Qu’est-ce qu’une artériopathie oblitérante des membres inférieurs ?

L’artérite des membres inférieurs ou "artériopathie" est une des manifestations de l’athérosclérose caractérisée par le rétrécissement des artères qui apportent le sang et l’oxygène aux membres inférieurs.

L’athérosclérose est un dépôt de lipides dans la paroi des artères (la plaque d’athérome). Elle se traduit par des douleurs dans les jambes (crampes) déclenchées par la marche.

Qu’est-ce qu’une artériopathie oblitérante des membres inférieurs ?© Creative Commons

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En l’absence de traitement, l’artère peut s’obstruer totalement et, dans les cas extrêmes, obliger à l’amputation du membre.

Il existe deux types d'artériopathies :

  • Les artériopathies athéromateuses : lorsque l'athérosclérose touche les artères de la jambe, on parle d'artérite des membres inférieurs (AMI) ou encore d'artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) ;
  • Les artériopathies inflammatoires : la thromboangéite oblitérante, la maladie de Takayasu, l'artérite temporale, la maladie de Behçet et la maladie de Kawasaki. Il s'agit d'affections rares, voire exceptionnelles.

Quelle est la prévalence de ce phénomène ?

Selon Vidal, l’AOMI est largement sous-diagnostiquée. « On estime à près de 40 millions le nombre d'individus atteints sur le continent européen. Cette prévalence aurait augmenté d'environ 25 % entre 2000 et 2010. Rare avant l'âge de 50 ans, la prévalence de l'AOMI augmente de manière exponentielle à partir de 60 ans, pour atteindre les 20 % après 80 ans. »

Quels sont les symptômes de l'artériopathie oblitérante ?

La douleur de l’artérite est caractéristique. Elle survient après avoir marché un certain temps ou une certaine distance. Elle est brutale, toujours du même côté, elle se manifeste le plus souvent comme une crampe du mollet ou de la cuisse.

Elle oblige à l’arrêt de la marche. Elle disparaît rapidement au repos (c’est ce qu’on appelle la claudication intermittente). Eric Toledano, médecin vasculaire, explique : « On peut évaluer un périmètre de marche, c'est-à-dire la distance parcourue avant que la douleur n’apparaisse. Ce périmètre permet d’évaluer la sévérité du retentissement au quotidien (par exemple, périmètre inférieur à 50 m) »

Quelles sont les causes de l’artérite ?

Dans 90 à 95 % des cas, l'artérite résulte de l’accumulation essentiellement de lipides dans certaines artères. Ces dépôts forment des plaques d’athérome au niveau de la paroi interne de l’artère et provoquent une réaction inflammatoire (c’est l’athérosclérose).

L'artériopathie (ou artérite) des membres inférieurs est l'expression au niveau des artères des jambes d'une maladie artérielle diffuse.

Ainsi, les artères des différents organes peuvent être atteintes par l'athérosclérose :

  • les coronaires, au niveau du cœur ;
  • les carotides, au niveau du cou en direction du cerveau ;
  • l’aorte abdominale, ainsi que les artères digestives et rénales ;
  • les artères des membres inférieurs.

Les causes originaires de la maladie sont :

  • un diabète
  • une obésité
  • une hyperlipidémie et hypercholestérolémie
  • le tabagisme
  • la sédentarité

Maladies dont les symptômes sont proches :

L’artérite des membres inférieurs n’est pas la seule cause des douleurs de la marche.

Les varices (dilatations anormales des veines), les phlébites (obstruction des veines par un caillot de sang), les rhumatismes, les inflammations des tendons (tendinites), les inflammations des muscles, la sciatique peuvent être responsables de douleurs de la marche.

Quelques maladies peuvent avoir la même conséquence que l’artérite des membres inférieurs, la diminution de l’apport de sang dans le membre.

Il peut s’agir d’une compression artérielle par un œdème musculaire provoqué par des efforts excessifs et prolongés (syndrome des loges), un épaississement de la paroi d’une artère par du tissu fibreux au niveau de la cuisse (endofibrose artérielle chez les cyclistes), compression d’une artère par l’hypertrophie d’un muscle au niveau du creux du genou (sujets jeunes et sportifs).

Quelles sont les personnes à risque ?

