Une enfant de 12 ans décédée, 18 autres hospitalisés dans les Hauts-de-France : qu’est-ce que le SHU responsable de cette tragédie ? Istock

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Elle avait seulement 12 ans. Une petite fille habitant Saint Quentin, une commune située dans l’Aisne à quelques encablures d’Amiens dans les Hauts-de-France, est décédée plus tôt cette semaine des suites d’un syndrome hémolytique et urémique (SHU), provoqué par un aliment ou une boisson contaminés.

Depuis le 12 juin, 8 enfants habitant Saint-Quentin ou dans les environs ont ainsi été pris en charge pour symptomatologie digestive sévère (diarrhées sanglantes). 5 d’entre eux ont développé un syndrome hémolytique et urémique (SHU), dont l’un est malheureusement décédé", explique le communiqué de presse de l’Agence régionale de santé (ARS) publié hier, jeudi 19 juin. Les autorités sanitaires ont immédiatement lancé les investigations pour trouver l’origine de l’intoxication. Car étonnamment, ces enfants, habitant tous la même zone géographique certes, ne fréquentent pas tous les mêmes établissements scolaires et n’ont pris aucun repas en commun.

Intoxication à Saint Quentin dans les Hauts-de-France : l’eau du robinet ou des boucheries ?

Le contrôle sanitaire réalisé le 17 juin confirme l’absence de contamination bactériologique de l’eau du robinet, indique encore l’ARS. Le problème ne vient donc pas de l’eau du robinet, pas plus que de celle de deux piscines, contrôlées également cette semaine.

En revanche, l’étau se resserre autour de deux boucheries de la ville car il s’avère que les enfants avaient tous consommé de la viande de l’un ou l’autre de ces établissements, les jours précédant les premiers symptômes. S’il n'est pas possible “d’affirmer à ce stade que la consommation des produits issus de ces deux établissements est à l’origine de la contamination”, l’ARS a décidé de fermer les deux boucheries en question par mesure préventive (la boucherie « La Direction », boulevard Henri Martin à Saint-Quentin qui concerne 5 enfants et la boucherie « Family », 3 bis boulevard Gambetta à Saint-Quentin qui concerne 1 enfant) le temps d’avoir les résultats définitifs des analyses.

Suspicion d’empoisonnement dans l'Aisne : les signes à surveiller

En attendant que le ou les coupables soient clairement identifiés, l’ARS invite toutes les personnes ayant acheté des produits alimentaires dans ces deux commerces à se rapprocher des autorités : “Les personnes qui ont acheté des merguez, saucisses et viandes d’agneau entre le 1er et le 8 juin dans ces deux établissements et qui ne les auraient pas encore consommées doivent s’abstenir de les consommer et sont invitées à contacter la direction départementale de la protection des populations sur la boîte [email protected] ou par téléphone 03 64 54 61 00 en précisant les produits concernés, leur date d’achat, leurs modalités de conservation (réfrigérateur, congélation), et un numéro de téléphone à contacter afin que des prélèvements et des analyses puissent être effectués.

Les personnes qui auraient consommé des produits, et plus particulièrement les plus fragiles (enfants et seniors, personnes immunodéprimées…) doivent être attentives et appeler le 15 en cas de diarrhées sanglantes, le principal signe d’une intoxication alimentaire grave de ce type. Les autorités rappellent que les mesures d’hygiène de base (lavage des mains notamment) et le respect de la chaîne du froid sont essentiels pour prévenir les intoxications alimentaires.

Qu’est-ce au juste que le syndrome hémolytique et urémique (SHU) qui a tué une petite fille cette semaine dans l’Aisne ?

Le SHU est une complication grave - heureusement rare - d’une intoxication alimentaire, le plus souvent due à une bactérie de la famille des Escherichia coli (E. coli). Il touche principalement les enfants.

“Une infection par la bactérie E. coli se manifeste par de la diarrhée souvent accompagnée de sang, des douleurs abdominales et parfois de vomissements qui peuvent évoluer, après une semaine environ, vers une forme sévère de l’infection”, détaille l’ARS, qui précise que les signes de complications sont généralement une grande fatigue, des urines foncées, une réduction des mictions. Le SUH provoque une insuffisance rénale qui peut être fatale, comme l'actualité nous le rappelle douloureusement aujourd’hui.

EDIT du 25 juin : Plusieurs cas sont venus s'ajouter aux sept initalement recensés. Au total, ce 25 juin, "19 enfants sont concernés, 6 enfants sont dialysés, 10 enfants ont pu quitter l’hôpital et regagner leur domicile. L’ensemble des enfants font l’objet d’un suivi médical continu", indique le point de situation de l'ARS des Hauts-de-France.

Des suspicions d'intoxication concernent aussi une centaine de footballeurs qui auraient consommé - lors d'un barbecue de fin d'année rassemblant plusieurs clubs - de la viande en partie achetée dans l'une des boucheries fermées par mesure préventive. Une autre fête avec un club de basket est aussi sous les radars, pour les mêmes raisons. La vigilance s'impose, même si à ce stade aucun participant n'a été hospitalisé.

L'enquête sur l'origine de la contamination à la bactérie E-coli se poursuit mais n'a pas pu déterminer précisémment le ou les fournisseurs en cause. Quatre boucheries et deux rayons boucherie de supermarché sont désormais fermés.

La préfecture a mis en place depuis le samedi dernier, 21 juin, u ne cellule d’information du public (CIP). Elle est joignable au 09 70 80 90 40 de 8 h à 18 h.