Diabète : comment l'activité physique aide à stabiliser la glycémieIstock

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Dans un contexte où la sédentarité progresse de manière préoccupante, l’activité physique se révèle plus que jamais essentielle, notamment pour les personnes atteintes de maladies chroniques comme le diabète. Et si le mouvement pouvait non seulement améliorer la qualité de vie, mais également alléger le traitement du diabète, voire espacer les injections d’insuline ? C’est une perspective que nous avons explorée avec Anis Nasr, coordinateur en activité physique adaptée (APA) au sein du réseau de santé MDOC et membre actif de la Société Francophone du Diabète (SFD) Paramédical. Pour lui, l’activité physique constitue une pierre angulaire dans la prise en charge globale des patients : "Elle fait partie intégrante du traitement. C’est une thérapie non médicamenteuse à part entière."

Le sport : un axe thérapeutique à part entière en cas de diabète

En France, près de 4 millions de personnes vivent avec un diabète, dont une majorité de type 2. Pour ces patients, bouger régulièrement permet non seulement de mieux contrôler la glycémie, mais aussi de prévenir les complications, notamment cardiovasculaires et neurologiques. “L’activité physique agit comme un traitement préventif à part entière”, insiste notre expert. Une constatation soulignée par la Haute Autorité de Santé, affirmant que l'activité physique est reconnue comme une composante essentielle du traitement du diabète de type 2. Elle ne se limite pas à un simple conseil hygiéno-diététique, mais constitue une véritable thérapie non médicamenteuse, complémentaire aux traitements pharmacologiques. “Une activité physique régulière en endurance, en renforcement musculaire, ou l’association des deux améliore les 5 facteurs de risque de progression de la maladie diabétique”, appuie l’organisme.

Comment l'activité physique agit-elle sur la glycémie ?

Lorsqu’un patient diabétique fait du sport, son corps utilise davantage le glucose présent dans le sang pour produire de l’énergie. Plus intéressant encore : l’activité physique stimule naturellement la production de GLUT-4, une protéine qui facilite l’entrée du glucose dans les cellules musculaires, exactement comme le fait l’insuline injectée. Résultat : une meilleure sensibilité à l’insuline, qui peut durer 2, 4, 24… voire même 48 heures après l’effort. "J’ai vu des patients type 1 ou 2 espacer leurs injections ou réduire leurs doses grâce à une pratique régulière", témoigne le coordinateur APA.

Le combiné : une approche sur mesure pour les patients diabétiques

Tous les exercices n’ont pas le même impact. Asnir Nasr souligne que les patients diabétiques ont la recommandation de faire du “combiné”, u n mélange de plusieurs disciplines sportives : aérobie, renforcement musculaire, et étirements. “L’activité aérobie comme la marche rapide, la natation ou le vélo aide à faire baisser la glycémie. En revanche, le renforcement musculaire, lui, peut provoquer une légère hausse passagère due à la libération d’adrénaline”, explique-t-il. D’où l’importance de bien adapter la séance à son état glycémique du moment ! “Le programme Activ’, mené à l’hôpital Cochin à Paris, a démontré que trois mois d’activité physique encadrée permettaient une baisse significative de la glycémie chez les patients diabétiques, avec moins d’épisodes d’hypoglycémie et une amélioration du bien-être général”.

Les capteurs de glucose : une révolution thérapeutique

Les capteurs de glucose en continu, devenus plus accessibles ces dernières années, changent la donne.En rendant visibles les variations glycémiques en temps réel, ces dispositifs favorisent la compréhension du lien entre activité physique et régulation métabolique. « C’est un outil formidable de motivation », confie Anis Nasr. « Une patiente m’a dit un jour, avec émotion, qu’elle se sentait enfin libre grâce à la stabilisation de sa glycémi e. » Ces capteurs permettent aussi d’ajuster le type d’activité en fonction des données en temps réel : aérobie si la glycémie est élevée, renforcement si elle est stable. Cela s’inscrit dans la pédagogie du ressenti corporel que développent les professionnels en éducation thérapeutique du patient (ETP), pour favoriser l’autonomie.

Diabète : à quelle fréquence faire du sport ?

Bonne nouvelle : nul besoin de s’épuiser en salle de sport pour obtenir des résultats. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande au moins 150 minutes d’activité physique modérée par semaine, et ce, que vous soyez diabétique ou non, soit 30 minutes par jour, cinq jours sur sept.

Les séances peuvent aller de 30 minutes à 1h15, combinant idéalement exercice aérobie, renforcement musculaire et mobilité/stretching, pour un effet global sur la santé et la glycémie. "Il faut aussi réhabiliter les gestes du quotidien : prendre les escaliers, marcher pour aller chercher le pain, sortir le chien... Tout cela compte." Pour en savoir plus, n'hésitez pas à consulter notre article sur nos idées pour bouger sans faire de sport.

Pour les patients nécessitant un accompagnement spécifique, les enseignants en activité physique adaptée peuvent intervenir en lien avec les professionnels de santé. "L’objectif n’est pas de se substituer aux traitements, mais de les renforcer, dans une dynamique durable et motivante."

Sources

https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-10/ref_aps_dt2_vf.pdf 

https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/physical-activity