Longtemps les médecines dites douces (on les appelle à tort douces mais elles peuvent en réalité être puissantes) ont été cantonnées à un usage domestique, accessoire, et réservées à la bobologie, un peu à l’image des remèdes de grands-mères. Pire, on avait l’habitude de confronter médecine douce/traditionnelle (comme la médecine traditionnelle chinoise) et médecine moderne, allopathique. Depuis quelques années, les choses ont bien changé. Les médecines douces ont envahi les hôpitaux et sont proposées le plus souvent en soins de supports (pour mieux gérer les effets secondaires de traitements lourds par exemple) ou aider à réduire les médicaments ou limiter certains effets secondaires des molécules chimiques (l’hypnose ou hypnosédation en bloc opératoire pour réduire les doses d’anesthésiants).
Reste que les médecines douces, qu’elles soient anciennes ou développées plus récemment, évoluent hors cadre. D’où les risques de dérives.
Les scientifiques au secours des médecines douces?
C’est pourquoi il était essentiel de réinjecter une bonne dose de science dans tout cela, ne serait-ce que pour asseoir les bénéfices santé réels de telle ou telle pratique mais aussi de repérer celles qui relèvent plus du charlatanisme.
“Il était impératif de trier les médecines douces par la science- il faut parler plus précisément d’Interventions Non Médicamenteuses (INM) - et de déterminer les pratiques efficace pour quelle pathologie, explique le Pr Grégory Ninot, Directeur adjoint de l’Institut Desbrest d’Épidémiologie et de Santé Publique (UMR 1318 INSERM – Université de Montpellier - INRIA), président de la Non Pharmalogical Intervention Society (NPIS). Une expertise des données de la science est obligatoire pour les proposer aux personnes malades et former correctement les praticiens à ces protocoles personnalisés et ciblés de prévention et de soin.” Ce travail est devenu possible avec la création par la NPIS d'un "guide méthodologique et éthique standardisé d’évaluation des INM cautionné par vingt-neuf sociétés savantes et qui été présenté au Sénat le 6 octobre 2023”, précise le Pr Ninot. Un référentiel est actuellement en cours d’élaboration avec toutes les autorités et sociétés savantes volontaires. La prise en charge par l’Assurance maladie de certaines médecines douces ne devrait pas tarder d'après notre expert, remboursement qui sera complété par les mutuelles.
En attendant que les autorités compétentes finalisent l’usage de ces médecines douces par nos professionnels de santé, on peut déjà faire confiance à ces dix médecines douces répertoriées par la NPIS et dont les bénéfices santé ont été validés par les scientifiques.
L’acupuncture pour diminuer la peur avant une intervention chirurgicale
1/10
L’auriculothérapie, cette pratique spécifique d’acupuncture qui cible des points situés sur l’oreille a montré son efficacité pour lutter contre l’anxiété préopératoire (y compris avant l'extraction d’une dent). “Les résultats montrent que l’acupuncture auriculaire et le médicament sont aussi efficaces pour diminuer significativement l’anxiété trente minutes avant l’opération comparés aux interventions contrôle”, précise le Pr Ninot dans “100 médecines douces validées par la science »
Le biofeedback pour soulager la migraine
2/10
Le biofeedback permet en quelque sorte de “rééduquer son cerveau” en s'appuyant sur des informations en temps réel entre nos données physiologiques captées par des électrodes et un ordinateur qui les analyse. Près d’une centaine d’essais cliniques ont montré que cette pratique pouvait atténuer la fréquence des crises de migraine, et donc diminuer la prise de médicaments et limiter anxiété et dépression liées à la maladie.
L’huile essentielle de lavande pour prévenir les insomnies
3/10
La lavande est connue depuis longtemps pour ses vertus relaxantes. Cet antistress se révèle aussi très efficace pour traiter les troubles du sommeil et notamment l’insomnie selon une méta-analyse, en particulier quand elle est utilisée en diffusion atmosphérique. Attention à simplement arrêter de diffuseur une demi-heure avant le coucher.
