Une médecin nous révèle comment faire du sport avec une maladie respiratoireIstock

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Saviez-vous qu’Alain Bernard était asthmatique ? Et il n’est pas le seul ! Le Dr Françoise Pariente Ichou est médecin, microbiologiste, et responsable scientifique de la Grégory Pariente Fondation, spécialisée dans l’asthme des jeunes. Elle répond à nos questions sur la pratique du sport pour les personnes atteintes d’asthme ou d’une autre maladie respiratoire chronique.

PB : Est-ce vrai qu’il faut éviter de faire du sport quand on souffre d’asthme ou d’une autre maladie respiratoire chronique ?

FPI : C’est vrai que pendant longtemps, le sport a été déconseillé aux personnes qui souffrent d’asthme ou d’insuffisance respiratoire. Mais en réalité, c’est tout le contraire ! L’activité physique aide les patients à mieux respirer et mieux bouger. Ils évitent ainsi la spirale du déconditionnement, très fréquente chez les malades des poumons.

À long terme, la pratique régulière du sport permet de mieux contrôler sa maladie. Pour l'ensemble des maladies respiratoires chroniques, l’exercice permet de prévenir leur évolution vers des stades supérieurs. Le sport améliore également son poids, l’image de soi, mais aussi la qualité de vie, le contact social, le rapport au handicap… Des bienfaits à ne pas négliger !

PB : Quels sports choisir lorsque l’on est concerné par une de ces maladies ?

FPI : La question devrait plutôt être : “quels sports ne pas choisir” ! Ça peut paraître surprenant, mais aujourd’hui, il n’y a aucune contre-indication : tous les sports sont à la portée de ces patients. Ce qu’on dit souvent en tant que médecins, c’est que le meilleur sport, c’est celui que le patient souhaite faire et qui lui convient.

Malgré cette absence d’interdiction, il y a tout de même deux pratiques sportives en particulier que je ne recommanderais pas aux personnes asthmatiques. Premièrement, la plongée avec bouteille présente un danger, car l’air comprimé dans la bouteille est froid et sec, ce qui peut déclencher une crise d’asthme par exemple. Aussi, à la remontée, la pression diminue et l’air se dilate. Si une bronche est obstruée par du mucus ou par un spasme, l’air ne peut sortir et il arrive qu’il y ait des complications très graves, voire mortelles, mais cela reste très rare. Ce sport est très déconseillé aux malades atteint de BPCO ou de fibrose pulmonaire, plus encore qu’aux asthmatiques.

Le deuxième sport à éviter selon mon expérience, c’est l’équitation. Monter à cheval, ce n’est pas que faire une balade avec l’animal, il faut aussi s’en occuper. Or, dans les box, la poussière et les poils ne font pas bon ménage avec l’asthme et les allergies souvent liées. Pour les autres maladies respiratoires chroniques comme la BPCO ou la fibrose pulmonaire, ce sport n’est pas spécifiquement déconseillé mais c’est l’effort qui est mal toléré, si la maladie est avancée.

PB : Peut-on devenir un athlète de haut niveau en étant atteint d’asthme ?

FPI : Bien sûr ! Avec la fondation, nous suivons Alexandre Marchand, un jeune homme asthmatique qui va réaliser un Ironman ce dimanche 22 juin. Il court pour les autres asthmatiques et il est la preuve, parmi d’autres grands sportifs comme lui, que cette maladie n’est pas un frein au sport de haut niveau.

Certaines personnes atteintes d’asthme sévère sont également des sportifs professionnels, comme Léa Tournier (Waterpolo) et Dorian Cherioux (marathon) que la fondation a interviewés. L'important c'est que l’asthme reste bien contrôlé et de connaître les bonnes précautions.

PB : Quels conseils donneriez-vous à une personne atteinte d’une maladie respiratoire chronique qui veut se mettre au sport ?

FPI : Faire du sport, oui, mais pas n’importe comment ! Une bonne préparation et un accompagnement sont essentiels pour gérer le bien bouger et bien respirer. Ne débutez pas une activité sans un bilan et un avis favorable d’un médecin du sport, ou d’un pneumologue. Ces derniers pourront vous donner les conseils les plus adaptés à votre cas. Et ce, surtout lorsqu’il s’agit d’un sport très endurant ou très poussé sur le cardio. En fait, ce qu’il faut, c’est que l’asthme soit contrôlé.

Je conseille de toujours inhaler son bronchodilatateur dix à quinze minutes avant chaque séance. Alexandre, lui, l’utilise également au milieu de son parcours d’endurance, pour que ça dure. Le deuxième conseil essentiel, c’est d’effectuer un bon échauffement. Celui-ci évite que l’organisme ne stresse et n'engendre un bronchospasme, tout en le laissant démarrer lentement. Ensuite, l’hydratation est encore plus importante que pour les autres : Alexandre nous dit s’hydrater deux fois plus qu’un non-asthmatique, et ce avant, pendant et après l’effort.

Enfin, je recommande vivement de prêter attention aux conditions climatiques. Les maladies respiratoires chroniques détestent la pollution, mais également l’air trop chaud, trop froid, trop sec ou trop humide… En cas de pic de pollution ou de canicule, mieux vaut reporter la séance, malheureusement. Lorsqu’il fait froid, c’est autre chose : vous pouvez, comme Alexandre, utiliser un masque. Celui-ci permet de réchauffer l’air près de la bouche avant qu’il ne soit inhalé.

Si vous respectez ces conseils, vous tirerez tous les bénéfices de l’activité physique, sans limitation… Surtout si vous êtes bien entouré et encadré !

Sources

Dr Françoise Pariente Ichou est médecin, microbiologiste, et responsable scientifique de la fondation Grégory Pariente