6 choses à ne pas faire avec une personne bipolaireIstock
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Le trouble bipolaire est un trouble de l’humeur caractérisé par l’alternance d’épisodes d’excitation allant de l’irritabilité à l’euphorie (on parle de manie ou d’hypomanie) et de périodes de dépression parfois profonde. Cette affection psychiatrique est susceptible de compromettre la vie socio-professionnelle du malade et l’expose à un risque de suicide. Si vous côtoyez une personne bipolaire, il y a six choses à ne faire sous aucun prétexte.

Réagir de manière impulsive

"Une personne bipolaire a avant tout besoin de calme et de réassurance", explique le docteur Christian Gay, psychiatre, spécialiste des troubles bipolaires et auteur du livre Vivre avec un maniaco-dépressif. L'essentiel est d'éviter de se laisser déborder par ses émotions.

En phase maniaque, le patient bipolaire "colle" en effet, à l'atmosphère générale et répond au quart de tour par des réactions disproportionnées. Face à un interlocuteur agité, il surenchérit et lorsqu’un patient agresse verbalement, répondre sur le même ton ne peut qu’aggraver ses réactions. En phase dépressive, le patient bipolaire peut aussi se montrer agressif ou irritable, mais il ne faut pas répondre avec les mêmes armes.

Ce qu'il faut faire : mieux vaut essayer de prendre de la distance et de relativiser, parce qu'on sait que la personne est bipolaire. Ce n'est pas toujours facile, mais adopter la réaction adéquate peut se travailler, par exemple, en thérapie de groupe. Et s'il vous arrive de "craquer" et de réagir de manière un peu trop impulsive, pas la peine de culpabiliser, cela arrive à tous les proches de personnes bipolaires.

Favoriser l'excitation

Dans la phase maniaque, une personne bipolaire se trouve dans un état d’hypersensorialité : ses sens sont affûtés et ses perceptions (visuelles, gustatives, auditives, olfactives, tactiles) sont exacerbées.

Ce qu'il faut faire : "Mieux vaut favoriser un environnement de repos et de calme pour stabiliser l'humeur de la personne bipolaire : limiter les bruits, la musique, l’usage immodéré de la télévision, les longues soirées, les discussions interminables, les activités sportives en excès. Tout est bien sûr question de dosage, il faut rester discret et ne surtout pas avoir l'air d'infantiliser la personne", conseille le docteur Gay.

Il peut être utile de dresser avec le patient bipolaire la liste de ses facteurs d’excitation, de fatigue et de stress. Pour l’un, ce sera la pratique sportive qu’il faudra réduire, pour l’autre, les heures supplémentaires au bureau, pour un troisième, les virées arrosées entre amis, pour un autre encore, les déjeuners avec la belle-famille…

À savoir : "Rechercher l’équilibre et la modération dans les rythmes quotidiens ne signifie pas supprimer tout relief dans le déroulement de la vie familiale", nuance le psychiatre. Il est important de conserver certaines habitudes et moments forts de la vie du foyer (réunions de famille, anniversaires) à condition de modérer leur intensité. Les fêtes, en revanche, représentent pour les patients bipolaires en phase maniaque un exercice périlleux.

Culpabiliser le malade et lui faire la morale

"Il faut retenir que la dépression dont souffre une personne bipolaire n’est pas liée à un manque de volonté, que c’est une maladie à part entière, en rapport avec des dysfonctionnements neurobiologiques. Inutile donc de culpabiliser le malade, de lui faire la morale, de l’infantiliser ou de lui demander de prendre sur lui", note le docteur Gay.

Les reproches du type "tu y mets de la mauvaise volonté" sont contre-productifs car le malade bipolaire n'est pas en mesure de contrôler son trouble. Dans le même ordre d’idée, exhorter un patient déprimé à se secouer est inadapté et inefficace.

Ce qu'il faut faire : mieux vaut manifester de l'empathie, de la compassion et de la compréhension, en évitant de porter un jugement. Il ne faut pas minimiser les plaintes et les sentiments exprimés par la personne bipolaire et accepter son état comme elle le décrit, même si on ne le comprend pas.

Entrer dans le conflit et critiquer

"Face à une personne bipolaire qui se trouve en état d’excitation, la communication est souvent compliquée, voire impossible. Il faut éviter de contredire, de critiquer ouvertement et contourner les mots qui fâchent, car une personne bipolaire prend la mouche facilement."

Ce qu'il faut faire : rester positif. Mieux vaut, par exemple, parler au conditionnel plutôt qu’à l’impératif ("ce serait bien si… " plutôt que "tu dois… ") et montrer de l’empathie : "Je te comprends, tu as beaucoup travaillé ces derniers temps, tu devrais te reposer un peu." Lors des phases maniaques, il faut faire preuve de tact, de diplomatie et de patience", conseille le docteur Gay. L’objectif est "de calmer le jeu", d’éviter le conflit et de maintenir un lien. Il faut rester à l'écoute et se montrer rassurant, bienveillant, encourageant.

Tout mettre sur le compte de la maladie

"Le principal danger est d’interpréter toute manifestation émotionnelle ou comportementale comme l’annonce d’une rechute : un patient bipolaire a le droit de rire, se mettre en colère sans que cela signifie qu’il est en train de monter dans une phase maniaque", rappelle le spécialiste.

Ce qu'il faut faire : essayer de ne pas s'inquiéter et se crisper au moindre changement d'attitude, car il existe des intervalles "libres" entre les phases maniaques et dépressives, durant lesquelles l'attitude du patient bipolaire est la même que celle d'une personne non malade.

Vouloir tout gérer seul

"L’entourage joue un rôle important dans la prise en charge du trouble bipolaire. Il peut aider et accompagner le patient, mais son rôle s'arrête là : il ne doit pas se substituer aux soignants", rappelle le docteur Gay.

Ce qu'il faut faire : si une personne proche souffre de troubles bipolaires, il est important de faire alliance avec les professionnels formés à cette maladie. Il faut aussi se faire aider et prendre du temps pour soi. "Maintenir ses propres activités, ses propres lieux et temps de ressourcement et rechercher un soutien apportent de sérieuses garanties contre l’effet boule de neige qu’a parfois la maladie maniaco-dépressive sur les couples et les familles en général", assure le psychiatre.

Il est par exemple intéressant de participer aux groupes de parole et d’échange proposés par des associations (comme l'Union nationale des amis et familles de malades psychiques, ou Unafam), voire de suivre soi-même une psychothérapie si on en ressent le besoin.

Sources

Vivre avec un maniaco-dépressif, du docteur Christian Gay, Éditions Fayard.

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