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Simple hasard du calendrier ou coïncidence troublante ? Alors que la Commission européenne s’est prononcée le 20 septembre pour le renouvellement de l’autorisation du glyphosate pour dix années supplémentaires au sein de l’Union européenne, une étude parue le 6 septembre met en lumière un nouveau risque santé associé à cet herbicide controversé.
Dans la revue Journal of Exposure Science & Environmental Epidemiology, l’équipe du chercheur Chien-Yu Lin, de l’université Yuanpei à Taïwan, a évalué, pour la première fois l’impact potentiel de l'exposition au glyphosate sur le système neurologique dans la population générale.

Les chercheurs ont mis en évidence une corrélation entre des niveaux élevés de glyphosate dans l’urine d’adultes américains et des concentrations accrues de biomarqueurs de dommages neurologiques.

Glyphosate : un impact sur la population générale

Ces nouveaux travaux sont d’autant plus préoccupants qu’ils suggèrent pour la première fois que le glyphosate pourrait favoriser le risque de lésions neuronales dans la population générale (ici une cohorte d’adulte américains représentatifs de la population des Etats-Unis) exposés via l’alimentation, et non plus uniquement chez les travailleurs étant en contact étroit avec cette substance dans le milieu professionnel.

Les effets neurotoxiques du glyphosate étudiés

L'homme peut être exposé au glyphosate par plusieurs voies, via le contact cutané, via l'inhalation et via l’alimentation. Aux États-Unis, les données disponibles indiquent que les Américains sont de plus en plus exposés à ce pesticide.

Le glyphosate, l’un des herbicides les plus utilisés au monde, a la capacité de pénétrer la barrière hémato-encéphalique, ce qui pourrait entraîner une série de perturbations neurologiques, recontextualisent les chercheurs dans leur étude.

Par le passé, des études menées sur des animaux ont mis en évidence des effets neurotoxiques d'une exposition à des niveaux élevés de glyphosate sur le cerveau, en perturbant les processus de développement et de neurotransmission, en augmentant les niveaux de stress oxydatif et d'inflammation cérébrale, pouvant conduire à la mort neuronale et à des changements comportementaux.

Le glyphosate déjà associé à des affections neurologiques

De surcroît, des études épidémiologiques ont également conclu que l’exposition professionnelle au glyphosate (chez des agriculteurs, des jardiniers, etc) pouvait être liée à un risque élevé de certaines affections neurologiques, telles que les troubles de la mémoire visuelle et l'autisme, rappellent les chercheurs.

Dans l’étude actuelle, les chercheurs ont voulu en savoir plus sur le lien entre des niveaux de glyphosate et la présence de biomarqueurs de lésions neurologiques chez l’adulte. Ils ont étudié les niveaux de glyphosate dans les urines et la concentration de chaîne légère du neurofilament sérique (NfL). Cette protéine présente dans les axones (prolongement du neurone) est libérée dans le sang en cas de lésion neuroaxonale. Ainsi, des taux sériques élevés de NfL ont déjà été observés dans plusieurs troubles neurologiques comme la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques (SEP).

Du glyphosate dans l’urine de 77% des adultes

Pour leurs investigations, ils ont recruté 597 adultes américains, âgés de 20 à 75 ans, tous participants à l'enquête 2013-2014 National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES), qui dispose de données sur le glyphosate urinaire et la NfL sérique.

Les analyses ont montré une corrélation de niveaux élevés de glyphosate dans l’urine des participants et des concentrations accrues de NfL sérique. 77,4 % des adultes contenaient des niveaux détectables de glyphosate. Dans la même étude, 81 % de la population générale âgée de six ans et plus présentaient des résidus de glyphosate dans leurs urines, précise l’étude.

Selon les chercheurs, ces résultats soulèvent des inquiétudes quant "aux effets potentiels de l'exposition au glyphosate sur la santé neurologique des adultes américains". Néanmoins, les scientifiques ne se disent pas "certains" que les niveaux élevés de NfL résultant de l'exposition au glyphosate contribuent à "des troubles neurologiques cliniquement significatifs".

Ils encouragent à poursuivre les "recherches sur les mécanismes sous-jacents et l'évaluation des risques des effets neurologiques de l'exposition au glyphosate chez l'adulte". Mais ces résultats peuvent avoir "des implications importantes pour les politiques de santé publique et les décisions réglementaires liées à l'utilisation du glyphosate".

Glyphosate : sa dangerosité au centre des polémiques

Mis sur le marché en 1974, le glyphosate, composant de l’herbicide Roundup, est un des pesticides les plus utilisés en agriculture. Son utilisation intensive à l’échelle mondiale s’est accompagnée de préoccupations sanitaires croissantes, à la faveur de différentes études pointant du doigt sa toxicité. En 2021, une expertise collective de l’Inserm a notamment conclu à l’existence d’un risque accru de lymphomes non hodgkiniens (LNH) liée à l’exposition aux pesticides comme le glyphosate.

En 2015, le glyphosate été classé comme "un cancérogène probable" pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé. La dangerosité du glyphosate continue de diviser les politiques et la communauté scientifique.

Cette nouvelle démonstration scientifique de la toxicité du glyphosate pour la santé humaine ne manquera pas d’enflammer un peu plus les débats autour de son utilisation.

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