Stress, fatigue, burn-out… Quand faut-il consulter un psychologue ?Adobe Stock
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De nombreuses idées reçues ou tabous circulent encore aujourd’hui sur le fait de consulter un psychologue. A titre d’exemples : « aller voir un psy, c’est être faible…; il n’y a que les fous qui en ont besoin ; parler ne sert à rien…; les psy sont aussi malades ou plus malades que leurs patients ; la psychologie c’est pour les riches…; je veux pas qu’on m’analyse…; voir un psy ce n’est que parler de son enfance, ça sert à rien…; pas besoin d’aller voir des psy, suffit d’en parler à ses amis, sa famille… ». Ces nombreuses idées reçues s’appuient souvent sur de fausses croyances, des stéréotypes et montrent la plupart du temps une grande méconnaissance du domaine, ou du moins superficielle de la psychologie ou de la psychiatrie” précise Sébastien Garnero, psychologue clinicien. En réalité, la psychologie est aussi importante au même titre que la médecine corporelle. De plus, “l’approche psychologique peut tout à fait être préventive, favorisant l’épanouissement, les changements positifs, mais aussi curative dans l’optique du soin psychique, de la réduction significative des symptômes, de la guérison; et également dans la guidance, la psychoéducation, l’optimisation des performances dans certains types de métiers, et bien entendu dans un objectif d’épanouissement et d’équilibre dans sa vie de tous les jours” note Sébastien Garnero.

Quand faut-il voir un psychologue ?

“La plupart du temps, consulter un psychologue est important et nécessaire dès que les difficultés, problèmes ou troubles empêchent la personne d’avoir une vie personnelle, professionnelle, sociale, ou affective satisfaisante” commente le psychologue clinicien. Ce dernier précise qu’en règle générale, la consultation d’un psychologue s’impose à partir du moment où la personne ressent une forme de souffrance psychique, bien souvent dans ces cas là, elle se sent débordée par ses émotions, n’arrive plus à les réguler, elle est dépassée par les évènements, ou changements dans sa vie, se sent dans une impasse personnelle et/ou existentielle. De même, bien souvent, le soutien familial, ou amical ne suffit pas, il est d’ailleurs parfois trop imbriqué dans la problématique de la personne, et le recours à un tiers professionnel psychologue, spécialisé en santé psychique et mentale est indispensable pour pouvoir prendre un nouveau départ dans sa vie. Dans une grande majorité de cas, les personnes réussissent à vivre et gérer eux-mêmes leurs difficultés, leurs problématiques, leurs petits stress de la vie quotidienne, mais à certains moments de leurs existence (crises existentielles, problèmes professionnels, problèmes de couple, rupture de vie, deuil, divorce, maladie, traumatisme…), elles n’arrivent plus à faire face, leur système adaptatif est complètement débordé, et consulter un professionnel de santé spécialisé en psychologie devient urgent, et indispensable pour se sortir de cette mauvaise passe, et y voir plus clair dans sa vie.

Le médecin généraliste ou traitant peut conseiller au patient qu’un suivi psychologique ou une psychothérapie avec un psychologue clinicien est tout à fait indiqué dans son cas (événements de vie particulier). Ces consultations sont fortement recommandées dans certains types de troubles (troubles anxieux, stress, burn-out, dépressifs, post-traumatiques…) et complémentaires, ou pouvant se substituer parfois à certains traitements médicamenteux à condition d’un suivi régulier en lien avec le médecin.

A savoir : pour consulter un psychologue, il n’est pas nécessaire d’avoir une ordonnance ou prescription médicale, le patient peut tout à fait choisir de consulter librement un psychologue. Une partie des consultations peut dans tous les cas être remboursée par la plupart des mutuelles notamment pour les Psychologues clinicien et/ou Psychologue/Psychothérapeute (référencés ARS, ayant numéro ADELI). En revanche, une très grande majorité des psychologues ne sont pas conventionnés par l’assurance maladie car ce dispositif expérimental ne leur paraît pas respectueux de leur libre accès pour le patient, ni de leurs conditions de travail et de rémunération en libéral (cf.Association manifeste Psy).

Santé mentale : quels sont les signes d’alerte à ne pas ignorer ?

