psychotherapy or psychology concept helping hand unravels the tangle of thoughts of a woman with mental disorder, anxiety...Istock

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Il arrive un moment dans la vie, souvent autour de la retraite, parfois après, où les secousses intérieures deviennent plus sourdes, mais pas moins fortes. Un deuil, une solitude qui s’installe, une santé plus capricieuse, ou simplement une impression d’être mis de côté… Et pourtant, à ces âges où l’on a tout donné, tout vécu, il est encore possible de retrouver un souffle. Pas en changeant tout. Juste en revenant à ce qui compte.

Dans La magie de l’ordinaire, le philosophe et auteur du best-seller Foutez-vous la paix !, Fabrice Midal, propose cinq clés simples, humaines, profondément ancrées dans la vie réelle, pour traverser les épreuves avec plus de douceur. Il ne s’agit pas de grandes théories ou de recettes miracles, mais de gestes de bon sens, qu’on oublie parfois avec les années, et qu’il est précieux de retrouver.

Simplifier pour retrouver son calme

Quand les problèmes s’accumulent avec l’âge, qu’on traverse un deuil, une maladie, ou qu’on se retrouve souvent seul, on a tendance à se perdre dans les pensées. On ressasse, on s’inquiète pour ses proches, pour sa santé, pour son avenir.

La première clé de Fabrice Midal, c’est justement de simplifier. Cela veut dire arrêter de se projeter sans cesse dans des scénarios qui n’existent pas encore. Revenir à l’instant présent. Au geste simple. À ce que l’on peut faire là, maintenant. “Au lieu de vous projeter dans un futur proche qui n’existe pas, revenez ici et effectuez le premier pas.”

Faire une tasse de thé. Appeler une amie. Mettre un disque que l’on aime. Cette capacité à se recentrer sur l’instant aide à calmer le flot intérieur, et à retrouver une forme de sécurité. Le passé est derrière, le futur viendra, mais aujourd’hui, on est là.

Réveiller les liens : vous n’êtes pas seul

En vieillissant, on entend parfois que “la solitude fait partie du jeu”. C’est faux. Ou plutôt : ce n’est pas une fatalité. Fabrice Midal insiste sur un point que l’on oublie trop vite dans une société très individualiste : nous sommes en lien, quoi qu’il arrive. Avec nos proches, bien sûr, mais aussi avec la nature, les animaux, les objets qui nous entourent. Ces liens sont invisibles, mais puissants. “Nous sommes en lien avec tout – les humains, les arbres, les objets, le monde.”

Cela peut paraître poétique, mais c’est profondément concret. Aller parler à son voisin. Prendre soin de ses plantes. Dire bonjour à la boulangère. C’est par ces gestes simples que l’on se reconnecte à la vie. Et même quand on est seul chez soi, on peut renouer avec quelque chose : un souvenir, un livre, une musique. Le lien, c’est ce qui vous rappelle que vous comptez encore.

Fabrice Midal propose une idée toute simple : arrêter d’être en guerre contre soi. “Voilà la meilleure façon de vous gâcher la vie : en étant en guerre perpétuelle et vaine contre vous-même.”

Cesser de se juger : se parler comme à un ami

Avec l’âge, on peut devenir son plus dur critique. “Je ne suis plus bon à rien.” “Je ne sers plus à grand-chose.” “Je suis trop lent.” Ces pensées, on les rumine sans même s’en rendre compte. Et elles font mal. Très mal. Fabrice Midal propose une idée toute simple : arrêter d’être en guerre contre soi. “Voilà la meilleure façon de vous gâcher la vie : en étant en guerre perpétuelle et vaine contre vous-même.”

Il suggère un geste étonnant : se dire bonjour à soi-même. Se reconnaître. Peut-être même se sourire. Se rappeler ce qu’on a traversé, ce qu’on a construit. À 65, 70, 80 ans, on n’a pas besoin d’être “parfait” : on a surtout besoin d’être en paix. Et cette paix commence par un regard plus doux envers soi.

Écouter le monde autour de soi

Il y a un âge où l’on a vu défiler assez de saisons pour sentir, presque dans les os, quand quelque chose sonne juste ou non. Fabrice Midal encourage à renouer avec cette écoute sensible. Car tout autour de nous parle, dit-il, pas avec des mots, mais avec des signaux subtils. “Tout dans ce monde émet des signaux, tout est parole, tout nous dit quelque chose…”

Par exemple, le temps. Ce n’est pas seulement une horloge ou une pression : c’est parfois une invitation à ralentir, à attendre un peu… ou au contraire à agir. Écouter le monde, c’est aussi écouter son corps, ses intuitions, les signes de fatigue ou d’élan. Cela nous ramène à une forme d’harmonie que beaucoup de seniors connaissent instinctivement, mais qu’on a parfois oublié de cultiver.

Faire : se remettre en mouvement, à son rythme

“Quand on ne fait plus rien, tout s’éteint à l’intérieur.” Cette phrase revient souvent chez les personnes âgées. Fabrice Midal propose une réponse pleine de bon sens : faire quelque chose. Peu importe quoi. Le geste le plus modeste peut être un petit miracle. Ranger un tiroir. Écrire une carte. Peindre une fleur. Tricoter. Marcher. “Quand vous faites, vous sortez de la douleur, de l’impuissance et vous vous sentez vivant dans votre royaume.”

On n’agit pas pour produire ou pour être utile. On agit pour sentir qu’on est encore là. Pour retrouver un élan, une fierté. Faire, c’est dire oui à la vie, même si elle est bancale, même si elle a changé. C’est aussi une manière de reprendre le pouvoir sur soi, à son rythme.

Fabrice Midal nous rappelle que tout est déjà là, à portée de main. Il suffit parfois de se le rappeler. De se reconnecter à soi, aux autres, au monde, dans sa simplicité la plus nue.

Sources

Source : Fabrice Midal - La magie de l’ordinaire 19,90 €

https://editions.flammarion.com/la-magie-de-lordinaire/978208046588