5 % de cancers supplémentaires à cause des scanners : les chercheurs demandent un usage plus éclairé de ces examens Istock

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Augmente-t-on le risque de développer un cancer à cause d’un simple scanner ? La conclusion n’est pas si simple, mais l'utilisation en forte augmentation ces dernières années des scanners (ou tomodensitométrie - TDM) parfois en lieu et place d’autres examens moins “invasifs” peut poser question, d’autant que le risque de cancer radio-induit est suffisamment documenté aujourd’hui. Même si les rayons utilisés lors d’un scanner sont à faible dose, la répétition de ce type d’examens n’est pas sans danger alerte une équipe de l’Université de Californie à San Francisco (UCSF) dans une étude publiée en avril de cette année dans la revue scientifique JAMA Internal Medicine.

Les scanners sont-ils de plus en plus réguliers ?

Premier constat : le recours aux scanners a bondi de 30 % ces deux dernières décennies, particulièrement dans les pays développés. Sur la seule année 2023, les chercheurs américains de cette étude ont recensé pas moins de 93 millions de scans aux Etats-Unis qui ont concerné 62 millions de patients. Depuis 2007, Leur modèle mathématique estime que cette surenchère d’examens TDM pourrait conduire à approximativement 103 000 cancers supplémentaires dans les années à venir.

En France, le regroupement des associations de patients et d’usagers de la santé France Asso Santé, rappelle qu’à la différence d’une échographie ou d’une IRM, une radiographie ou un scanner exposent à des rayons X, ce qui n’est pas anodin. Dans une interview datée de 2017, le professeur Bourguignon, conseiller auprès de la direction générale de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) explique à l’association que “la radio d’un membre correspond à 1,5 jour de rayonnement naturel alors qu’un scanner abdominopelvien est égal à 1500 jours de rayonnement naturel.” Tous les examens à rayons X ne se valent pas, le scanner abdominopelvien étant le plus gourmand en rayons.

5 conseils des spécialistes pour limiter et contrôler l’impact des rayons X

Dans une brochure éditée par l’IRSN à destination des patients, les spécialistes partagent cinq conseils pour limiter et/ou contrôler l’impact et les rayonnements subis au cours de ces examens, trop souvent perçus par les usagers comme banals.

  1. Ne demandez pas une radiographie ou un scanner à votre médecin « au cas où » ou pour vous rassurer. Seul votre médecin peut juger de l’intérêt de réaliser un tel examen.
  2. Faites-vous expliquer par votre médecin pourquoi, dans votre cas, une radio ou un scanner est préférable à un examen d’imagerie n’utilisant pas les rayons X, comme l’échographie ou l’IRM.
  3. Apportez avec vous vos anciens examens. S’ils sont récents, vous n’aurez peut-être pas besoin de les refaire. Ils sont indispensables à votre suivi.
  4. Conservez vos clichés et les comptes rendus d’examens. Vous pourrez ainsi avoir une vision globale sur le long terme des rayons X reçus.
  5. Veillez à ce que la dose de rayonnement reçue lors de l’examen figure dans son compte-rendu.

Cancer : faut-il refuser un examen médical par rayons ?

Non, bien évidemment, si votre médecin confirme qu'il est justifié. Les scanners et radiographies sont des examens indispensables dans bien des cas. Ils participent au dépistage et au suivi de soin, peuvent localiser tumeurs, hémorragies, fractures ou caillots sanguins. Ce que révèle toutefois cette étude américaine, c’est qu’un usage plus éclairé de ces examens par rayonnement devrait être la norme aujourd'hui. Ces travaux chiffrés, explique Le Dr Philippe Tellier, cardiologue, dans une tribune du Journal International de Médecine (JIM) sont utiles car ils attirent “l’attention sur les usages parfois excessifs ou non optimisés de l’imagerie dans la pratique courante, une dérive qui n’est pas nouvelle, mais qui s’est renforcée au fil des ans”, alors que continue le médecin, “la tendance inverse devrait être observée, à savoir des demandes d’examens justifiées avec un souci d’optimisation des doses et d’exposition minimale aux radiations ionisantes.”