Certaines personnes ont plus de risques que d’autres de développer cette maladie. Certains facteurs favorisent l’artériopathie :

  • Le genre. Les hommes ont quatre fois plus de risque que les femmes de développer une artérite ;

  • L’âge. Dans la majorité des cas, la maladie débute entre 50 et 60 ans ;
  • Le tabagisme. Les artérites liées au tabac comptent pour la moitié des amputations réalisées en France chaque année (soit un peu plus de 3 500) ;
  • Le diabète ;
  • L'hypertension artérielle.

Tous ces facteurs favorisent le dépôt de cholestérol dans la paroi des artères et la formation de la plaque d’athérome.

Ils sont appelés facteurs de risque cardio-vasculaire. Il existe aussi des facteurs de risque d’origine génétique (hérédité).

L’AOMI est-elle contagieuse ?

Il ne s’agit pas d’une maladie contagieuse. Cependant, il s’agit d’une maladie qui revêt un caractère héréditaire. Il est donc important de se faire suivre par un spécialiste pour éviter les complications et prendre cette maladie à temps.

Quelles sont les complications possibles ?

L’évolution de l’artérite des membres inférieurs en l’absence de traitement est progressive.

Les douleurs à la marche surviennent pour des distances de marche de plus en plus courtes.

À un stade plus avancé, les douleurs peuvent même apparaître au repos et la nuit.

Une obstruction de l’artère par un caillot de sang au niveau du rétrécissement de l’artère peut survenir brutalement.

Il s’agit d’une urgence, car le sang ne circule plus dans la jambe. Le risque est la gangrène avec amputation de la jambe.

Quels sont les examens pour diagnostiquer une AOMI ?

Le diagnostic d’artérite peut être évoqué sur un examen clinique simple : la palpation des pouls au niveau des artères des membres inférieurs et l’auscultation des artères qui permet en cas de rétrécissement d’entendre un bruit anormal appelé souffle.

D’autres examens servent à évaluer l’importance du rétrécissement artériel :

  • la pression artérielle au niveau de la cheville est plus basse que la pression artérielle du bras ;

  • l’échographie Doppler des artères des jambes est un examen non douloureux qui permet de voir le rétrécissement (sténose) au niveau de l’artère. Elle évalue le retentissement de cette sténose en mesurant la vitesse du sang dans l’artère.

Il faut ensuite évaluer les autres artères du corps, on réalise :

  • une échographie de l’aorte abdominale (artère principale du ventre) ;

  • une échographie Doppler des vaisseaux du cou.

L’artériographie est un examen radiologique qui consiste à opacifier les artères à l’aide d’un produit injecté dans les vaisseaux.

Elle peut être nécessaire lorsqu’une dilatation ou une intervention chirurgicale est envisagée.

Il faut ensuite faire un bilan des facteurs de risque d’athérosclérose :

  • recherche d’un diabète,

  • recherche d’un excès de cholestérol dans le sang.

Quels sont les traitements de l'artériopathie oblitérante ?

La première étape, essentielle, consiste à prendre la maladie au sérieux et de modifier ses habitudes de vie : arrêt du tabac impérativement, régime pauvre en « mauvaises » graisses, marche quotidienne. La marche est utile car elle développe les petites artères des jambes.

Des médicaments peuvent être utilisés pour dilater les artères (vasodilatateurs) et pour éviter la formation de caillots qui risquent d’obstruer complètement l’artère (antiagrégants plaquettaires). On donne aussi un médicament contre le cholestérol.

Lorsque les symptômes deviennent invalidants, on peut avoir recours à 3 méthodes pour améliorer l’apport de sang au membre. On parle de revascularisation artérielle :

  • la dilatation de l’artère au niveau du rétrécissement à l’aide d’un ballon introduit dans le vaisseau et que l’on gonfle (angioplastie) ;

  • la désobstruction chirurgicale qui consiste à lever l’obstacle en ouvrant l’artère et en plaçant éventuellement une pièce afin d’élargir le vaisseau (endartériectomie) ;
  • l’intervention chirurgicale qui consiste à faire passer le sang au delà du rétrécissement à l’aide d’un tube greffé sur l’artère de part et d’autre du rétrécissement (pontage).

Enfin dans les cas négligés où une gangrène s’est installée, le seul traitement est l’amputation du membre.

Les cures thermales peuvent être aussi d’un bon apport.

