close up of woman washing her body with soapAdobe Stock
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© IstockLes Français ont peut-être la réputation d’être sales, mais les chiffres disent autre chose : chaque seconde, il s’écoulerait près de six flacons de gel douche et 3,3 kilos de savon dans l’hexagone. Si le premier est le leader incontesté des produits d’hygiène corporelle, sa cote de popularité baisse petit à petit depuis les polémiques autour des ingrédients indésirables que l’on retrouve régulièrement dans les cosmétiques. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes se tournent alors vers le naturel et notamment le savon, qui redevient tendance.

Un savon, c’est quoi ?

Mais qu’est-ce que l’on entend exactement par le terme "savon" ? Celui-ci ne se résume pas à son état physique. Il en existe plusieurs types :

- Le savon solide : "Il résulte d’une réaction chimique que l’on appelle la saponification, explique Christine Lafforgue, dermo-pharmacologue. Elle fait agir de l’huile végétale et une base, c’est-à-dire de la soude ou de la potasse." Exemple : le savon de Marseille, qui contient de l’huile d’olive et de la soude. Le savon peut également être retrouvé à l’état liquide et, dans ce cas, contient de l’eau.
- Le syndet, ou "synthetic detergent" : on le trouve également sous le nom de pain dermatologique ou savon sans savon, sous forme solide ou liquide. "Il contient des tensioactifs chimiques : ce sont des molécules de synthèse qui lavent, moussent. Son pH [c’est-à-dire son niveau d’acidité] est réajusté pour se rapprocher de celui de la peau." Il est donc préconisé pour les peaux fragiles, sèches ou grasses.

Seulement deux ingrédients : Fabriqué dans les règles de l’art, le savon solide constitue l’alternative la moins artificielle car il n’est composé que de deux ingrédients, dont un complètement naturel.

Raison n°1 : Le savon est moins dangereux pour la santé

Raison n°1 : Le savon est moins dangereux pour la santé© IstockC’est justement cette liste d’ingrédients qui préoccupe de plus en plus de consommateurs lors de l’achat d’un produit cosmétique. Selon Catherine Gaucher, "plus il y a d’ingrédients, plus le risque est grand d’en avoir au moins un qui pose problème". Et par "problème", on entend perturbateurs endocriniens, substances allergisantes, irritantes ou encore cancérogènes. En 2017, UFC-Que Choisir alertait du fait que plus de 1000 produits cosmétiques contenaient des substances indésirables dont certaines carrément interdites dans le cadre de la réglementation fixée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

Ces molécules toxiques peuvent se retrouver dans plusieurs composants des produits cosmétiques contenant de l’eau, notamment les conservateurs, tels que les parabènes, qui empêchent le développement des bactéries : "Un savon solide n’a pas besoin de conservateurs puisqu’il ne contient pas d’eau, contrairement au gel douche. Or, les conservateurs industriels, dérivés de l’industrie du pétrole, sont presque tous des perturbateurs endocriniens ou des allergisants. Et tout ce qui est dérivé des produits de l’industrie pétrochimique est potentiellement cancérogène."

De plus, "le savon laisse moins de mousse que le gel douche, souligne Christine Lafforgue. La mousse n’est pas idéale car elle peut être irritante." En effet, les agents moussants, appelés tensioactifs, sont la plupart du temps sulfatés, ce qui agresse la peau. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, "plus de mousse" ne signifie pas "mieux lavé". Pour le Dr Gaucher, "la mousse, c’est surtout agréable et vendeur !"

