Pourquoi les femmes doivent-elles être plus vigilantes avec le cancer de la vessie ?Istock

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“Urine rouge, on se bouge”. C’est le slogan de la campagne de prévention contre le cancer de la vessie, lancée par l’Association Française d’Urologie. Ce mois de mai 2025 est dédié à la sensibilisation autour de cette maladie, encore trop méconnue. “Pourtant, il s’agit du quatrième cancer le plus fréquent dans le monde !”, déplore le Dr Benjamin Pradère, urologue.

Malgré des progrès très importants dans sa prise en charge, le cancer de la vessie touche chaque année jusqu'à 20 000 nouvelles personnes , et fait 5000 nouvelles victimes en France. D’où l’importance cruciale d’un dépistage précoce, surtout pour les femmes.

Un cancer plus grave chez les femmes

En effet, le cancer de la vessie est souvent plus grave chez les femmes que chez les hommes. Le spécialiste l’explique car la maladie est souvent diagnostiquée plus tardivement chez elles, à un stade où les chances de survie peuvent être nettement réduites. “En effet, quand la tumeur a déjà atteint le muscle de la vessie, le taux de mortalité à cinq ans grimpe à 50 %. Alors que lorsqu’il est détecté à un stade précoce, avant l’atteinte musculaire, ce même taux de mortalité à cinq ans est de moins de 20 %“ ajoute-t-il.

Des symptômes trompeurs

Comment expliquer cette différence ? Le problème concerne les signes, qui sont souvent ignorés chez les femmes. En effet, les premiers symptômesdu cancer de la vessie sont souvent confondus avec ceux de la cystite , une infection urinaire bénigne mais fréquente. Parmi les symptômes communs : envie fréquente d’uriner, douleurs à la miction, ou encore sang dans les urines. Ce dernier signal, en particulier, est trop souvent minimisé ou attribué à autre chose.

Et pour cause : chaque année en France, une femme sur dix souffre d’une cystite. C’est d’ailleurs pourquoi, depuis quelques mois, les traitements peuvent désormais être obtenus directement en pharmacie sans ordonnance, et sans consultation médicale. Une avancée à double tranchant pour la santé des femmes : certes, les infections urinaires, très douloureuses, sont soignées plus rapidement. Mais en ne consultant pas de médecin, certaines femmes peuvent facilement passer à côté d’un diagnostic essentiel.

Tabac : un facteur de risque sous-estimé

Autre point crucial, soulevé par le Dr Benjamin Pradère : “ le tabac est le principal facteur de risque du cancer de la vessie , avec un risque augmenté de 50 % pour les fumeurs et fumeuses”. Un fait encore trop peu connu du grand public, selon le spécialiste. “En effet, on associe naturellement le tabac au cancer du poumon ou de la gorge, mais il est tout aussi destructeur pour la vessie”, regrette-t-il. Les substances toxiques contenues dans la fumée sont filtrées par les reins… Et s’accumulent dans les urines. Un facteur de risque d’autant plus important que la France a connu une vague préoccupante de tabagisme chez les femmes ces dernières décennies.

Selon le médecin, les autres facteurs de risque concernent également l’hygiène de vie en général. Pour limiter le risque de cancer de la vessie, les médecins recommandent de suivre un régime méditerranéen, en limitant l’apport en protéines et en graisses saturées. L’exposition à la pollution environnementale peut aussi jouer un rôle.

Une recommandation simple mais vitale

Face à cette situation, l’Association Française d’Urologie (AFU) lance l’alerte. Elle recommande à toutes les femmes à risque de consulter un urologue pour un dépistage du cancer de la vessie . “Si vous fumez et êtes victimes d’i nfections urinaires à répétition, méfiez-vous particulièrement !”, alerte l'urologue. Ce simple examen peut faire la différence, et mener à un traitement précoce et une nette amélioration des chances de survie.

Bien sûr, ces conseils s’appliquent également aux hommes, qui sont moins victimes d'infections urinaires. Si vous remarquez du sang dans vos urines, même une seule fois, et que vous avez des cystites à répétition, ne minimisez pas , et consultez rapidement un professionnel de santé !

Sources

Conférence de presse de l'Association Française d’Urologie