Une étude, dirigée par des chercheurs de la faculté de médecine Schulich de la Western University et Lawson Health Research Institute (Canada) vient d’incriminer le donépézil. Ce traitement est couramment prescrit aux patients souffrant de la maladie d’Alzheimer pour atténuer les effets indésirables.

Le médicament est associé à un "risque deux fois plus élevé d’hospitalisation pour rhabdomyolyse, une condition douloureuse de dégradation musculaire", expliquent les chercheurs. Cette affection relativement grave peut entraîner, à terme, une insuffisance rénale.

Une étude menée sur 220 353 patients soumis au traitement

La maladie d’Alzheimer touche de plus en plus de patients : environ 10 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année dans le monde.

"Le donépézil est un inhibiteur populaire utilisé pour traiter les symptômes de la maladie d’Alzheimer et d’autres démences, expliquent les auteurs de l’étude. Les agences de régulation de plusieurs pays mettent en garde sur un risque possible de rhabdomyolyse avec le donépézil, sur la base d’informations provenant de rapports de cas. Notre objectif était d’étudier le risque d’admission à l’hôpital associé à une rhabdomyolyse pendant 30 jours après la prise et de le comparer à ceux des autres inhibiteurs [utilisés pour traiter la démence, ndlr]".

Les recherches ont été menées entre 2002 et 2017 sur 220 353 patients, âgés de 66 ans ou plus, domiciliés en Ontario (Canada), ayant perçu une nouvelle ordonnance de donépézil, rivastigmine ou galantamine, trois inhibiteurs de la cholinestérases (enzymes qui participent au fonctionnement du système nerveux) pour traiter la maladie d’Alzheimer.

Les résultats sont sans appel : le donépézil était associé à un risque plus élevé d’hospitalisation pour la rhabdomyolyse, comparé à la rivastigmine ou galantamine. Le risque était même deux fois plus élevé.

Rhabdomyolyse : les statines augmentent aussi le risque

La rhabdomyolyse est un syndrome dans lequel les cellules musculaires sont détruites de façon massive. Le risque de rhabdomyolyse est plus élevé chez les personnes âgées ou alcooliques, ainsi que chez celles qui souffrent d’hypothyroïdie ou d’insuffisance rénale. Ces populations doivent être particulièrement suivies.

En outre, un autre traitement couramment prescrit a aussi déjà été associé à la survenue de rhabdomyolyse : les statines. Ces dernières sont les médicaments les plus utilisés pour réduire le taux de mauvais cholestérol (LDL). Dans un communiqué datant de plusieurs années, l’Ansm mettait déjà en garde les patients.

"Toutes les statines sont susceptibles d’entraîner des troubles musculaires, alerte l’Ansm. Un certain nombre de patients présentent des symptômes mineurs de douleurs ou sensibilité musculaire inexpliquée, fatigue musculaire, crampe… ".

Et selon l’agence, environ un patient sur 100 (prenant des statines) développe une rhabdomyolyse. Dans certains cas, cette dernière peut être fatale.

"Elle apparaît en quelques jours, généralement en début de traitement de façon imprévisible", ajoute l’Ansm.

Concrètement si vous prenez du donépézil contre les effets d’Alzheimer ou des statines pour réguler votre cholestérol, et si vous constatez des douleurs ou une perte de tonus musculaire, consultez votre médecin.

Sources

Risk of rhabdomyolysis with donepezil compared with rivastigmine or galantamine: a population-based cohort study, CMAJ, 16 septembre 2019

Mise au point sur les risques musculaires des statines, Ansm, juin 2002

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