Pénurie d’un médicament pour les troubles bipolaires, quel risque pour les patients ?Image d'illustrationIstock

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Son nom la : quétiapine, son indication : les troubles bipolaires et la schizophrénie, aujourd’hui son approvisionnement rencontre de fortes tensions. Conséquences : dans un communiqué publié le 30 janvier, l’Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm) demande aux médecins de restreindre les prescriptions. "N’initiez aucun traitement par quétiapine sauf pour les patients présentant un épisode dépressif caractérisé dans le cadre d’un trouble bipolaire", précise l’agence.

Commercialisée en France sous le nom de Xeroquel, la quétiapine rencontre plus précisément un problème de production par le fabricant Pharmathen International. Le groupe a annoncé plusieurs mesures pour gérer cette pénurie comme l’interdiction des exportations et la restriction des prescriptions. "Les alternatives doivent être privilégiées pour toutes les autres indications", qui incluent donc notamment la schizophrénie, explique l'Ansm.

Mais cette restriction inquiète les professionnels de ce secteur médical. "En psychiatrie, les médicaments sont rarement interchangeables", a souligné dans une note de blog le psychiatre Antoine Pélissolo, premier à sonner l'alerte ce mardi 28 janvier. Il explique en effet "que les effets thérapeutiques ou les effets secondaires de deux médicaments proches sont souvent différents".

"Risque vital"

"Les stocks de quétiapine dans les pharmacies sont partout épuisés ou en voie de l'être. Or, ce médicament ne doit pas être interrompu brutalement, au risque d'effets secondaires et surtout de rechutes potentiellement graves, et il est très compliqué de définir, au cas par cas, une molécule de remplacement", a-t-il ajouté.

Pour le Dr Antoine Pelissolo, cette pénurie met en danger les patients et souligne un "risque vital en cas de symptômes suicidaires" chez ceux qui verraient leur traitement interrompu.

Difficultés plus large de pénuries

Ces difficultés d’approvisionnement s’inscrivent dans un contexte plus large de pénuries de médicaments face auxquelles les autorités sanitaires essaient d’agir depuis plusieurs années.

Dans son communiqué du 30 janvier, l’Ansm indique aux patients traités par cette molécule de demander conseil au pharmacien. "Celui-ci contactera votre médecin qui pourra être amené à modifier l'ordonnance en fonction de votre situation. Il vous prescrira alors un autre médicament en ajustant la dose et avec des modalités de suivi adaptées."