Permis de conduire : ces maladies qui peuvent être dangereuses au volantAdobe Stock
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On a déploré 73 253 blessés et 3 488 tués sur les routes françaises il y a deux ans, selon le bilan de l’accidentalité de l’année 2018. Une vitesse excessive ou inadaptée est la première cause des drames routiers mortels (29 % des cas). Toutefois, certains troubles qui diminuent les capacités, peuvent également être pointés du doigt.

Sécurité routière : attention à votre santé

La vue, l'ouïe, mais également la réactivité… de nombreux sens entrent en action lorsqu’on est derrière le volant. La perte ou une atteinte à l'un d'eux peut avoir de graves conséquences sur la route. Toutefois, la conduite étant un pilier de l'autonomie, il n'est pas toujours facile de reconnaître la dangerosité de nos comportements routiers. Alors quand faut-il s'inquiéter ? "Quand le temps de réaction diminue, si on se fait surprendre par un événement ou si on n’arrive pas à prendre une décision rapide face à un événement brutal. Cela doit nous alerter. Cela doit conduire à une visite chez son médecin généraliste en premier lieu, et peut-être chez un spécialiste par la suite. Cela peut permettre de découvrir une difficulté visuelle, auditive, neurologique… ", explique le Dr Benjamin Potencier, médecin généraliste.

Les maladies dont il faut se méfier au volant

Si on nous demande de citer des maladies pouvant diminuer les capacités de conduites, les troubles auditifs ou visuels comme la perte d’un œil, la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), le strabisme, la cataracte, la surdité seront les premiers - non sans raison - à nous venir à l'esprit.

Toutefois, ce ne sont pas les seules pathologies potentiellement problématiques. "Selon la loi, toutes les maladies qui diminuent notre capacité d’attention ou de concentration, nos réactions ou notre capacité physique à conduire un véhicule, doivent nécessiter une visite médicale chez un médecin agréé. Il déterminera si l'état de santé est compatible ou non avec la conduite", précise l'expert. Il prévient : "c'est un texte très ouvert. De nombreux assureurs se retranchent souvent derrière pour se dédouaner si un conducteur malade a eu un accident".

Les troubles neurologiques dégénératifs comme les démences, la maladie d’Alzheimer, Parkinson ou encore la sclérose en plaque sont aussi susceptibles de créer des soucis au volant. En effet, ces patients peuvent souffrir d’une perte des repères spatiaux-temporels, d'atteintes cognitives, avoir des difficultés à planifier ou exécuter des tâches familières comme conduire. Les pathologies neurologiques non-dégénératives telles que l’épilepsie et les maladies neurovasculaires (AVC) sont aussi à surveiller.

Les patients souffrant d’une maladie cardiaque doivent aussi se montrer prudents. Les infarctus, l’insuffisance cardiaque, les cardiomyopathies ou encore les troubles du rythme cardiaque peuvent impacter les capacités de conduite, et nécessitent ainsi une visite médicale chez un médecin agréé.

"Pour les patients qui sortent d’un AVC ou d’un pontage, le médecin rééducateur, le cardiologue ou le neurologue les informe qu’ils doivent voir un médecin pour faire valider leur permis. Toutefois, il n’est pas recommandé de le faire tout de suite. Il faut a ttendre deux ou trois mois, selon la gravité de l’accident médical. S’ils viennent trop tôt, les séquelles seront encore trop présentes pour un bilan juste", précise le spécialiste.

Les troubles du sommeil comme l’apnée du sommeil ou la narcolepsie peuvent aussi être dangereux pour les conducteurs. En effet, ils induisent une diminution de la vigilance. Moins évident de prime abord, il faut aussi se méfier si on est diabétique. "L’hypoglycémie peut créer des troubles problématiques en cas de prise de volant. La maladie en elle-même est susceptible de provoquer des troubles visuels et/ou sensoriels qui diminuent les capacités de conduite. Les médicaments prescrits peuvent aussi être dangereux", ajoute le généraliste.

Route et médicaments : méfiance !

Route et médicaments : méfiance !© Istock

"Parfois, les pathologies ne sont pas gênantes pour la conduite, mais ce sont les traitements qui sont embêtants", prévient le Dr Benjamin Potencier, médecin généraliste. Plusieurs médicaments sont, en effet, susceptibles de diminuer la vigilance, la concentration et le temps de réaction des personnes qui les prennent.

