
La réglisse (Glycyrrhiza glabra) est une plante qui pousse dans le sud de l’Europe et qui est utilisée en phytothérapie depuis très longtemps. Mais elle est aussi (et surtout) prisée par les industries agroalimentaires et pharmaceutiques. L’Assurance maladie explique ainsi “qu’elle peut entrer dans la composition de divers produits alimentaires, du fait de son goût mais aussi d’autres propriétés : pouvoir édulcorant, pouvoir adoucissant, qualité d'exhausteur de goût et pouvoir moussant.” L'acide glycyrrhizique, principal constituant de la réglisse, ainsi que son sel d’ammonium sont autorisés au niveau européen comme arômes alimentaires (E958).
On peut ainsi la retrouver, toujours selon l’Assurance maladie dans :
- des produits sucrés (confiseries, chewing-gums, snacks, produits de boulangerie, glaces et sorbets) ;
- des produits salés du fait de ses propriétés adoucissantes ;
- des produits à base de cacao, comme exhausteur de goût permettant de diminuer la quantité de cacao utilisée ;
- dans certaines boissons gazeuses et sirops ;
- dans certaines boissons alcoolisées à base d’extraits de réglisse (pastis, ouzo, raki, sambuca,…) ;
- dans la bière, comme agent moussant, pour atténuer l’amertume et colorer certaines bières noires ;
- dans le pastis sans alcool.
Dans les compléments alimentaires, la réglisse est utilisée pour ses différentes propriétés thérapeutiques. Elle est ainsi connue pour aider à la digestion, mais aussi pour être immuno stimulante, expectorante (utile en cas de toux), anti inflammatoire ou encore anti-infectieuse. C’est une alliée en cas de rhume par exemple. Ses propriétés sont en grande partie dues à l’acide glycyrrhizique, son actif puissant. Mais cet actif peut aussi avoir des effets délétères.
De nombreux signalement d’effets indésirables, parfois sévères, avec la réglisse
Dans un communiqué de presse publié le 12 juin de cette année, L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation annonce publier un rapport “suite de nombreux signalements d’effets indésirables, parfois sévères (...) liés à la consommation de produits contenant de la réglisse.” Plusieurs centaines de cas d’effets indésirables, parfois graves, ont ainsi été rapportés par les centres antipoison et le réseau Nutrivigilance ces dernières années.
Que dit le rapport ? Qu’une consommation élevée et répétée de boissons, d’aliments ou de compléments alimentaires contenant de l'acide glycyrrhizique peut entraîner “une hypokaliémie (diminution du potassium dans le sang) et une hypertension artérielle, augmentant ainsi le risque cardiovasculaire.”
60 % des adultes et plus de 40 % des enfants consommant de la réglisse dépassent le repère toxicologique, alerte l’Anses.
Par ailleurs, “des risques d’interaction sont décrits avec plusieurs classes de médicaments comme les diurétiques hypokaliémiants, les laxatifs stimulants, les glucocorticoïdes, les digitaliques (digoxine), les antihypertenseurs et les médicaments susceptibles d’engendrer des « torsades de pointes », qui sont des troubles du rythme cardiaque”, appuie le communiqué.
Le rapport a également identifié les personnes les plus susceptibles de souffrir d’effets indésirables graves : les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants, ainsi que les personnes souffrant de problèmes cardiovasculaires (notamment d’hypertension), de problèmes rénaux ou hépatiques.
Réglisse : un étiquetage à revoir
Quelles solutions pour éviter la surdose ? Depuis 2014, un arrêté fixe une limite maximale de consommation journalière à 100 mg d'acide glycyrrhizique et impose que l'étiquetage indique au consommateur de ne pas consommer de compléments alimentaires contenant de la réglisse pendant plus de 6 semaines sans avis médical. Mais pour l’Anses, cela ne suffit plus.
“En se fondant sur les teneurs maximales autorisées dans les aliments, l’Anses constate qu’environ 60 % des adultes et plus de 40 % des enfants consommant de la réglisse dépassent le repère toxicologique (valeur toxicologique indicative) qu’elle a établi dans le cadre de cette expertise”, mentionne le rapport. L’autorité de la santé sanitaire recommande donc que la présence de réglisse (réglisse, acide glycyrrhizique, E958, mais aussi liquorice ou licorice, les noms anglais et américains de la réglisse) même en petite quantité soit clairement notée sur les emballages. Parallèlement, il est recommandé de garder la pédale douce sur les produits à base de réglisse et de ne pas oublier de mentionner à son médecin que l’on en consomme “en cas de pathologies cardiovasculaires, notamment d’hypertension, ou rénales, d’insuffisance hépatique ou d’hypokaliémie, de grossesse ou d’allaitement, ainsi qu’en cas de doute relatif à d’éventuelles interactions médicamenteuses.”