Les signes qui doivent alerter et amener à consulter dans la mesure, où ils s’inscrivent dans la durée, dépassent un certain niveau d’intensité et de fréquence, sont handicapants ou envahissants pour la vie sociale, ou semblent caractérisés par un risque de potentiel gravité pour soi-même ou les autres. Ces signes d’alerte peuvent être isolés mais aussi combinés les uns aux autres selon les personnes et les cas de figures. Ainsi, on peut retrouver en fonction des différents domaines comme signes d’alerte selon les personnes et les contextes :

  • Des troubles du sommeil importants ou récurrents : insomnies, cauchemars/rêves d’angoisse, réveils fréquents, troubles à l’endormissement…qui témoignent parfois d’un état de stress, d’un syndrome anxieux, de burn-out, aboutissant aussi à des troubles de l’attention, un état de fatigue chronique…En effet, recouvrir le sommeil est essentiel pour maintenir une vie saine et une santé durable.
  • Des troubles de l’alimentation : perte d’appétit ou excès de prise alimentaires (crises de boulimie, hyperphagie…), restriction excessive type anorexique ; on va retrouver parfois quand cela s’inscrit dans le temps des TCA (troubles du comportement alimentaires); mais aussi dans d’autres cas, des problématiques de stress chroniques, de surpoids/obésité, de dépression….
  • Des troubles de l’attention, de la concentration, une baisse des potentialités cognitives, une incapacité ou difficultés à réaliser des activités volontaires journalières, ou au contraire une tendance à l’hyperactivité : peuvent être des signes que l’on retrouve dans différentes problématiques et syndromes (dépression, troubles anxieux, trouble déficit de l’attention et hyperactivité (TDAH)
  • Des addictions diverses ou des comportements excessifs par rapport à des substances (alcool, tabac, drogues…), des addictions comportementales (jeux d’argent, porno, sexualité, travail « workaholic »…; pour certaines personnes, l’usage excessif d’alcool et/ou de drogues diverses est une façon de fuir leurs soucis, stress, vide affectif; susceptible d’augmenter les conduites à risque ; pour d’autres de véritables addictions dont ils n’arrivent pas à se défaire
  • Des troubles des conduites sociales, troubles du comportement agressifs, des épisodes de violence contre soi-même ou des tiers sont des signes alarmants qui témoignent d’un mal être profond et/ou de personnalités pathologiques, d’une problématique de santé mentale évidente
  • Des troubles de la relation, de la communication, isolement et retrait social : un manque d’intérêt constant pour les autres, et un refus de participer à la vie sociale/ familiale peut être un signe de désinvestissement du réel, et signer des troubles dépressifs, des formes d’anxiétés sociales sévères, ou d’autres pathologie plus invalidantes (schizophrénie, psychoses, troubles du spectre autistique…)
  • Des troubles délirants (délires paranoïaques, mégalomaniaques, passionnels, de transformation, d’interprétation…), des hallucinations : peuvent être des signes d’alerte de troubles psychotiques (paranoïa, d’érotomanie, schizophrénie paranoïde…)
  • Des troubles de l’humeur au premier plan : bipolarité, certaines formes de dépression, de dysthymie…

Ainsi on peut retrouver ces différents signes d’alerte en fonction d’une symptomatologies spécifiques ou de contextes et situations particulières :

  • Tristesse, absence ou perte de plaisir dans les activités antérieurement investies, formes de pessimisme, biais de négativité
  • Angoisse (TAG), Stress, anxiété
  • Troubles du sommeil
  • Troubles obsessionnels compulsifs (TOC), TICS
  • Troubles alimentaire (TCA) : anorexie, boulimie, hyperphagie
  • Dépressivité,
  • Fatigue chronique…
  • Traumatisme : victimes d’accident, violence, viol, deuil pathologique
  • Phobies spécifiques, Phobies sociale et de situation
  • Addictions diverses (substances, comportementales)
  • Troubles relationnels sévères, conflits intra familiaux, conjugaux
  • Sentiment d’être dans une impasse de vie, de couple, de choix de vie
    déficit constant d’estime et d’image de soi.

D’autres facteurs sont aussi à prendre en considération et peuvent constituer des signaux d’alerte comme des antécédents de pathologies mentales dans la famille, d’avoir vécu des traumatismes ou situations traumatisantes, d’une histoire personnelle ou familiale caractérisée par de la violence, maltraitance, un vécu d’abandon…

NB : Attention à l’interprétation des signes ou symptômes, seuls des professionnels de santé mentale, spécialistes du soin psychique peuvent être amenés à émettre des hypothèses diagnostiques, un diagnostic précis.

Existe-il des signes précurseurs au mal-être psychique ?

