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Je mens sur ma consommation de tabac, d’alcool ou de drogue

"Je ne fume plus depuis longtemps, ou presque pas... Je ne bois pas d’alcool ou très peu"…dites-vous à tort à votre médecin. Et pour cause, mentir à son médecin est très répandu.

Une étude datant de 2018 (Lévy) a montré que 80% des 4000 personnes interrogées avouaient cacher à leur médecin un aspect de leur état de santé ou de leur hygiène de vie. Dissimuler la vérité sur sa consommation d’alcool ou de tabac est le mensonge le plus fréquent d’après cette étude. Environ 13% des fumeurs cachent cette consommation à leur médecin.

Le risque : un cancer de l'estomac et du colon

Or, c’est une importante pour votre médecin. S’il méconnaît votre consommation de tabac ou d’alcool en excès, il ne peut pas adapter votre suivi médical en conséquence.

"De la connaissance de cette information va découler une conduite préventive à tenir, par exemple un scanner des poumons pour dépister un emphysème ou un éventuel cancer du poumon chez les fumeurs" indique le Dr Alexandra Dalu, médecin anti-âge et nutritionniste.

De la même façon, si vous cachez une consommation excessive d’alcool, votre médecin ne vous fera pas faire un bilan hépatique pour surveiller votre foie. "Et si vous avez une consommation d’alcool et de tabac, c’est un facteur de risque de cancer de l’estomac et du colon. Votre médecin vous fera faire une fibro-coloscopie de dépistage" ajoute le Dr Dalu. Signalons aussi le cas des femmes qui prennent la pilule et cachent qu’elles fument à leur médecin : elles ont un risque cardiovasculaire vasculaire important.

"En outre, si vous lui cachez une consommation de tabac ou d’alcool excessive, votre médecin ne peut pas vous aider à sortir de cette addiction" souligne le Dr Pascal Douek, médecin généraliste, nutritionniste et médecin du sport. Aussi, il vaut mieux être honnête avec son médecin, sans crainte du jugement.

Les médecins ne sont pas là pour vous juger

Le Dr Alexandra Dalu, rappelle que "les médecins sont là pour analyser de façon factuelle et pas pour juger. Le médecin a fait médecine pour aider les gens à aller bien ou en tout cas à aller mieux".

"Si vous ne vous sentez pas assez à l’aise avec votre médecin pour lui parler de tout, si le contact humain et le contact au corps ne passent pas, si une relation de confiance ne s’instaure pas dès le premier rendez-vous, il vaut mieux changer de médecin" conseille-t-elle.

Je ne parle pas de certains symptômes, je les exagère ou je les minimise

Je ne parle pas de certains symptômes, je les exagère ou je les minimise© Istock

Les patients peuvent aussi mentir sur leurs symptômes. "Certains les exagèrent pour justifier d’avoir été pris en urgence ou encore pour obtenir un médicament" rapporte le Dr Pascal Douek. Un tel comportement nuit à la relation de confiance avec son médecin. Ce qui est courant, c’est surtout que "les personnes minimisent leurs symptômes face au médecin généraliste pour les rendre banaux et ne pas inciter le médecin à chercher une pathologie" indique le Dr Douek.

D’autres ne racontent pas la vérité à leur médecin sur les symptômes car ils pensent que cela est banal et qu’il n’y a rien à faire.

"L’exemple typique est celui des reflux gastriques : beaucoup de personnes les minimisent en pensant que cela concerne tout le monde" indique le Dr Dalu. Enfin, certains patients ne parlent pas de symptômes car ils estiment que la médecine n’y peut rien car ils n’ont jamais été soulagés. C’est le cas de certaines personnes qui souffrent de migraine ou encore de mal dos.

Le risque : un diagnostic trop tardif

Pourquoi c’est risqué de ne pas indiquer à son médecin les vrais symptômes ressentis ? "Cela fausse le travail du médecin et cela peut amener à un diagnostic tardif d’une maladie car celui-ci se fera lorsque les symptômes seront bruyants" explique le Dr Pascal Douek.