On peut entre autres citer les psychotropes, les neuroleptiques, les antidépresseurs, la benzodiazépine, les anxiolytiques ou encore certains antalgiques.

Il est ainsi important de prendre connaissance des effets secondaires des médicaments que l’on prend, avant de prendre le volant. Par ailleurs, il est primordial de suivre les recommandations du médecin lors de la prise d’un traitement (quantité, délai entre deux cachets…).

L’alcool et la drogue, responsables de nombreux décès sur les routes

"Les conduites addictives liées à l’alcool, la drogue ou encore la marijuana peuvent aussi avoir de graves conséquences derrière un volant. En effet, elles altèrent le jugement, le comportement ainsi que le temps de réaction", rappelle notre expert.

Ces propos sont appuyés par des données statistiques inquiétantes : l’alcool est une des causes des accidents mortels dans 19% des cas, 30% des décès interviennent alors qu’au moins une des parties impliquées avait un taux d’alcool au-delà du taux légal. L’usage de stupéfiants est une des causes dans 9% des cas. Par ailleurs, 23% des décès routiers surviennent lors d’un accident impliquant au moins un conducteur testé positif. Ainsi, 43,5% des morts de la route ont perdu la vie dans un accident avec au moins un conducteur sous influence d’alcool ou de stupéfiants.

Permis de conduire : quand passer la visite médicale pour raison de santé ?

Permis de conduire : quand passer la visite médicale pour raison de santé ?© Istock

Le plus souvent, c’est le médecin qui avertit le patient que ses troubles peuvent entraîner des restrictions de délivrances du permis de conduire. Il est alors nécessaire d’effectuer un contrôle médical chez un docteur agréé par le préfet. "Il faut aller chez un médecin reconnu par la préfecture de son lieu de résidence", précise le Dr Benjamin Potencier.

"Si de nombreux conducteurs viennent à la demande de leur médecin ou leurs spécialistes, nous avons aussi des familles qui nous adressent des personnes âgées, souvent atteintes de la maladie d’Alzheimer ou trouble démentiel. Elles nous les amènent pour savoir si elles peuvent encore conduire", ajoute l’expert.

Lors de la visite, le médecin évalue si le patient peut conduire ou non sans risque, s’il a besoin d’un dispositif spécifique ou pas (lunettes, commande automatique, avec des commandes adaptées…). "Il est possible d’émettre uniquement des restrictions comme interdire la conduite de nuit, sur l’autoroute, à plus de 20 km du domicile, sans passager. Les restrictions sont graduelles. Ça permet à certains patients de pouvoir faire leurs courses ou aller chez le médecin en voiture, et garder ainsi une autonomie".

Une fois le certificat obtenu, le patient doit le remettre à l’ANTS.

Conduire avec des lunettes, une commande automatique, des commandes adaptées. Les recommandations sont stipulées sur le certificat Cerfa puis ajoutées en bas du permis de conduire.

Que faire face à un proche dangereux en voiture à cause de sa santé ?

Que faire face à un proche dangereux en voiture à cause de sa santé ? © Istock

La conduite est un des principaux remparts contre la dépendance. Les chauffeurs sont ainsi souvent peu enclins à renoncer à leur véhicule. "Ils sont souvent dans le déni : ils disent qu’ils conduisent depuis 50 ans et qu’ils n’ont jamais eu d’accidents", indique le Dr Benjamin Potencier.

Comment faire comprendre à un proche que ses soucis de santé en font un danger routier ? Comment le convaincre de ranger ses clés ? "Il faut tenter de lui faire comprendre que cela serait bien d’arrêter de conduire. Mais les patients sont souvent dans le déni de leurs difficultés", reconnaît le docteur.

"Il faut l’inviter à aller voir son médecin traitant ou directement un médecin agréé. Il parviendra à lui faire comprendre qu’il est dangereux pour les autres et eux-mêmes lorsqu’il est sur la route. Nous avons l’habitude et une validité pour le dire", conclut l’expert.

Sources

Merci au Dr Benjamin Potencier, vous pouvez le retrouver sur son site benjamin-potencier.fr