Burn-out : Image d'illustrationIstock

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Avant ce jour de 2015, d’un point de vue extérieur, la vie d’Isabel semble être une réussite : propriétaire d’un appartement à Londres, voyages aux quatre coins du monde, une carrière professionnelle où elle s'épanouit. Sur le papier, rien ne laisse entrevoir la descente aux enfers qui va suivre. "Je me suis réveillée un matin complètement KO, sans voix, ni énergie, et sans savoir quoi faire", se souvient la jeune femme.

À cette époque, Isabel est vice-présidente d’une entreprise de finance londonienne. Ses journées commencent avant le lever du soleil pour se terminer quand celui-ci éclaire un pays lointain. La pression constante que son statut lui impose, les heures de travail à rallonge, le décalage horaire et les nuits en hôtel conduisent silencieusement cette femme d’affaires dans un vide cognitif. "J’avais une vie sociale et professionnelle très active avec beaucoup de voyages toutes les semaines à l’international. J’avais mon propre fuseau horaire", raconte Isabel.

"Je vivais dans une bulle, en plein cœur d’une grande ville, à me concentrer uniquement sur ma carrière, et du jour au lendemain, je me retrouve confrontée de plein fouet à la maladie et à la vieillesse de mes parents"

Un matin de 2015, son téléphone sonne. Au bout du fil, sa mère vivant dans un petit village enfoui dans les montagnes portugaises. "L’état de santé de mon père se dégrade. Ma mère est en larmes et démunie. Je dois les rejoindre." Dans son emploi du temps qui laisse peu de place à l’imprévu, s’ajoutent des allers-retours au Portugal pour soutenir ceux qui lui ont tout appris. "Ce rythme de vie devenait ingérable. Mes frères ne m’aidaient pas. J’ai donc pris la décision de prendre une année sabbatique", témoigne-t-elle.

Vide cognitif et sentiment d’épuisement

Son quotidien de femme d’affaires prend alors une autre tournure. "Je vivais dans une bulle, en plein cœur d’une grande ville, à me concentrer uniquement sur ma carrière, et du jour au lendemain, je me retrouve confrontée de plein fouet à la maladie et à la vieillesse de mes parents", raconte-t-elle d’une voix tremblante. Ce choc la conduit tout droit dans les limbes de l’oubli. "Mon corps a commencé à se manifester le jour où je lui ai laissé la possibilité de s’exprimer", livre Isabel.

Les premiers symptômes se sont peu à peu installés : perte de mémoire, sentiment d’épuisement, vide cognitif… "J'avais la sensation de vivre avec un nuage dans la tête. Mon corps ne souhaitait qu’une chose : dormir", s’exprime-t-elle.

Un diagnostic inattendu

Après un long passage dans le vide, elle prend la décision de s’installer définitivement au Portugal et de faire une croix sur sa carrière. De femme d’affaires, elle se transforme en auxiliaire de vie. "Malgré cette fatigue intense, je m’occupais de mes parents du matin au soir". Une situation qu'elle ne regrette pas. "Cette décision m’a permis d’ouvrir les yeux sur ce qui est vraiment important", raconte-t-elle.

En 2017, l’état de santé d’Isabel se dégrade. Son médecin met enfin un mot sur ses symptômes : "Madame, vous faites un burn-out", se souvient-elle. "On parlait encore peu de cette maladie à l’époque. Je ne comprenais pas pourquoi mon corps décidait de me lâcher à ce moment-là, alors que je ne travaillais plus comme avant. Je n’avais juste pas été attentive aux signes, pensant que c’était juste de la fatigue accumulée."

Une reconstruction centrée sur l’hygiène de vie

La reconstruction d’Isabel débute lors de cette rencontre avec ce médecin. Pour lui, les antidépresseurs ne résoudront pas le problème de cette quinquagénaire. Il lui propose de se concentrer sur son deuxième cerveau : les intestins. "Il m’a prescrit des compléments alimentaires et m’a fait une liste des aliments à privilégier et de ceux à bannir de mon alimentation", explique-t-elle.

Parallèlement, elle débute diverses activités telles que la marche dans la région natale de ses parents, la méditation et le yoga. Des loisirs qui lui permettent de se concentrer sur son corps et d’apprendre à l’écouter. "J’ai très rapidement observé des changements. Je dormais mieux, avec un vrai sommeil réparateur", exprime-t-elle. Ses difficultés de concentration et de mémorisation s'estompent. "Je ne retrouverai pas les acquis obtenus dans mon expérience professionnelle, mais mon disque dur interne se remet doucement à pouvoir garder en mémoire des informations", explique Isabel.

Ce virage à 360 ° lui permet d’ouvrir les yeux sur le monde toxique dans lequel elle vivait. "La dégradation de l’état de santé de mes parents m’a permis d’ouvrir les yeux sur notre façon de vivre, qui va à l’encontre de ce dont notre corps a besoin. Aujourd’hui, je veille à conserver un équilibre entre ma nouvelle vie professionnelle et ma vie personnelle, tout en conservant ce lien que j’ai fraîchement tissé avec la nature."

Sources

Interview avec Isabel