Les 7 idees recues sur l-intolerance au lactose !

Longtemps, le lait a été perçu comme un aliment sain, symbole de force et de croissance. Aujourd’hui, il divise. Dans les rayons, les briques "sans lactose" se multiplient. Sur les réseaux, les influenceurs alertent : le lactose serait "inflammatoire", voire "toxique". Résultat : certains retirent les produits laitiers sans même savoir s’ils y sont réellement sensibles. Ce phénomène tient autant à la médiatisation du sujet qu’à un vrai malaise digestif de plus en plus répandu, mais pas forcément lié au lactose.

Peut-on accuser le lactose de tous les maux digestifs ?

C’est une tentation fréquente, mais rarement justifiée. Ballonnements, douleurs, gaz, transit perturbé… Ces symptômes peuvent effectivement être liés à une mauvaise digestion du lactose. Mais dans la majorité des cas, d’autres éléments sont en cause. Une alimentation riche en plats industriels, la sédentarité, le stress chronique ou encore les FODMAPs (des sucres naturellement présents dans de nombreux aliments) peuvent suffire à déséquilibrer le système digestif. Pointer du doigt le lactose sans analyse approfondie revient à traiter un mal de tête avec des lunettes : ça peut soulager, mais ce n’est pas toujours la bonne cause.

Est-ce qu’on peut devenir intolérant au fil du temps ?

Oui, mais là encore, les choses sont plus complexes. Ce que l’on appelle "intolérance au lactose" provient d’un ralentissement naturel de la production de lactase, cette enzyme qui permet de digérer le lactose. Avec l’âge, il est courant de constater une digestion plus lente ou plus capricieuse de certains produits laitiers. Mais cela ne veut pas dire que tout doit être banni. Beaucoup de personnes tolèrent encore très bien les fromages affinés ou les yaourts sans aucun symptôme. Il s’agit souvent d’une adaptation personnelle plus que d’une pathologie à diagnostiquer.

Le lactose est-il caché dans d'autres aliments que le lait ?

Oui, et c’est souvent là que le bât blesse. Le lactose n’est pas réservé aux produits laitiers bruts. On le retrouve, à des doses variables, dans certains plats préparés, soupes en poudre, charcuteries industrielles ou même dans certains compléments alimentaires. Il ne s’agit pas de tomber dans la paranoïa, mais plutôt d’être informé. Pour une personne vraiment intolérante, cette présence diffuse peut être source d’inconfort. Pour les autres, ces traces sont généralement sans conséquence. Un simple regard sur la liste des ingrédients permet souvent d’y voir plus clair.

Pourquoi certains digèrent-ils le lait sans souci, et d’autres pas du tout ?

C’est en grande partie une affaire de génétique. Dans les pays nordiques, plus de 80 % des adultes continuent de produire de la lactase toute leur vie. En revanche, en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud, cette enzyme décline plus rapidement après l’enfance. Ces différences ont un fondement évolutif : les populations ayant historiquement domestiqué le bétail ont développé une meilleure tolérance. Ce qui veut dire qu’au sein d’un même pays, et même d’une même famille, deux adultes peuvent avoir une tolérance très différente au lactose, sans que cela soit inquiétant.

Alors pourquoi autant de confusion autour du lactose ? Sans doute parce que les discours alarmistes circulent plus vite que les faits, et que l’on confond souvent "mauvaise digestion", "intolérance" et "effet de mode". Pour y voir plus clair, faisons le tri entre les idées reçues et la réalité scientifique. Voici les 7 contre-vérités les plus courantes sur l’intolérance au lactose et pourquoi elles ne tiennent pas vraiment la route.

On est tous intolérants au lactose, c’est génétique

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female gesturing stop or say no to drink milk lactose intolerance, food allergy concept closeup

Pas vraiment. Oui, il est vrai qu’environ 70 % de la population mondiale voit son activité lactasique diminuer avec l’âge (Looijesteijn et al. 2023, étude publiée dans The American Journal of Clinical Nutrition). En clair, notre capacité à digérer le lactose peut baisser naturellement au fil du temps.

Mais ce n’est pas pour autant qu’on est tous intolérants. Comme le précise le site Ameli, ce n’est pas parce qu’on digère un peu moins bien qu’on développe automatiquement des troubles digestifs. L’intolérance n’existe que s’il y a des symptômes. Sinon, c’est juste une adaptation de l’organisme, pas une maladie.