Dans les signes avant-coureurs très variables en fonction des personnes, on va retrouver la plupart du temps, des comportements inhabituels chez la personne qui peuvent prendre différentes formes :

  • Changements d’humeur plus fréquents ;
  • Mal-être ;
  • « Baisse de moral » ;
  • Irritabilité ;
  • Plus grande nervosité ;
  • Réactions à des stress minimes de la vie de tous les jours ;
  • Sentiment de fatigue permanente ;
  • Baisse d’intérêt pour des activités pourtant investies auparavant ;
  • Envie de ruptures radicales par rapport au quotidien, au mode de vie, isolement, retrait ;
  • Troubles du sommeil (sommeil non réparateur, problème d’endormissement, réveil matinal…) ;
  • Troubles de l’alimentation (perte d’appétit, de poids ou au contraire hyperphagie, prise de poids…) ;
  • Symptômes psychosomatiques (céphalées, douleurs au ventre, au dos…sans origine organique).

Les signes précurseurs qui montrent un besoin de consulter, sont le plus souvent discrets dans les premiers temps, mais augmentent progressivement dans le temps, jusqu’à ce qu’ils génèrent des symptômes psychiques ou psychosomatiques relativement clairs par la suite.

À noter que les attitudes ou comportements inhabituels, certains changements d’humeur, des troubles oro-alimentaires ou du sommeil peuvent constituer des premiers signes d’alerte de troubles plus ou moins ou syndromes typiques (anxieux, dépressifs, addictions…) ou non spécifiques à un troubles (anxiété de performance lors d’un examen, stress lié à une promotion, un deuil , une séparation…). Néanmoins, ils n’impliquent pas obligatoirement un trouble psychique avéré ou de santé mentale, mais peuvent parfois suggérer des troubles réactionnels ou transitoires à des difficultés existentielles ou à un contexte personnel particulier.

Psychologue : peut-on consulter quand “tout va bien” ?

Il n’y a pas besoin d’être en souffrance psychique, en détresse, de présenter des symptômes importants, ou un syndrome avéré pour consulter un psychologue. En effet, on peut tout à fait consulter en psychologie, dans l’objectif de mieux se connaître, d’aller à la découverte de soi-même en pratiquant l’introspection, de mieux comprendre son fonctionnement psychique, ses mécanismes de défenses et d’adaptation, de développer sa compréhension des autres, sa créativité et ses interactions constructives dans la vie de tous les jours. De même, on peut entamer un suivi psychologique dans un objectif d’épanouissement, de bien être, de développement personnel afin de développer de nouvelles potentialités et capacités dans de nombreux domaines tels que le travail, ses études, le couple, la parentalité, ses relations… Pour d’autres, le but peut être la gestion du stress notamment dans les domaines de la performance (sport, artistiques, management, entrepreneuriat, métiers à risque ou générateur de stress….) afin d’optimiser au mieux leurs capacités cognitives, émotionnelles, affectives.

Psychologue, psychiatre ou psychothérapeute... Quel spécialiste consulter ?

Le Psychologue clinicien

Le Psychologue est un Universitaire, le plus plus souvent non médecin, et qui a une formation d’au moins 5 ans en Psychologie ayant obtenu un master professionnel en Psychologie clinique / sciences humaines cliniques et/ou en plus un Doctorat (8 à 10 ans d’études) en Psychologie clinique et Psychopathologie. Celui que l’on consulte pour des problèmes, ou difficultés psychologiques, troubles psychiques durables ou transitoires est un Psychologue clinicien. Il peut être amené à proposer des entretiens à visée thérapeutique, des consultations pour des évaluations diagnostiques, des psychothérapies en fonction de différentes approches et de ses orientations cliniques (psychothérapie de soutien, thérapie cognitive et comportementale, thérapie systémique, psychodynamique, psychanalytique, EMDR, hypnose... Dans certains cas, il peut préconiser ou réaliser des tests ou évaluations de personnalité, d’efficience, d’intelligence, de développement neuropsychologique pour les enfants notamment. En fonction de leurs formations, spécialités et sensibilités, les psychologues cliniciens proposent suivant les indications des thérapies de couple, familiale, parents-enfant, pour les adolescents…

NB : L'usage du titre professionnel de psychologue est strictement encadré et réservé à des personnes qualifiés qui sont « titulaires d'un diplôme d’état en Psychologie » ou d'un titre sanctionnant une formation universitaire fondamentale de haut niveau (Doctorat) en Psychologie. La liste est établie par décret en Conseil d'Etat. Les Psychologues sont enregistrés sur un registre auprès de l’ARS avec un numéro « ADELI ». Il doit être accessible au public et aux usagers qui le demandent car il garantit la qualification professionnelle des psychologues pour les patients. Précision importante de nos jours car de nombreux cas d’usurpation de titres ou de personnes prétendant « être Psy en émotions, énergies » ou autres qualificatifs ou « faux spécialistes en psychologie et autres médecines douces ou alternatives » n’ont en réalité aucune qualification dans le domaine professionnel de la Psychologie universitaire, libérale ou hospitalière.

