"La berbérine est un alcaloïde isoquinoléique présent dans différentes plantes, utilisées dans les compléments alimentaires, décrit aujourd’hui l’agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Ces compléments sont le plus souvent consommés pour réguler la glycémie et/ou la cholestérolémie".

L’Anses a été sollicitée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) afin d’établir les conditions de sécurité d’emploi des compléments alimentaires à base de berbérine. Après avoir fait le point sur les effets sanitaires et notamment sur le profil toxicologique de cette substance, les experts mettent en garde sur ses dangers, avérés à partir de 400 mg/jour chez l’adulte. Ce qui "n’exclue pas que de tels effets puissent intervenir également à des doses inférieures", prévient l’Anses.

"Compte tenu des données toxicologiques disponibles et des concentrations observées dans les compléments recensés, la sécurité d’emploi de ces compléments alimentaires ne peut être à ce jour garantie", conclue l’Agence. L’Anses recommande ainsi des études complémentaires afin de définir une réglementation applicable aux produits à base de berbérine.

Des méfaits sur le système cardiovasculaire, immunitaire et nerveux

L’Anses recommande à certains patients d’éviter tout compléments alimentaires à base de berbérine. "Les enfants, les adolescents, les femmes enceintes et allaitantes et certaines populations à risque", mettent en garde les experts.

L’Agence suggère aussi aux professionnels de la santé d’être vigilants : la berbérine peut interagir avec de nombreux médicaments, ce qui peut compromettre l’efficacité de certains traitements.

"Les données cliniques montrent des effets sur le système cardiovasculaire (effets sur la pression artérielle et sur le rythme cardiaque), nerveux (effets anticonvulsivants, antidépresseurs et analgésiques), immunitaire (effets anti-inflammatoires et immunosuppresseurs) ou encore sur le métabolisme (effets hypoglycémiants et hypolipémiants)", alerte l’Anses.

Concrètement, les conditions d’emploi ne garantissent pas la sécurité du consommateur. l’Anses recommande ainsi de mener d’autres études pour identifier la dose minimale associée à des effets pharmacologiques permettant de définir le statut réglementaire des produits à base de berbérine.

Berbérine : elle peut provoquer des troubles gastro-intestinaux, hypoglycémie et hypotension

L’Anses souligne également que la consommation de compléments alimentaires à base de plantes peut impliquer des troubles gastro-intestinaux, d’hypoglycémie et d’hypotension. "Le risque étant plus élevé pour les enfants, adolescents, les femmes enceintes ou allaitantes, les personnes diabétiques, les personnes souffrant de troubles hépatiques ou cardiaques, il est recommandé à ces populations de ne pas consommer de compléments alimentaires à base de berbérine", ajoute l’Anses.

Interdite et réglementée dans certains pays européens, comme la Belgique

En raison de sa toxicité, la berbérine est actuellement interdite dans certains pays européens. Dans d’autres, elle fait l’objet de restrictions. C’est le cas en Belgique ou une dose journalière maximale a été fixée à 10 mg.

Or, en France, les plantes à base de berbérine sont commercialisées en tant que compléments alimentaires. "Aucune dose journalière maximale en berbérine n’est définie pour ces plantes", déplore l’Anses. Selon leurs experts, l’étiquetage devrait inclure un avertissement sur les dangers de la berbérine.

Sources

Utilisation de plantes à base de berbérine dans les compléments alimentaires, Anses, 25 novembre 2019