Le lactose est mauvais pour la santé.

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milk

Non, sauf si vous êtes vraiment intolérant. Le lactose, c’est simplement le sucre naturel du lait. Rien de diabolique en soi. Si vous produisez encore assez de lactase, vous le digérez très bien.
Ce genre de discours alarmiste fleurissent sur les réseaux sociaux, où les produits laitiers sont souvent cloués au pilori. Mais comme le rappelle le diététicien Jérémy Gorsky (@menthe_banane), ce n’est pas parce que le lactose fait débat qu’il devient automatiquement toxique : « s’il n’y a pas de symptômes, il n’y a pas d’intolérance ».

Il faut arrêter tous les produits laitiers au moindre doute

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assorted of dairy product with milk, butter, cheese

Attention, c’est une fausse bonne idée. Ressentir un inconfort digestif après un repas ne signifie pas forcément que le lactose est en cause. Il peut s’agir d’un excès de gras, de stress, d’un syndrome de l’intestin irritable ou d’autres sucres mal digérés (les fameux FODMAPs).
C’est pour ça qu’Ameli déconseille vivement de se lancer seul dans des exclusions alimentaires. Se priver de tous les produits laitiers sur simple intuition, c’est prendre le risque de masquer un autre souci, parfois plus sérieux, comme le rappelle aussi Jérémy Gorsky.

Un yaourt ou un fromage, c’est comme un verre de lait

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portrait of smiling retried woman enjoying yogurt as healthy snack in home kitchen

Pas du tout. Tous les produits laitiers ne se valent pas en matière de lactose. Les fromages affinés (type comté, parmesan, gruyère) et les yaourts en contiennent très peu, voire pas du tout. Pourquoi ? Parce que le lactose est dégradé naturellement pendant la fermentation.

Selon le collectif scientifique Yogurt In Nutrition, les ferments présents dans les yaourts aident même à mieux digérer le lactose. Résultat : certaines personnes intolérantes peuvent très bien les consommer sans problème.

Il faut supprimer tout le lactose si on est intolérant

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senior man drinking a glass of milk with a happy face standing and smiling handsome senior man drinking a glass of fresh ...

Pas nécessairement. L’intolérance au lactose n’est pas une condamnation à vie à l’eau tiède et aux carottes râpées. Elle est dose-dépendante : plus vous en consommez, plus vous risquez de réagir. Mais en petite quantité, ça peut très bien passer.

Une méta-analyse (Corgneau et al. 2017, une méta-analyse publiée dans Critical Reviews in Food Science and Nutrition)montre d’ailleurs que jusqu’à 12 g de lactose par jour (l’équivalent d’un verre de lait) peuvent être tolérés par bon nombre de personnes intolérantes. D’où l’intérêt d’apprendre à connaître son propre seuil de tolérance au lieu de tout supprimer d’un coup.

Le lait sans lactose est meilleur pour la santé

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vegan, plant based, non dairy milk variety in milk bottles with ingredients above view over a white marble background

Pas vraiment. Il est juste utile quand on est réellement intolérant. Ce lait a subi une petite modification : on y a ajouté l’enzyme lactase pour que le sucre soit déjà "pré-digéré". Résultat : il est plus digeste pour ceux qui manquent de lactase.

Mais pour les autres, il n’y a pas de bénéfice particulier. Comme le rappelle Yogurt In Nutrition, sa composition reste la même que celle du lait classique : calcium, protéines, vitamines… Il n’est donc ni plus sain ni plus complet, juste plus adapté dans un cas précis.

Si je pense que le lactose me fait mal, c’est que c’est vrai

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lactose intolerance dairy intolerant woman refuses to drink milk

Pas toujours. Ce que vous ressentez est réel, bien sûr. Mais parfois, ce n’est pas le lactose le coupable. C’est le cerveau.

Des études sur le gluten ont montré que le simple fait de croire qu’un aliment est nocif peut suffire à déclencher des symptômes physiques, même si l’organisme ne réagit pas biologiquement. C’est ce qu’on appelle l’effet nocebo.
Jérémy Gorsky le souligne très bien : « des personnes se créent des symptômes par peur d’ingérer du gluten. Si le cerveau réagit pour le gluten, il fonctionne pareil avec le lactose. » D’où l’importance de ne pas tirer de conclusions trop hâtives sans avis médical.

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