Côté bio, les adeptes devraient là aussi être particulièrement attentifs aux étiquettes. "Les gels douche bio sont en effet moins irritants que les classiques. Au lieu d’utiliser des produits sulfatés et souvent chimiques, ils utilisent des produits tirés des végétaux qui sont soit des glucosides (dérivés du glucose), soit des acides glutamates (tirés du blé, du glucose et du saccharose). Cependant, ils ne dispensent pas de mettre un conservateur puisqu’il y a de l’eau, donc tout dépend de sa nature. Si c’est juste du citron, ça va. Mais dans tous les cas, plus il y a de substances, plus il y a de risques d’allergies." Et à ceux qui pensent avoir trouvé le bon compromis avec le savon liquide, Catherine Gaucher explique : "il contient de l’eau donc il oblige à mettre un conservateur à l’intérieur, ce qui rajoute là encore un ingrédient susceptible de dessécher la peau et de provoquer des réactions allergisantes."

Les personnes particulièrement sensibles à ces substances problématiques sont celles souffrant de maladies de peau telles que l’eczéma, le psoriasis ou la dermite séborrhéique, les personnes à peau fine car très réactives, et les bébés et les jeunes enfants "dont le système immunitaire cutané n’est pas encore terminé (avant 5 ans)".

Raison n°2 : Le savon pollue beaucoup moins l’environnement

Raison n°2 : Le savon pollue beaucoup moins l’environnement© IstockSi les gels douche sont pointés du doigt, c’est aussi à cause de leurs effets néfastes sur l’environnement. Certaines substances qui entrent quasiment de manière systématique dans leur composition, telles que les sulfates, les tensioactifs et les silicones, ne sont pas ou peu biodégradables. L’impact environnemental de la cosmétique est bien réel et ne doit pas être négligé pour certains, qui adoptent désormais des produits naturels.

Un autre point que marque le savon, c’est son assurance "zéro déchet", puisqu’il est, la plupart du temps, vendu sans emballage carton ou plastique.

Mais peut-on réellement décerner la Palme d’Or du meilleur produit d’hygiène au savon que l’on pense exempt de toute substance polluante ? "Presque, affirme Catherine Gaucher. La soude et la potasse qu’il contient sont polluantes, mais cela reste minime à côté des gels douche !"

Raison n°3 : Le savon est économique

Raison n°3 : Le savon est économique© IstockQuand on sait que 490 millions d’euros de gel douche sont vendus en France chaque année avec un prix moyen compris entre 2 et 3€ pour un flacon qui nous dure environ un mois, on peut dire que ce produit d’hygiène représente un véritable coût ! De son côté, le savon ne représente que 18% de la consommation totale du secteur des produits de bain et de douche. Mais ce faible pourcentage ne démontrerait-il pas justement son intérêt économique ?

En effet, "le pain de savon peut durer plusieurs mois et se conserver des dizaines d’années, indique le Dr Gaucher. Il existe même des shampoings en pain ; ceux-là peuvent nous durer un an." Le seul conseil de conservation à appliquer pour profiter au maximum de ses effets ? Bien le sécher après chaque utilisation, pour éviter la prolifération de bactéries.

Raison n°4 : C’est facile à transporter

Raison n°4 : C’est facile à transporter© IstockLe côté pratique du savon solide n’est pas à négliger : il s’emmène facilement partout. Plus de problèmes au moment de passer les contrôles à l’aéroport par exemple. Certes, il existe aujourd’hui des flacons de voyage permettant de transporter le gel douche dans nos bagages à main en avion, mais ces derniers nous limitent à 100 malheureux millilitres. Le savon, lui, pourra être utilisé sans modération et ne prendra que très peu de place !

Comment bien choisir son savon ?

Comment bien choisir son savon ?© IstockSi le savon semble n’avoir que des atouts, il est important de le choisir avec précaution. Tous les savons ne se valent pas.

- Pour l’hygiène corporelle, Catherine Gaucher préconise "le savon de Marseille ou d’Alep, qui contiennent tous les deux 72% d’huile d’olive". Ce pourcentage est d’autant plus important qu’il permet de repérer les contrefaçons, potentiellement néfastes pour notre peau. "Le savon est par nature un peu irritant par la potasse ou la soude avec laquelle il est fabriqué mais si l’on fait un savon à 72% d’huile végétale, il l’est alors nettement moins qu’un gel douche. S’il dessèche la peau, c’est que l’on n’utilise pas la vraie formule !"