Quels sont les traitements de l'artériopathie oblitérante ?© Creative Commons

© CC Licence, Schéma explicatif d'une intervention d'expansion d'une artère coronaire par gonflement in situ d'un ballon Traduction en français de l'illustration du wikipedia en anglais http://www.nhlbi.nih.gov/health/dci/Diseases/Angioplasty/Angioplasty_WhatIs.html National Institutes of Health, https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Diagramme_d%27une_angioplastie_coronaire.jpg

Comment prévenir l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) ?

La prévention de l’artérite des membres inférieurs repose en premier lieu sur une hygiène de vie correcte : un sevrage tabagique, un régime pauvre en graisses saturées (charcuterie, frites, viande grasse...).

Lorsque ces facteurs de risque sont présents, ils doivent être traités de façon efficace.

Par ailleurs, l’exercice physique quotidien (marche) joue un rôle important dans la prévention et le traitement de l’artériopathie des membres inférieurs.

Comment la prévenir ?

Dans tous les cas afin d’éviter l’évolution de la maladie, toutes les mesures de prévention sont indispensables parmi lesquelles il faut insister sur l’arrêt du tabac.

Il en est de même après la revascularisation où un traitement antiagrégant est obligatoire et la marche indispensable.

Ariel Toledano, médecin vasculaire insiste : « il faut plus réaliser un véritable programme de marche et d’exercices quotidiens. Il faut aussi prendre soin de l’alimentation en privilégiant un régime pauvre en graisses. J’ai écrit deux livres pour aider les patients par rapport au régime : Le régime de vos artères chez Marabout et Protégez son système cardio-vasculaire chez Marabout ».

Pour ceux qui n’ont pas été traités par revascularisation, toute aggravation ou modification de la symptomatologie (de la douleur) doit conduire à consulter le médecin.

Le sport plus efficace que la testostérone pour la prévenir ?

Faire de l'exercice est-il le meilleur traitement contre l'artériopathie chronique des membres inférieurs ? C'est en tout cas ce qu'assure une étude australienne publiée le 22 février dernier dans la revue médicale Hypertension. En effet selon l'équipe de chercheurs de la School of Human Sciences de l’University of Western Australia, un programme d'exercice structuré permet d’améliorer la santé artérielle des hommes entre 50 et 70 ans, bien plus que la thérapie de remplacement de la testostérone (TRT).

Comme le rapporte Santé Log, qui relaie l'étude, ces travaux assurent que la thérapie de remplacement de la testostérone peut fonctionner pour augmenter ou maintenir la masse musculaire dans les jambes des hommes souffrant d'artériopathie chronique, mais que faire de l'exercice est préférable pour la santé des artères de ces hommes d'âge moyen ou avancé étant en bonne santé. En pratique, on apprend que le programme de 12 semaines d'excercice physique prévu dans l'étude a permis d'améliorer de manière significative la santé et la fonction des artères des 78 participants, tous âgés de 50 à 70 ans.

Aucun effet de la thérapie par testostérone sur la rigidité artérielle

Les volontaires, présentant par ailleurs des niveaux de testostérone bas à normaux, n'ont bénéficié d'aucun effet bénéfique pour leurs artères de la thérapie par testostérone. Pourtant, "l'augmentation globale de l'utilisation de la testostérone est très importante, en particulier chez les hommes d'âge moyen et plus âgés qui la considèrent comme une hormone réparatrice permettant de booster l'énergie et la vitalité", explique l'auteur principal, le Dr Daniel J. Green, chercheur en physiologie de l'exercice cardiovasculaire à l'Université de Western Australia à Perth.

L'étude révèle donc qu'un exercice physique adapté est bénéfique pour les hommes entre 50 et 70 ans sédentaires et en surpoids qui s'inquiètent d'un risque de crise cardiaque, d'AVC ou de diabète. Si la thérapie de remplacement augmente la masse musculaire dans les jambes, elle n'a aucun effet sur la rigidité artérielle, qui est fortement prédictrice du risque cardiovasculaire.

Sites d’informations et associations

https://www.vasculaire.com/

https://www.has-sante.fr/

https://www.fedecardio.org/

Sources

Ariel Toledano, médecin vasculaire 

Le régime de vos artères, Ariel Toledano, 2009, Marabout

Protègez votre système cardio-vasculaire, Ariel Toledano, 2013, Marabout

https://www.fedecardio.org/