Moustiques tigres : trois dispositifs innovants installés en France pour limiter les transmissions de maladiesImage d'illustrationIstock

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La saison des moustiques est officiellement ouverte dans l’Hexagone. Pour limiter la prolifération des arboviroses telles que la dengue, et le chikungunya sur le territoire, chaque année, dès le 1er mai, Santé publique France active la surveillance renforcée. L’objectif : identifier et surveiller la circulation du moustique tigre. Mais certaines villes n’attendent pas que ces nuisibles arrivent à leurs portes pour prendre les devants. Grâce à des start-up et à des scientifiques passionnés, certaines communes font preuve d’une grande ingéniosité.

Lâcher 11 millions de moustiques tigres mâles pour limiter la prolifération de ces nuisibles

C'est le cas de la ville de Brive-la-Gaillarde. Son arme n’est autre que le moustique tigre lui-même. Et non, ce n'est pas une blague. La mairie a décidé de lâcher chaque semaine dans l'agglomération 400 000 de ces insectes aux taches blanches, entre mai et octobre. Tous des mâles.

L'idée est de libérer des moustiques mâles stérilisés qui ne piquent pas au milieu des femelles, qui elles piquent et sont très fertiles. Certaines seront ainsi fécondées par un mâle stérile et n'auront donc pas de descendance. Ce qui à terme, réduit l'infestation. Il s’agit d’une technique de lutte biologique qui a déjà fait ses preuves à La Réunion.

Cette méthode, développée par l’entreprise Terratis à Montpellier, promet une réduction du nombre d'œufs fécondés, et in fine de moustiques, de 60 % la première année et de 90 % la seconde. « Sur une île, on pourrait viser vraiment l'éradication. Ici, on vise le maintien très bas de la population », assure, sur France Bleu, Clélia Oliva, la présidente fondatrice de Terratis.

L’entreprise précise que l’opération « ne concerne qu’une seule espèce et n’a pas d’impact sur la biodiversité puisqu'on continue de lâcher des moustiques pouvant servir de nourriture à la faune ». « On considère que nos mâles vont agir efficacement sur un rayon de 75 mètres. C’est pour ça qu'on va les relâcher environ tous les 150 mètres, de façon à ce qu'ils se dispersent et aillent chercher les femelles dans tout le quartier », ajoute Clélia Oliva.

Des bornes anti-moustiques à l'entrée des communes

Autre innovation : les bornes anti-moustiques écologiques à l’entrée des agglomérations. Et cette fois-ci, direction huit villes des Hauts-de-Seine. Ces appareils, créées par l’entreprise Qista, aspirent les femelles, qui sont les seules à piquer. « Nous avons développé une technique de chasse des moustiques femelles, qui piquent les humains pour les protéines contenues dans le sang, ce qui leur permet de porter les œufs à maturité », explique au Parisien Adrien Le Rouxel, directeur commercial de Qista.

Le système est équipé de bouteilles de CO₂, qui imite la respiration humaine, combiné à un leurre olfactif à base d’acide lactique, comme celui retrouvé dans la transpiration. Parce que la sueur, les moustiques en raffolent.

Et tout cela sans insecticides. « En ciblant les moustiques femelles, les mâles, qui sont inoffensifs, sont épargnés et continuent de jouer leur rôle dans la biodiversité », rassure Adrien Le Rouxel au Parisien.

En 2025, l’entreprise a déployé 140 bornes en Île-de-France, et plus de 400 dans le Var, où le moustique tigre est implanté depuis des années.

La surdité empêche l’envie de reproduction des moustiques

Pour poursuivre dans les découvertes toujours aussi surprenantes de lutte contre les insectes, des scientifiques américains de l’université de Californie ont découvert que la surdité chez les mâles leur retirait toute envie de se reproduire.

Mais comment expliquer un tel phénomène ? Selon les chercheurs, les mâles sont attirés par le bruit des ailes produit par les femelles. « Nous avons donc créé des moustiques sourds en éliminant le canal TRPVa, une protéine nécessaire à l’activation des neurones auditifs induite par le son », expliquent les auteurs de l’étude.

Résultat : sans audition, plus de libido. « Ces travaux révèlent un mode de communication strictement nécessaire au succès de l’accouplement des mâles chez un moustique vecteur de maladies », ajoutent-ils.

Ces mâles sourds pourraient donc, dans l’idée, être relâchés en grande quantité dans la nature pour perturber la reproduction avec les femelles.

"Si aucune mesure n’est efficace à 100%, c’est bien la somme des mesures individuelles et collectives qui permet de diminuer la transmission de ces maladies", précise le ministère de la Santé dans un communiqué, dont voici quelques gestes simples :

  • supprimer les eaux stagnantes à l’intérieur et autour des habitats comme les dessous de pots, les bâches, les déchets, les gouttières ...
  • porter des vêtements longs et amples,
  • installer des moustiquaires
  • mettre en route la climatisation la nuit
  • utiliser des répulsifs sur la peau

Pour rappel, de 2000 à 2019, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a établi que le nombre de cas de dengue signalés dans le monde avait été multiplié par dix, passant de 500 000 à 5,2 millions.