
14 cas autochtones de chikungunya, répertoriés par Santé publique France dans son bulletin du 2 juillet. Et ce n’est sans doute que le début. Notre pays, placé en surveillance renforcée depuis début mai, devient la cible du moustique tigre. Plus inquiétant, de nouveaux cas apparaissent dans des régions épargnées jusque-là. En effet, si les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur, Corse, Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes ont déjà connu des épisodes de transmission autochtone dans les années précédentes, ce n’est pas le cas de la région Grand Est ni de la Gironde qui ont déclaré leurs premiers cas autochtones cette semaine, autrement dit il ne s’agit pas de personnes (ou d’enfant, comme en Gironde) contaminées à l’étranger, dans une zone où le virus circule activement par exemple, mais bel et bien par une piqûre en France.
Grand Est, Gironde… de plus en plus de cas autochtones en France malgré les mesures mises en place
Cet élément est important car cela indique que le moustique est suffisamment installé localement et peut contaminer des zones jusqu’ici indemnes. Ce qui inquiète les autorités. “La survenue d’un premier épisode de transmission autochtone en région Grand Est, associée à la précocité et au nombre d’épisodes déjà détectés, confirme le risque important de transmission autochtone de chikungunya sur le territoire hexagonal, y compris dans des régions indemnes jusqu’à présent, explique Santé publique France. Celle-ci est facilitée par le caractère bien adapté de la souche du virus circulant à la Réunion et dans l’Océan Indien au moustique vecteur Aedes albopictus.” Ces cas autochtones s’ajoutent aux 712 importés recensés depuis le 1er mai. Pour faire face, la France expérimente plusieurs mesures préventives (le détail à lire ici)
Chikungunya transmis par une piqûre de moustique tigre : est-ce une maladie grave ?
On le sait, les moustiques peuvent être vecteurs de maladies (on parle d’ailleurs de maladies vectorielles), comme la dengue ou le chikungunya qui nous préoccupe aujourd’hui. Ces maladies sont souvent sérieuses, chikungunya compris. Le chikungunya, rarement mortel (les décès s’expliquent généralement par la présence d’autres pathologies), est douloureux.
Une fois déclarée (le délai d’incubation dure de deux à dix jours), l’infection “entraîne des atteintes articulaires, souvent très invalidantes”, détaille l’Institut Pasteur. Les articulations les plus touchées sont les poignets, les doigts, les chevilles, les pieds, les genoux et, plus rarement, les hanches ou les épaules. D’autres symptômes s’ajoutent aux douleurs articulaires : maux de tête, fièvre, douleurs musculaires, éruption cutanée (rougeurs, petits boutons rouges…au niveau du tronc et des membres, plus rarement du visage) ou une conjonctivite. Gonflement des ganglions au niveau du cou, saignement des gencives ou du nez peuvent aussi s’inviter dans l’équation.
Des formes plus graves de l’infection comprennent des complications neurologiques, notamment des “méningo-encéphalites et des atteintes des nerfs périphériques”, précise l’institut Pasteur qui ajoute : “Ces dernières sont principalement rencontrées chez des personnes âgées ou au système immunitaire affaibli, ainsi que chez des nouveau-nés infectés in utero en même temps que la mère.”
Le vaccin IXCHIQ contre le chikungunya sur la sellette
En avril dernier, la France avait suspendu la campagne de vaccination en direction des plus de 65 ans en cours à La Réunion, à la suite de plusieurs effets secondaires graves - dont un décès - survenus chez des personnes nouvellement vaccinées. Cette campagne visait justement les plus de 65 ans, présentant des comorbidités, plus à risque de développer des formes graves de la maladie. Pourtant l’île faisait face à une épidémie d’ampleur.
La Haute Autorité de Santé (HAS) avait alors décidé de “réévaluer la balance bénéfices/risques duvaccin IXCHIQ chez les sujets âgés de 65 ans et plus, compte tenu des incertitudes actuelles sur la sécurité de ce vaccin dans cette population et ce malgré la persistance d’une forte épidémie à La Réunion”, indiquait le communiqué de presse du ministère de la Santé daté du 26 avril.
Pour rappel, le vaccin IXCHIQ (laboratoire Valneva) est le premier vaccin contre le chikungunya à avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) en Europe, il était disponible depuis juin 2024 en France.
Des liens entre le vaccin et des effets secondaires graves
Ce sont justement les résultats de cette évaluation qui viennent d’être publiés, l’Ansm a passé au crible les 18 cas d’effets indésirables graves, comprenant 3 décès. “Les principaux effets indésirables graves rapportés évoquent des symptômes similaires à ceux d’une forme grave d’infection au virus chikungunya (syndrome “chikungunya like”), détaille le communiqué de l’Agence du médicament. L’évaluation pharmacologique montre qu’il existe un lien entre le vaccin et les effets indésirables graves pour 9 de ces patients.”
En conséquence, les autorités recommandent de ne plus vacciner les personnes de 65 ans et plus, présentant ou non des comorbidités. De son côté, l’Agence européenne du médicament (EMA) a mis en place une mesure temporaire qui contre-indique ce vaccin chez les personnes de plus de 65 ans.