

Les épisodes de canicule se suivent et se ressemblent, n’est-ce pas ? Et c’est sans doute parti pour durer, le réchauffement climatique multipliant les températures extrêmes. Si on sait que les plus fragiles sont plus à risque de complications liées à la chaleur, on sait moins que les médicaments que l’on prend peuvent aussi augmenter les risques de déshydratation ou de coup de chaleur, une urgence vitale, surtout pour les plus fragiles, si on n’agit pas rapidement.
Mieux vaut donc bien faire attention avec ses traitements quand il fait chaud et appeler le 15 ou voir son médecin en urgence en cas de suspicion de coup de chaleur.
Les signes du coup de chaleur : il faut agir vite !
Déshydratation et coup de chaleur peuvent être sournois, d’autant que l’on sous-estime souvent le danger. Pourtant les plus fragiles, enfants et seniors mais aussi les personnes souffrant d’une maladie métabolique et a fortiori celles prenant un traitement comme ceux qui sont détaillés dans notre diaporama doivent être encore plus vigilants. En cas de signes d’hypertermie, il faut se rafraîchir par tous les moyens et appeler immédiatement les secours.
Quels signes ? Voici ceux qui doivent alerter :
- Maux de tête,
- Vertiges,
- Sensation de chaleur intense,
- Peau qui devient rouge, sèche, moite ou chaude,
- Troubles du comportement pouvant aller de la somnolence à l’agressivité,
- Démarche titubante,
- Fatigue et une soif intenses,
- Crampes musculaires,
- Nausées ou vomissements,
- Fièvre supérieure ou égale à 40°C,
- Pouls et une respiration accélérés,
- Dans les cas les plus graves, la pression artérielle peut baisser brutalement et le patient se retrouver dans le coma.
Voici la liste (non exhaustive) des médicaments dont il faut plus particulièrement se méfier quand il fait chaud, car ils peuvent aggraver la déshydratation et provoquer un coup de chaleur. Si vous prenez un de ces traitements, n’hésitez pas à en parler avec un professionnel de la santé.
Les médicaments qui déshydratent

Pourquoi c’est embêtant ?
Parce qu’il est primordial de rester bien hydraté pour prévenir malaises et coups de chaleur.
Les coupables ?
Tous les diurétiques (qui augmentent la production d’urine) et les laxatifs (en cas de constipation), mais aussi certains antidiabétiques oraux comme les glifozines ou les antiépileptiques comme le topiramate ou la zonisamide. L’acétazolamide, utilisée en cas de glaucome peut produire les même effets.
Les médicaments moins bien éliminés en cas de chaleur

Pourquoi c’est embêtant ?
Parce que les molécules chimiques qu’ils contiennent et leurs effets secondaires peuvent alors être plus intenses et participer à l'épuisement de l’organisme.
Les coupables ?
Les Sels de lithium (qui régulent l’humeur), certains médicaments pour réguler le rythme du coeur (antiarythmiques, digoxine), certains antiépileptiques, l’insuline et certains antidiabétiques oraux (metformine, sulfamide hypoglycémiants) et enfin certains médicaments pour faire baisser le cholestérol (statines, fibrates) font partie de cette catégorie.
Médicaments qui peuvent perturber le fonctionnement des reins

Pourquoi c’est embêtant ?
Parce qu’il peuvent alors participer à une déshydratation accrue, et aggraver l'épuisement de l'organisme.
Les coupables ?
Tous les anti-inflammatoires, c’est-à-dire les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et l’aspirine (à des doses supérieures à 500 mg/jour). Certains antihypertenseurs, antidiabétiques et antiviraux (indinavir) peuvent aussi être en cause.
Plus largement, tous les médicaments connus pour leur toxicité au niveau du rein par exemple certains antibiotiques (comme les aminosides et les sulfamides), certains immunosuppresseurs (comme la ciclosporine ou le tacrolimus) ou certains produits de contraste iodé utilisés en radiologie, sont visés.
Médicaments qui perturbent la régulation de la température du corps

Pourquoi c’est embêtant ?
Parce que le corps a besoin justement d’un système de régulation le plus performant possible pour s’adapter aux chaleurs élevées.
Les coupables ?
Certains médicaments perturbent le système de régulation de la température centrale (au niveau du système nerveux). C’est le cas de certains neuroleptiques et antidépresseurs, les sels de lithium (en cas de troubles bipolaires), certains antimigraineux (triptans), certains médicaments dans l’anxiété (buspirone), certains médicaments opioïdes (tramadol, dextrométhorphane et oxycodone)
D’autres traitements médicamenteux peuvent perturber la régulation corporelle périphérique (au niveau de la peau et des muscles). Il s’agit de la grande famille des médicaments anticholinergiques, qui limitent la production de sueur. On retrouve dans cette catégorie nombre de molécules différentes appartenant aux antidépresseurs, antihistaminiques, antidouleurs, antispasmodiques, etc.
Certains antimigraineux et vasoconstricteurs (en cas de nez bouché par exemple) peuvent être impliqués, même s’ils n’appartiennent pas aux anticholinergiques.
Médicaments pouvant augmenter la production de sueur

Pourquoi c’est embêtant ?
La sueur participe à la thermorégulation corporelle, mais si elle est artificiellement augmentée, elle augmente le risque de déshydratation.
Les coupables ?
On retrouve ici une catégorie de médicaments appelés parasympathomimétiques. Ce sont certains médicaments utilisés pour augmenter la production de salive (pilocarpine notamment) ou prescrits pour traiter certaines démences (donepezil, galantamine et rivastigmine) ainsi que les Inhibiteurs de la cholinestérase utilisés pour traiter de la myasthénie, une maladie auto-immune rare qui entraîne une faiblesse musculaire.
Médicaments pouvant induire une hyperthermie

Pourquoi c’est embêtant ?
Parce qu’ils peuvent augmenter encore un peu plus la température corporelle.
Les coupables ?
Les neuroleptiques (cela a même un nom, on parle de syndrome malin des neuroleptiques), les hormones thyroïdiennes (quand le traitement est mal équilibré), les agonistes sérotoninergiques (une classe d’antidépresseurs).
Médicaments pouvant aggraver les effets de la chaleur

Pourquoi c’est embêtant ?
Car alors l’organisme n’est plus en capacité de s’adapter aux effets de la chaleur.
Les coupables ?
On retrouve ici deux catégories de médicaments, ceux qui peuvent abaisser la pression artérielle comme les antihypertenseurs et les anti-angineux (prescrits en cas d’angine de poitrine ou angor) et ceux qui diminuent la vigilance et la capacité à adapter son comportement pour lutter contre la chaleur. Dans cette deuxième catégorie, on retrouve, selon l’agence du médicament ceux “qui rendent somnolent ou qui causent des confusions, qui peuvent conduire à oublier de boire davantage d’eau en période de vagues de chaleur”, autrement dit les somnifères et anxiolytiques mais aussi toutes les substances illicites /drogues (amphétamines, cocaïne..).
Ansm, liste des médicaments pouvant diminuer l’adaptation de l’organisme aux vagues de chaleur (2024).
https://www.vidal.fr/maladies/douleurs-fievres/coup-chaleur/que-faire.html