La diphtérie est de retour en France

La diphtérie est une maladie très contagieuse, qui peut être mortelle. Dans sa forme la plus grave, elle se traduit par une infection des voies respiratoires qui peut conduire à la paralysie du système nerveux central, du diaphragme ou de la gorge, entraînant la mort. Dans les cas les moins graves et les plus fréquents, qui sont ceux qui ont été répertoriés récemment, elle se traduit par des infections cutanées.

La diphrérie a disparu en France vers 1945, grâce à une campagne massive de vaccination. Mais de nouveaux cas ont été identifiés dans plusieurs régions de l’hexagone et différents pays européens. Cette nouvelle a été annoncée par le Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses le samedi 15 avril dernier. Il répertorie sur l’année 2022, 30 cas de diphtérie en France, 118 en Allemagne, 69 en Autriche et 52 en Suisse. Concernant l’année 2023, les chiffres n’ont pas été communiqués. Faut-il s’attendre à une recrudescence de la maladie ?

Une situation exceptionnelle

˝C’est une situation assez exceptionnelle, toutefois on ne peut pas parler d’épidémie européenne, car il n’y a pas eu de transmissions à la population générale : ces cas restent circonscrits à des personnes arrivant de l’étranger, en situation de vulnérabilité, souvent demandeuses d’asile˝, a expliqué le Dr Sylvain Brisse, directeur du Centre national de référence de la diphtérie et directeur de recherche à l’Institut Pasteur.

Il a également ajouté que ces cas avaient été identifiés chez des personnes généralement jeunes, des hommes d’une vingtaine d’années, revenant d’Afghanistan et de Syrie, des régions où la couverture vaccinale est particulièrement mauvaise en raison des conflits qui perdurent sur ces territoires. Fort heureusement, plusieurs malades arrivés sur le sol européen étaient vaccinés, ce qui leur a permis d’être protégés contre les formes graves, et potentiellement motelles, de la maladie.

Une propagation liée au manque d’hygiène

Les scientifiques ne savent pas comment ces personnes ont pu attraper la diphtérie. Ce que l’on sait néanmoins, c’est que la maladie se transmet d’homme à homme par la salive ou les plaies cutanées, qu’elle est donc facilement transmissible. Les personnes atteintes ont fort heureusement été touchées par la forme la moins grave de la maladie, qui est la forme cutanée. Les médecins expliquent ces contaminations par un manque d’hygiène et à la promiscuité chez les populations en migration.

Le docteur Sylvain Brisse a réalisé une étude génomique de cette nouvelle diphtérie. Il a pu identifier quatre souches différentes, dont certaines sont résistantes à un antibiotique bien connu, l’érythromycine. Ces souches sont récentes, elles ne circulent que depuis un an ou deux, d’après le chercheur. Ce n’est donc pas la même diphtérie d’avant 1945.

Pensez à vous faire vacciner si vous n’êtes pas à jour

Pour éviter une prolifération de la maladie sur le sol français, Sylvain Brisse recommande très fortement aux français et à leurs médecins d’être attentifs à leur calendrier vaccinal. ˝N’oublions jamais que les microbes ne connaissent pas de frontières ˝, a-t-il rappelé au Figaro Santé. ˝Il est donc essentiel de maintenir une bonne couverture vaccinale sur notre territoire. Celle-ci est particulièrement efficace en France, car nos recommandations prévoient des rappels chez l’adulte à 25, 45 et 65 ans, puis tous les dix ans, ce qui n’est pas le cas dans tous les pays.˝ Les médecins insistent notamment sur la vaccination des personnes âgées, elles sont plus fragiles et souvent moins à jour de leurs vaccins.