Le Psychiatre

C’est un médecin qui a suivi un cursus académique à la faculté de médecine. Il s’est dans un deuxième temps, spécialisé en psychiatrie (internat de 4 ans dont un an minimum en pédopsychiatrie). En plus de l’approche somatique de médecine générale, il s’est ensuite spécialisé en Psychiatrie (10 ans d’études y compris spécialisation, numéro de médecin RPPS validé ARS) dans les approches diagnostiques, et les stratégies thérapeutiques psychiatriques en fonction des pathologies mentales, ainsi que dans la prescription complexe des traitements médicamenteux (psychotropes, antidépresseurs, anxiolytiques, antipsychotiques….). Il propose également des entretiens thérapeutiques, des consultations à visée diagnostique, et il peut être amené à poser un diagnostic médical psychiatrique précis en fonction de la demande. Il assure la coordination des soins psychiques du patient, du suivi psychiatrique régulier permettant d’évaluer la progression du patient, les éventuels réajustements thérapeutiques. Il peut également en fonction de son approche clinique et de ses spécialités proposer des psychothérapies. Contrairement au Psychologue, c’est le seul à être autorisé à prescrire des médicaments et traitements psychotropes en fonction des pathologies mentales et lorsque cela semble judicieux et nécessaire pour le patient et son évolution. On peut noter que le psychiatre est un médecin qui diagnostique et traite les troubles psychiques, et les maladies ou pathologies mentales.

Le Psychothérapeute

Le Psychothérapeute est avant tout une fonction, et s’inscrit dans une pratique concrète du soin psychique auprès des patients dans un cadre réglementé. Les psychothérapeutes en fonction de leurs formations, approches, expériences peuvent proposer après évaluation de la situation clinique, du type de troubles et du profil de la personne différentes stratégies thérapeutiques : psychothérapies familiales, psychothérapie de couple, individuelle, thérapies comportementales (TCC), hypnose et hypnothérapie, EMDR, psychanalyse, psychothérapie humaniste, psychothérapie systémique, mindfull et médiation de pleine conscience…

NB : Suite à de nombreux abus où certaines personnes se prétendaient « psychothérapeute, thérapeute… » soit avec des formations très sommaires ou bien sans aucuns titres se disaient « faire de la thérapie », le titre de « psychothérapeute » fait partie dorénavant des titres protégés par l’état en France. Cette situation est relativement récente (loi Accoyer 2004; décret d’application 2010, et publication en 2012). Concrètement, le titre ne peut être demandé à L’ARS que par les Psychologues, Psychiatres sur titres, ou médecins et psychanalystes (membres d’associations reconnues…) ayant validés une formation théorique (400h) et pratique de 4 mois de stage en pathologie/clinique délivrée par une université française.

Choisir son psy, une question de feeling

Pour une psychothérapie, il est donc raisonnable de s’orienter vers un psychologue clinicien ou un psychiatre qui sont la plupart du temps également psychothérapeutes du fait de leur domaine d’expertise. En fonction de vos difficultés, de votre personnalité, de vos problématiques, et symptômes, ils sauront vous proposer les stratégies thérapeutiques qui vous correspondent le mieux. Bien entendu, au-delà des titres et des qualifications et types de thérapies, une bonne alliance thérapeutique est indispensable entre le patient et son psychothérapeute. L’expérience clinique, son style thérapeutique et sa personnalité seront également à prendre en compte dans le choix du Psychologue/Psychothérapeute ou Psychiatre/Psychothérapeute.

Choisir de consulter l’un ou l’autre est un choix individuel, de sensibilité personnelle. Quand les difficultés sont relationnelles, réactionnelles, transitoires en lien avec des événements particuliers de la vie, des situations spécifiques, des problématiques adaptatives, de personnalité, de couple, scolaires, de travail, des troubles légers à modérés, des difficultés adaptatives où l’on se sent débordé, dépassé, dans une impasse, un carrefour existentiel, consulter un psychologue est tout à fait judicieux et peut permettre de sortir d’une situation, d’un état de mal être, de souffrance psychique. Pour mieux comprendre au mieux son fonctionnement psychique, réguler ses émotions, régler certains aspects de sa problématique personnelle, de couple et/ou familiale et avancer vers de nouveaux horizons, un suivi régulier en psychothérapie sera nécessaire. Mais quand les difficultés sont clairement pathologiques et nécessitent l’apport d’un traitement médicamenteux, d’une prise en charge médicale et/ou hospitalité, il est préférable de consulter un psychiatre qui pourra éventuellement prescrire mais aussi aiguiller vers un psychologue/psychothérapeute dans une approche complémentaire.

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