent inaperçus mais peuvent avoir des conséquences désastreuses. Les commotions cérébrales répétées peuvent endommager durablement le cerveau, en particulier la mémoire, fragile et soumise à des facteurs complexes (physiques, comme un choc, mais aussi psychologiques comme le stress).

Perte de mémoire après un choc : des lésions possibles sur la mémoire à long terme

Un choc avec perte de connaissance va immédiatement alerter. A raison. Les traumatismes crâniens peuvent être graves et entraîner des lésions plus ou moins définitives voire des séquelles qui diffèrent selon la région touchée (troubles de l’équilibre, du langage ou de la vision, difficultés à se concentrer, pertes de mémoire…). Après un traumatisme crânien, la perte de mémoire n’est pas systématique, mais elle est un indicateur de la gravité des lésions. Un accident de la route, un accident domestique ou du travail voire une simple chute peuvent engendrer ce type de traumatisme avec perte de mémoire. Il est ainsi courant d’oublier les heures qui précèdent un accident de la route.

Dans ce type d’amnésie, on perd la faculté, pendant quelques heures, d'enregistrer de nouvelles informations, précise le Pr Mathieu Ceccaldi. Ce qui fait que l’on ne recouvre pas les souvenirs.

Vous l’aurez compris, il n’est pas besoin d’être un sportif aguerri pour souffrir de perte de mémoire, parfois brutales. Tout le monde peut expérimenter ce genre de problématique.

Ictus amnésique (amnésie globale transitoire) : un perte de mémoire soudaine qui n’est pas grave mais impressionnante

Un ictus amnésique (ou amnésie globale transitoire) est une amnésie temporaire qui, la plupart du temps, n’est pas consécutive à une lésion cérébrale visible en imagerie, et qui peut survenir sans qu’il y ait eu un choc crânien. Le mécanisme cérébral de l ’amnésie globale transitoire reste flou. “Un mécanisme de vasoconstriction locale a été évoqué, précise le Pr Ceccaldi neurologue à l’hôpital de la Timone à Marseille, et les facteurs déclenchants sont très divers (effort physique intense, notamment rapport sexuel, émotion forte, changement brutal de température ambiante…) mais un choc psychologique ou un gros coup de stress peuvent parfois constituer le seul facteur déclenchant."

Bien que impressionnante, cette amnésie transitoire est le plus généralement bénigne, transitoire (quelques heures) et sans aucune séquelle. Alain, 61 ans, nous avait raconté sa perte brutale de mémoire (c’est à retrouver ici) qui lui avait valu quelques frayeurs et un passage par les urgences. Heureusement pour lui, sa perte de mémoire était transitoire, et il a pu reprendre le cours normal de sa vie en quelques heures. En revanche, ce qui est oublié le reste.

“Dans ce type d’amnésie, on perd la faculté, pendant quelques heures, d'enregistrer de nouvelles informations, précise le Pr Mathieu Ceccaldi. Ce qui fait que l’on ne recouvre pas les souvenirs. A la différence d’une amnésie consécutive à un traumatisme crânien (dite amnésie post-traumatique), car alors des morceaux de souvenirs peuvent parfois revenir après coup par flashs.”