
Un médicament pour retarder le vieillissement, science-fiction ou réalité ? C’est du moins le souhait de nombreux chercheurs. Dans une étude publiée le 19 mai 2025 dans le Journal of Gerontology, des scientifiques ont examiné la relation entre l'utilisation de la metformine (un antidiabétique oral) et l'allongement de l’espérance de vie chez les femmes ménopausées atteintes de diabète de type 2. Résultat : une augmentation de 30 % d'atteindre l'âge de 90 ans ou plus.
Pour parvenir à leurs résultats, l’équipe de chercheurs du professeur Aladdin H. Shadyab et du professeur Andrea LaCroix, de la Herbert Wertheim School of Public Health and Human Longevity Science et de la School of Medicine de l’Université de Californie à San Diego, a analysé les données de la Women's Health Initiative (WHI), une étude de cohorte américaine avec plus de 30 ans de suivi. Ce qui correspond à un peu plus de 2 400 publications scientifiques explorant les principaux facteurs de santé liés au vieillissement.
Un risque de décès avant l'âge de 90 ans réduit de 30 %
Au total, 161 808 femmes âgées de 50 à 79 ans ont été enrôlées dans les différentes études au milieu des années 1990, dans 40 centres cliniques à travers le pays. Plus de 42 000 participantes, âgées de 78 à 108 ans, sont toujours activement impliquées aujourd’hui.
Leurs conclusions ont montré que l'utilisation de la metformine est associée à un risque de décès avant l'âge de 90 ans réduit de 30 % par rapport à l'utilisation d'une sulfonylurée (un autre antidiabétique oral).
Cette molécule a déjà suscité l'intérêt des scientifiques. « Le traitement à la metformine permet de ralentir le vieillissement accéléré des cellules atteintes de progéria, cette maladie génétique qui entraîne un vieillissement accéléré », expliquait déjà en 2020 sur France Culture le professeur Jean-Marc Lemaitre, directeur de recherche à l’Inserm, co-directeur de l’Institut de médecine régénérative et biothérapies (IRBM) à Montpellier. « Ce n’est pas prendre trop de risques de dire que l’on aura une espérance de vie de 120 ans en 2050 », ajoute-t-il sur France Culture.
Toutefois, dans l'étude actuelle, les auteurs précise que l'antidiabétique oral n'a pas été comparée à un placebo. De futures études sont donc nécessaires pour déterminer le lien avec le rallongement de l'espérance de vie.
Détruire les cellules sénescentes qui nous font vieillir, c’est possible ?
Les recherches pour ralentir le vieillissement ne datent pas d’hier. Le professeur Jean-Marc Lemaitre est l’un des chercheurs de pointe sur cette question en France. En 2011, il a démontré avec son équipe de Montpellier que le vieillissement est un processus réversible.
« On sait aujourd’hui que ce sont les cellules sénescentes qui nous font vieillir. Elles sont toxiques pour notre corps. Il faut donc tenter de les éliminer », assure le spécialiste sur France Culture. « Il a été mis en évidence il y a quelques années aux États-Unis, sur un modèle de souris, que lorsque l’on détruit les cellules sénescentes, on arrive à retarder l’apparition de toutes les pathologies liées à l’âge, comme le cancer, et on augmente la longévité de ces souris de 30 % », ajoute-t-il.
Mais comment les détruire ? Eh bien, avec des molécules appelées : sénolytiques. Il y a d’ailleurs déjà eu des tests sur l’homme dans le cas de l’arthrose.
L’hygiène de vie : la seule fontaine de jouvence actuellement disponible et efficace
Avant d’attendre la molécule miracle, une hygiène de vie stricte est à ce jour la seule fontaine de jouvence disponible. « Ce qui marche le mieux, c’est la restriction calorique. Des études prouvent que l’on vieillit plus lentement et en meilleure santé. Réduire l’apport calorique à chaque repas permet d’augmenter l’espérance de vie de l’ordre de 5 à 15 % », explique, sur Radio France, Xavier Nissan, directeur de recherche à l’Institut des cellules souches pour le traitement et l’étude des maladies monogéniques à l’Université Paris-Saclay.
S’ajoutent une activité physique régulière, un arrêt du tabac, une diminution drastique des boissons alcoolisées et un sommeil régulier, et le tour est joué.