Medisite : Lorsque l’on ne trouve pas son médicament en pharmacie, quelle est la bonne attitude à adopter ?

Gilles Bonnefond * : "Tout d’abord, il faut faire confiance à son pharmacien. Lui seul peut trouver une solution en appelant directement le laboratoire, en demandant à d’autres pharmaciens d’être dépanné, ou encore en clarifiant la situation avec les différents intermédiaires. Parfois il y a juste un problème de stock qui n'a rien à voir avec la pénurie : les médicaments se trouvent uniquement au mauvais endroit."

Peut-on acheter des médicaments dans un autre endroit qu'une pharmacie ?

GB : "Surtout pas ! Si vous achetez sur internet ou à l’étranger des médicaments, une fois sur deux vous aurez de la contrefaçon. Le trafic de médicaments est très en vogue, il vaut donc mieux rester prudent. D'ailleurs, sur le web, plus de 50% des sites de pharmacies sont des faux. Ils sont copiés-collés sur les sites authentiques et vous ne pouvez pas voir la différence à l'œil nu."

Est-ce une bonne idée de remplacer certains médicaments par d’autres ?

GB : "De toute évidence, non. Chaque médicament correspond à une posologie bien particulière, les patients doivent donc garder le même traitement en cas de pénurie. La seule exception c’est les génériques qui remplacent parfaitement les médicaments d’origine."

Et du côté des médicaments naturels ?

GB : "Elles ne permettent pas non plus de pallier le manque. Les médicaments naturels n’ont pas du tout la même efficacité. Surtout, cela peut devenir extrêmement grave pour le patient de remplacer, par exemple, son traitement anticancéreux par une huile essentielle."

Comment faire alors pour ne pas subir cette pénurie ?

GB : "Le maître mot pour ne pas subir la pénurie est l’anticipation ! Il ne faut pas arriver le jour J à sa pharmacie en demandant son médicament alors que l’on suit un traitement chronique. Prévoyez plutôt une semaine de battement, particulièrement dans le cas où le médicament est difficile à trouver."

Pensez-vous que ce phénomène va s’éterniser ?

GB : "Non, j’ai bon espoir que ce plan fonctionne. Le plan tel qu’il est préconisé par Agnès Buzyn est de qualité car il va obliger tous les acteurs à devenir transparent dans les pratiques. Les pharmaciens auront enfin accès à des informations. Auparavant, ce n’était pas le cas mais aujourd’hui on remet enfin de l’ordre dans ce secteur."

D'après vous, quel est le plus gros challenge de ce plan ?

GB : "Le plus important est de réindustrialiser l’Europe en matières premières. Être dépendant de la Chine ou de l’Inde au niveau des médicaments met en risque la santé des patients. C’est un secteur économique stratégique, il faut donc le réinvestir, tout en redonnant confiance à chaque maillon de la chaîne. Il est primordial que l'intérêt économique passe en second par rapport à l'intérêt du patient : celui-ci est trop souvent oublié."

Un dernier conseil ?

GB : "Ne faites pas de stocks de médicaments, cela ne sert à rien. La délivrance des médicaments est mensuelle, au-delà ce n’est pas remboursable, et en plus cette pratique aggrave la pénurie. Il faut penser aux autres et rester raisonnable."

* Gilles Bonnefond, pharmacien titulaire à Montélimar, est également membre fondateur de l’USPO depuis 2001. Il entame son second mandat à la tête du syndicat.

mots-clés : Pénurie, Patients, santé
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