Il est donc là aussi important de bien lire la composition du savon avant l’achat, car celle-ci peut révéler d’autres surprises. "Bien sûr, les savons peuvent contenir des tensioactifs, des allergènes comme les parfums, des silicones ou des conservateurs si les fabricants en ont ajouté." Qu’ils soient naturels ou synthétiques, ces additifs ne font que rallonger la liste d’ingrédients et donc celle des potentiels risques pour la peau qui leurs sont imputés.

Mais un savon qui respecte la formule originale de fabrication est-il fait pour tous les types de peau ? Quasiment : "Certaines peaux, comme celle des grands atopiques ou eczémateux par exemple, ne supportent aucun savon, ni aucun dégraissant quel qu’il soit. Seule l’huile est tolérable, et nécessite un rinçage abondant à l’eau si possible peu calcaire." En cas de problèmes de peau moins graves, préférez alors un pain dermatologique ou un savon surgras (pour restaurer le film hydrolipidique de la peau).

Sous la douche, quel est le comportement à adopter ?

Sous la douche, quel est le comportement à adopter ?© IstockOn a tendance à l’oublier, mais l’eau, c’est ce qui dessèche principalement la peau : "comme tous les liquides, précise le Dr Gaucher, car ils favorisent l’évaporation de l’eau contenue dans nos tissus. Nous sommes constitués de 75 à 80% d’eau." Ainsi, la fréquence de lavage dépend de la peau de chacun : "Les peaux fines – comme celle des bébés par exemple – doivent être lavées moins souvent que les peaux épaisses. Les peaux sèches doivent être lavées moins souvent que les peaux grasses", car plus réactives.

Toutefois, "le grand décapage", c’est-à-dire des lavages trop fréquents et vigoureux à l’aide de produits particulièrement abrasifs, n’est pas utile fait remarquer le Dr Lafforgue. Au contraire, cela desservirait à la peau : "Des gels douche ou des savons trop agressifs éliminent tous les lipides à la surface de la peau et quand on se décape trop, ce qu’elle fait pour se défendre, c’est du gras." Un cercle vicieux va alors se mettre en place : les peaux grasses graisseront davantage, les peaux sèches deviendront encore plus sèches. Le film hydrolipidique, qui protège notre peau et détermine son pH, sera alors déstabilisé.

C’est également pour ces raisons que les professionnels s’accordent à dire que la peau du visage, particulièrement fragile, ne devrait être lavée avec aucun détergent : de l’eau suffit pour la nettoyer. Dans tous les cas, que ce soit sur la peau du visage ou celle du corps, une crème adaptée doit être appliquée "pour empêcher l’évacuation de l’eau qui s’y trouve naturellement", affirme Catherine Gaucher.

Au niveau des muqueuses, "le pH est légèrement alcalin avec une flore particulière, explique Christine Lafforgue. Les bacilles qui vivent sur la muqueuse vaginale sont très importantes à respecter, sinon la muqueuse va être asséchée, ce qui va entraîner une irritation importante." "Il faut faire attention à ne pas utiliser trop longtemps d’affilée un produit à pH acide, rajoute Catherine Gaucher, c’est-à-dire inférieur à 7, car il favorise le développement des candidoses." Dans ce cas, mieux vaut se tourner vers des produits spécifiques pour les muqueuses : "Les laboratoires en font des très intéressants, qui respectent le pH."

Sources

Dr Catherine Gaucher, médecin dermatologue homéopathe à Paris

Christine Lafforgue, Présidente de la Société Française de Cosmétologie

"Consommation de savon en France". Planetoscope.

"Consommation de gel douche en France". Planetoscope.

"Substances indésriables dans les cosmétiques - plus de 1000 produits épinglés !". Que Choisir. 7 juin 2017.

Vidéo : Douche : pourquoi vous ne devez plus faire ça !

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