Flavio, 23 ans : Crédit photo : Dorian Cypres

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L’infection invasive à méningocoque ne prévient pas, et son passage laisse des traces visibles et invisibles. Depuis février 2025, 17 cas de cette maladie infectieuse ont été recensés dans la région de Rennes. Une épidémie qui a coûté la vie à une personne. Pour Flavio Da Pozzo, cette actualité réveille en lui un passé douloureux. "Le 30 avril 2019, à 3 heures du matin, j’ai été admis en réanimation dans le coma. J’avais 17 ans", se souvient Flavio.

À cette époque, ce jeune homme originaire de Guadeloupe n’a qu’un seul objectif : devenir footballeur professionnel. "J’ai quitté ma vie de l’autre côté de l'Atlantique pour intégrer le club de l’ASM football de Clermont-Ferrand à l’âge de 15 ans", évoque le jeune homme. "C’est pour ça que je me levais chaque matin depuis tout petit. Je ne rêvais que d’une chose : pouvoir courir sur un terrain du matin au soir et en faire mon métier", ajoute-t-il.

Un rêve qui se brise

Mais la vie en a décidé autrement pour lui. Trois jours avant son admission en réanimation, Flavio commence à ressentir des symptômes grippaux. Courbatures, fièvre, fatigue : des signes, au départ légers, mais qui s’accentuent très vite. "Je me suis dit que c’était un petit virus et que ça passerait", décrit-il. Le lendemain, malgré des symptômes toujours bien présents, Flavio décide de se rendre en cours, puis à l'entraînement de musculation. "J’ai joué comme je pouvais. Mais après le sport, mon corps a commencé à me lâcher."

De retour à l’internat, il prévient le responsable et décide de se rendre chez le médecin. "Le praticien m’a fait un mauvais diagnostic. Pour lui, c’était une hypothyroïdie." Il retourne donc au club, pensant que ça passerait. Un laps de temps qui ne dure pas. "D’un coup, j’ai commencé à vomir, à boiter et à devenir sensible à la lumière." Un autre médecin vient l’ausculter. C’est grave. Flavio tombe dans le coma et est transféré en réanimation.

Des complications qui mènent à l'amputation

Malgré 23 jours d’hospitalisation dans ce service d’urgence vitale, le jeune sportif survit à cette infection foudroyante. Mais pas sans séquelles. "Dès mon arrivée, les médecins m’ont diagnostiqué une septicémie à méningocoque avec un purpura fulminans, et une nécrose des tissus." Sa jambe gauche ne peut être sauvée. "Mes parents ont insisté pour ne pas l’amputer, mais en vain." À la sortie de réa, la jambe ne s'améliore pas. Ce jour-là, le rêve de Flavio de devenir footballeur s'éteint.

Après plus d’un an de rééducation pour réapprendre à marcher avec une prothèse, Flavio décide de réinventer sa vie. "J'ai laissé le temps agir pour faire mon deuil, mais très vite j'ai décidé de rebondir et de vivre comme si j'avais toujours mes deux jambes."

Une nouvelle vie à reconstruire

Il passe alors son baccalauréat, une licence en STAPS, et aujourd'hui il analyse les matchs de son ancien club. "Parallèlement à mon métier d'analyste vidéo, j'ai passé mon diplôme pour devenir entraîneur et j’ai fondé mon associationthoughtbyflaviodapozzo pour accompagner les jeunes sportifs en situation de handicap, avec pour objectif de sensibiliser aux maladies rares."

Son prochain projet : les Jeux paralympiques de Los Angeles en 2028. "J’ai essayé ma première lame de course en 2022, ça a marché. Aujourd'hui, je mets toute mon énergie dans la pratique du saut en longueur et du 100 m", se réjouit Flavio.

Cette expérience laisse toutefois des traces psychologiques qui pourraient être évitées grâce à la prévention. "Le calendrier vaccinal a été mis à jour, et c'est très bien, mais je pointe du doigt le manque d’activité des différentes ARS, HAS et du gouvernement. Les campagnes de prévention ne devraient pas se faire uniquement dans les collèges. Tous les clubs sportifs devraient être intégrés."

Selon Santé publique France, 616 cas d’infection invasive à méningocoque ont été déclarés en 2024. C’est plus de 10 % par rapport à 2023.