"Et pour ceux qui ne parlent pas de symptômes qu’ils estiment normaux, le risque est de ne pas être correctement suivi(e). Le Dr Dalu explique ainsi que "les reflux gastro-œsophagiens peuvent être dus à la bactérie Helicobacter Pylori qui peut entraîner un cancer de l’estomac. Des reflux doivent donner lieu à une fibroscopie et à une coloscopie éventuelle".

Un risque de ne jamais être soulagé

Enfin, ne pas parler de tout entraîne aussi un risque de ne pas être soulagé alors qu’il existe des traitements. C’est le cas par exemple des migraines, par exemple des migraines au moment des règles (la solution : une pilule anti-migraine). "Il ne faut pas oublier que la médecine fait des progrès. Ainsi, il y a eu beaucoup d’avancées ces dernières années dans la prise en charge du mal de dos, des maux de tête et des douleurs chroniques en général" informe le Dr Dalu.

Ainsi, il est important de parler de tous les symptômes à son médecin. Le Dr Dalu suggère de les lister avant une consultation.

Je mens sur mes traitements

Je mens sur mes traitements© Istock

Les mensonges autour des traitements concernent l’observance mais aussi les traitements alternatifs.

"On sait qu’environ 60% des personnes ayant une maladie chronique ne prennent pas leur traitement correctement, soit qu’ils ne prennent pas les doses prescrites soit qu’ils ne prennent pas leur médicament selon les conditions prescrites, par exemple le prendre à distance des repas" informe le Dr Pascal Douek.

Second type de mensonges à son médecin, la prise de traitements alternatifs dont des compléments alimentaires. "Certains patients le cachent à leur médecin car ils ont peur de mécontenter celui-ci" souligne le Dr Douek.

Le risque : inefficacité des traitements prescrits

Pourquoi mentir sur ses traitements représente-t-il un risque pour la santé ? "Si un médicament pour une maladie chronique telle que le diabète ou l’hypertension artérielle n’est pas pris tel qu’il est prescrit, il peut être inefficace. Le médecin peut alors prescrire des doses plus importantes ou un médicament supplémentaire au vu des bilans qui montrent un diabète ou une hypertension artérielle non contrôlés ce qui n’est pas sans conséquence" explique le Dr Pascal Douek.

Cacher une consommation de remèdes alternatifs peut également poser problème car certains complémentaires alimentaires peuvent avoir des interactions avec des médicaments. C’est notamment le cas en oncologie.

Les mensonges de communication

Les mensonges de communication© Istock

Dernier groupe de mensonges courants faits au médecin, ceux que le Dr Pascal Douek appelle "mensonges de communication".

Soit vous trompez votre médecin en ne lui disant pas que vous refusez de prendre un médicament qu’il vous prescrit ou de consulter un spécialiste vers lequel il vous renvoie, soit vous lui faites croire que vous avez compris ce que vous dit le médecin (sur votre traitement, son enjeu, votre maladie…) alors que ce n’est pas le cas.

Vous pourriez passer à côté de certaines explications

Pourquoi c’est dommageable ? "Si vous n’êtes pas d’accord avec votre médecin et que vous ne lui dites pas, vous passez à côté d’une discussion, d’un dialogue avec votre médecin" souligne le Dr Pascal Douek.

De la même façon, ne pas exprimer une incompréhension empêche une explication. "Le patient et le médecin forment une équipe" rappelle le Dr Alexandra Dalu. Nos spécialistes vous invitent à dialoguer le plus possible avec vos médecins et à collaborer.

Sources

Remerciements au Dr Alexandra Dalu, médecin anti-âge et nutritionniste (son dernier ouvrage paru : Les 100 idées reçues qui vous empêchent d’aller bien, Editions Leduc.s, 2017) et au Dr Pascal Douek, médecin généraliste, nutritionniste et médecin du sport (Son dernier ouvrage, Les nouvelles clés de la longévité, Éditions Leduc.s, 2019)

Andrea Gurmankin Levy, Aaron M. Scherer, Brian J. Zikmund-Fisher, Knoll Larkin, Geoffrey D. Barnes, Angela Fagerlin. Prevalence of and Factors Associated With Patient Nondisclosure of Medically Relevant Information to Clinicians. JAMA Network Open, 2018; 1 (7): e185293 DOI: 10.1001/jamanetworkopen.2018.5293

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