Metastases du foie : toutes les questions que les gens se posent, repondues par un cancerologue

Elles font partie des annonces les plus redoutées. Dans le cadre d’un cancer primitif, les métastases hépatiques peuvent être la première manifestation clinique d’un cancer digestif, du sein, du poumon ou de tout autre organe. "Certains types de cancer sont plus susceptibles de se propager au foie que d’autres", explique le Dr Ilan Darmon, cancérologue et radiothérapeute à l’Institut Hartmann, à Levallois-Perret (92).

Selon la littérature scientifique, environ 25 % des patients atteints d’un cancer du côlon développeront des métastases au niveau du foie. Heureusement, les avancées en matière de chirurgie et de chimiothérapie permettent aujourd’hui de mieux les prendre en charge, améliorant ainsi de manière significative l’espérance de vie des malades. Symptômes, localisation, diagnostic, traitements, pronostic : ce type de cancer soulève de nombreuses interrogations chez les patients.

Un cancer du côlon qui se propage au foie ne devient pas un cancer du foie

Il est important de noter qu’un cancer du côlon qui se propage au foie ne devient pas un cancer du foie. On parle alors de "cancer du côlon métastatique" ou de "cancer du côlon avec métastases hépatiques". Il s’agit bien d’un cancer secondaire, qui continue d’être traité comme un cancer colorectal, et non comme une tumeur hépatique primitive.

Les métastases au foie sont d’ailleurs bien plus fréquentes que les cancers primitifs du foie. D’après l’Institut Gustave Roussy, environ 10 500 nouveaux cas de cancer du foie sont recensés chaque année en France. En comparaison, les cas de métastases hépatiques secondaires à une tumeur dans un autre organe seraient 20 à 50 fois plus nombreux.

Dans les premières phases, les métastases hépatiques peuvent être silencieuses. Le foie étant un organe volumineux capable de continuer à fonctionner malgré la présence de cellules cancéreuses, les symptômes peuvent tarder à apparaître. Ils dépendent notamment du nombre de métastases et de leur localisation, et peuvent parfois être confondus avec ceux d’autres pathologies.

L’imagerie médicale pour le diagnostic

Le diagnostic repose en grande partie sur l’imagerie médicale. En cas de suspicion de propagation au foie, plusieurs examens d’imagerie peuvent être prescrits par le médecin pour confirmer la présence de métastases.

Le Dr Ilan Darmon, exerçant à l’Institut Hartmann, est régulièrement sollicité par ses patients inquiets face à ce diagnostic. Pour Medisite, il répond aux questions les plus fréquentes concernant les métastases hépatiques.

Quelles sont les chances de survie en cas de métastases au foie ?

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Métastases du foie : toutes les questions que les gens se posent, répondues par un cancérologue

Ilan Darmon : Les chances de survie dépendent de plusieurs critères. Tout d’abord, cela dépend du cancer primitif : est-ce que le patient est traité ou non pour ce cancer ? Si les métastases hépatiques sont découvertes au moment d’un traitement pour un cancer primitif, le pronostic sera variable selon le type de tumeur et l’évolution de la maladie.

Est-ce que les métastases au foie se soignent ?

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ID : Les métastases peuvent se soigner, mais cela dépend encore de plusieurs critères : leur nombre, leur localisation, sont-elles présentes uniquement dans le foie ou y en a-t-il ailleurs ? Et cela dépend, encore une fois, du cancer primitif.

Quel est le traitement proposé en cas de métastases au foie ?

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ID : Le traitement proposé dépend de la taille des métastases, de leur localisation, des rapports qu'elles peuvent avoir avec les organes adjacents, du cancer primitif et de son diagnostic. Si nous sommes dans une approche locale, nous discutons soit de la chirurgie, soit de la radiofréquence, soit de la radiothérapie, ou encore de la chimiothérapie.

Quels sont les symptômes de métastases au foie ?

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ID : Lorsqu’elles sont petites, il n’y a pas de symptômes. Mais si elles sont volumineuses, elles peuvent déclencher des douleurs. Si elles compriment les voies biliaires, il peut y avoir l’apparition d’un ictère, mais c'est rare.

Peut-on retrouver des métastases sur tous les organes ou certains sont-ils spécifiques ?

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ID : Encore une fois, tout dépend du cancer primitif. Chaque tumeur primitive a son tropisme de métastases. Dans le cas d’un cancer de la prostate, on retrouve plus fréquemment des métastases osseuses. Dans le poumon, les métastases sont plutôt cérébrales, et dans le cancer du côlon, les cellules cancéreuses qui se propagent se retrouvent plutôt au niveau du foie.

Comment s’explique la prolifération d’un cancer ?

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ID : Un cancer est une anomalie qui s’est instaurée sur des cellules, en raison de différents facteurs, et que l’organisme n’a pas pu réparer. Rapidement, cette maladie va développer ses propres mécanismes de résistance et de croissance. Le cancer va produire sa propre vascularisation, et lorsque celle-ci se ramifie avec celle de la personne, le cancer peut alors se propager.

L’aspirine peut-elle réduire le risque de métastases ?

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Des chercheurs ont récemment mis en évidence un effet protecteur inattendu de l’aspirine contre le cancer. Le médicament ne se contenterait pas de soulager la douleur ou de fluidifier le sang : il pourrait également freiner la propagation des cellules cancéreuses vers d’autres organes, notamment dans les cas de cancer du sein, du côlon et du poumon.

Lors d’une étude menée sur des souris atteintes de cancers métastatiques, les scientifiques ont constaté que celles ayant reçu de l’aspirine développaient moins de métastases que les autres. Selon le Dr Ilan Darmon, l’aspirine a un effet d’immunomodulation qui permettrait de limiter le risque d’apparition de métastases.

"En bloquant une substance appelée thromboxane A2, l’aspirine empêche l’inactivation des lymphocytes, des cellules immunitaires dotées d’un effet antitumoral. Elle permet donc à ces cellules de continuer à combattre la tumeur", précisent les auteurs de l’étude.

Néanmoins, cette piste prometteuse ne doit pas inciter à l’automédication. Comme tout médicament, l’aspirine comporte des effets secondaires potentiellement graves. Il est donc essentiel de ne jamais en prendre sans l’avis d’un professionnel de santé.

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