La douche très froide en été : un geste à oublier ?Adobe Stock
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A la saison estivale, certains l’apprécient chaude, d’autres froide ou à l’écossaise (alternance de chaud et de froid)… La température de l’eau sous la douche, constitue de prime abord, un "non sujet" aussi matière à débat que le choix entre les brochettes ou les chipolatas au barbecue.

Mais à y regarder de plus près, la question de la douche très froide ou glacée en été mériterait qu’on s’y attarde un peu, au vu de ses nombreux adeptes. Car cette tendance adoubée en été ne serait pas si recommandable que ça, d’après des experts britanniques qui rouvrent le débat.

Canicule : les effets de la chaleur sur l’organisme

Face à des fortes chaleurs, le corps est soumis à rude épreuve. L’organisme déploie des stratégies pour maintenir sa température corporelle à 37°. Ses efforts de régulation thermique s’expriment à travers le processus de transpiration et la respiration qui s’accélère : le corps élimine la chaleur via la sudation mais aussi par la vapeur d’eau, rejetée par le souffle.

La chaleur influe aussi directement sur le diamètre interne des vaisseaux sanguins, situés à la surface de la peau, qui augmente. Ce processus de vasodilatation est destiné à refroidir le sang et faire face à la pression des températures extérieures.

Problème, se doucher à l’eau très froide ou glacée peut venir contrecarrer ces mécanismes naturels de thermorégulation : la perception du froid entrave le processus de transpiration. Autre effet immédiat, le froid entraîne une brusque vasoconstriction des vaisseaux sanguins. Le diamètre des vaisseaux rétrécit, ce qui a pour effet de ralentir le flux sanguin à des fins de conservation de la chaleur en interne.

Dit autrement, au lieu de se refroidir, le corps se réchauffe, exposant à un double "effet kiss cool" au sortir de la douche. La sensation de chaleur est encore plus importante. En réaction, le corps monte plus vite en température, ce qui n’est pas sans risque pour l’organisme.

Douche glacée : un risque de choc thermique

La vasoconstriction observée en réaction à l’eau très froide ou glacée se traduit par une brusque augmentation de la fréquence artérielle, ce qui pourrait présenter un danger pour les personnes souffrant de problèmes cardiaques (hypertension, antécédent d’AVC).

Prendre une douche glacée quand il fait chaud génère un stress thermique qui peut, dans des cas extrêmes, avoir des répercussions néfastes sur l’organisme, en favorisant par exemple l’hyperventilation, met en garde l’expert santé Glen Coulson dans les colonnes de Metro UK : "l'immersion dans de l'eau glacée peut provoquer un choc thermique, ce qui peut entraîner un certain nombre de réactions, allant de l'hyperventilation à l'infarctus", pointe-t-il.
L’hyperventilation, une dyspnée caractérisée par une respiration rapide avec des échanges gazeux plus important, est souvent associée aux accès de panique et d’anxiété. Mais elle peut aussi être causée par la chaleur excessive.

Quand le corps réagit mal aux fortes chaleurs

On l’aura compris, la douche hyper froide, ou glacée, serait contre-productif puisque l’organisme devra encore plus lutter contre la chaleur.

Plus largement, un corps qui n’arrive plus à réguler sa température en interne s’expose davantage aux conséquences négatives de la chaleur, et peut, dans les cas les plus graves, occasionner un coup de chaleur. Appelé aussi hyperthermie, le coup de chaleur est reconnaissable à une palette de symptômes qui nécessitent une prise en charge urgente : température corporelle à 39 °, symptômes de confusion ou comportement étrange, fatigue, maux de tête, vomissements.

Il est bon de rappeler qu’en période de canicule et de pics de chaleur, les populations les plus vulnérables comme les femmes enceintes, les enfants et nourrissons ainsi que les personnes âgées doivent particulièrement se préserver de la chaleur.

Douche froide : les précautions à prendre

Doit-on pour autant totalement bouder la douche froide en été ? Tout dépend où on place le curseur dans l’échelle du froid : "des douches plus fraîches [et non très froides] sont une bonne stratégie pour lutter contre la transpiration extrême par temps chaud", tempère le Dr Abha Gulati, dermatologue consultant à la Harley Street Dermatology Clinic, cité par Metro UK.

Une douche fraîche ou tiède serait le bon compromis pour rafraîchir son organisme : "Il est toujours recommandé de prendre une douche tiède plutôt qu'une douche froide", renchérit de son côté Glen Colson.

De l’avis de ces experts britanniques, une douche ou un bain tiède serait plus conseillée pour abaisser la température corporelle et déclencher le système de thermorégulation corporelle, en facilitant l’évacuation de la chaleur naturellement par l’organisme.

Douche froide ou bain glacé : un faux ami également après l’effort

Si la douche ou le bain glacé est une habitude à oublier en été, ce geste serait encore plus déconseillé après l’effort, ont récemment rapporté des chercheurs français de l’Université de Montpellier dans The Conversation.

Les bains glacés sont souvent prônés par les sportifs, expérimentés ou amateurs, pour faciliter la récupération post-effort. En réduisant la réponse inflammatoire et en réduisant les douleurs musculaires, ils seraient indiqués pour optimiser leurs performances.

En réalité, il semblerait que cette méthode ne soit pas la panacée, dixit Stéphane Perrey, professeur des Universités en Physiologie de l'Exercice / Neurosciences Intégratives, à l’Université de Montpellier et Marc Julia, médecin du Sport et chercheur associé STAPS à l’Université de Montpellier. "L’immersion en eau froide, principalement en raison de sa capacité à diminuer la température des tissus et le flux sanguin, peut réduire les douleurs et œdèmes musculaires, mais ses effets sur la récupération et les performances musculaires sont très discutés", expliquent-ils.

Les fondus de musculation désireux de développer leur masse musculaire auraient également intérêt à éviter les bains glacés, précisent encore les chercheurs : "Une autre recherche a examiné les effets de la récupération active et des bains de glace sur les adaptations à l’entraînement en musculation. Après 12 semaines, les bains de glace atténuaient la croissance musculaire… et les gains de force ! Les effets aigus (négatifs) de l’immersion en eau froide apparaissent ainsi sur le plus long terme, peut-être suite à une diminution de la testostérone circulant dans le sang". Les experts déconseillent ainsi "l’immersion dans l’eau froide comme stratégie de récupération après l’exercice" aux sportifs qui viseraient une prise de masse musculaire ou un gain de force.

Douche froide : les meilleures astuces pour se rafraîchir en été

Pour les sportifs comme les non sportifs, il existe des parades efficaces pour affronter la canicule en été. Pour supporter la chaleur et aider son corps à réguler sa température interne, on pense ainsi à :

-s’hydrater régulièrement ( au moins 1,5 L à 2 L) pour faciliter la production de sueur et l’élimination de la chaleur.

-de profiter en intérieur de l’air ambiant, qui peut être brassé par un ventilateur pour favoriser l’évaporation de la sueur présente sur la peau.

On reste néanmoins vigilant en utilisant son ventilateur. Car certains risques liés à son usage la nuit pourrait avoir des effets insoupçonnés sur la santé, en favorisant certains désagréments tels que des irritations oculaires, des douleurs musculaires, des allergies, comme le dévoilait Medisite dans un récent article.

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