Le tai-chi pour prévenir les chutes chez les plus de 60 ans
4/10
Selon l’étude de référence, la pratique du tai-chi “réduit le nombre de personnes qui chutent de 20 %, et le taux annuel de chutes de 31 %.” Pour obtenir ces bénéfices, il faut pratiquer au minimum une fois par semaine.
Le massage suédois pour lutter contre la fatigue
5/10
Tous les types de massages font baisser la tension, elle-même responsable de fatigue. Toutefois les bénéfices du massage suédois (jambes, dos, épaules, visage, bras épaules, pieds) dépassent ceux du massage thailandais selon un essai randomisé qui note un effet plus important sur la relaxation, l’amélioration du sommeil, la stimulation de la circulation sanguine, l'élimination des toxines et la diminution de la fatigue.
La mélatonine pour évacuer un décalage horaire
6/10
Plusieurs études (la plus récente date de 2021) ont montré l’efficacité de la prise de mélatonine pour moins subir les effets du décalage horaire. Le protocole de l’INM proposé par la Non Pharmalogical Intervention Society (NPIS) consiste à “prendre la mélatonine en comprimé trois à quatre heures avant le moment de l’endormissement spontané une fois arrivé à destination. Puis à “renouveler la prise durant les deux ou trois premiers jours qui suivent, avec à chaque fois des doses quotidiennes comprises entre 0,5 et 5 mg.”
La citronnelle pour éviter les piqûres de moustiques
7/10
Le pourcentage de répulsion de la citronnelle diffère selon la concentration des extraits et les espèces de moustiques et peut varier de 52 à 85 % selon les chiffres obtenus par les scientifiques. L’huile essentielle de citronnelle Cymbopogon nardus (ou citronnelle de Ceylan) est la plus efficace. On l’utilise en diffusion atmosphérique et elle protège des piqûres pendant plusieurs heures.
Le psyllium contre la constipation
8/10
Le psyllium (de son nom français ispaghul) est une plante de la famille des plantaginacées dont on utilise la graine. Elle est reconnue par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) pour faciliter l’évacuation des selles. Dans son livre “100 médecines douces validées par la science », le Pr Ninot recommande de prendre le psyllium en poudre, à raison de 10 gr dans 100 ml d’eau, de boire rapidement, avec au moins 200 ml d’eau après chaque prise. “Cette quantité d’eau minimale est nécessaire pour assurer une hydratation correcte des selles et éviter une obstruction de l’intestin”, conclut-il.
L’huile de poisson pour atténuer le psoriasis
9/10
Une étude chinoise publiée en 2020 a passé en revue 18 essais randomisés et conclut que les acides-gras oméga-3 contenus dans le poisson améliorent la psoriasis, en agissant notamment sur les marqueurs de l’inflammation. On peut prendre des oméga-3 en supplémentation ou tout simplement augmenter sa consommation de poissons gras (maquereau, sardine, saumon), à raison de trois portions par semaine.
La méditation pour prévenir le burn out
10/10
Basé sur un programme de méditation de pleine conscience, le Mindfulness Based Stress Reduction (MBSR), le protocole validé scientifiquement (son nom est PROGRESS) repose sur huit séances collectives, une fois par semaine pendant deux mois (plus, les effets peuvent être négatifs). Les séances sont encadrées par un psychologue, un neuropsychologue ou un coach spécifiquement formé. “Un professionnel de santé (médecin, psychiatre ou infirmière) est également pertinent, et indispensable pour les personnes fragiles”, note le Pr Ninot.
Sources
Interview du Pr Grégory Ninot, Directeur adjoint de l’Institut Desbrest d’Épidémiologie et de Santé Publique (UA11 INSERM – Université de Montpellier), président de la Non Pharmalogical Intervention Society (NPIS)
Livre « 100 médecines douces validées par la science » du Pr Ninot (éditions Belin).
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