
HPI, dysgraphique, TDAH, TSA, hypersensible, tant de termes pour désigner des personnes atypiques ou neuroatypiques. « Les personnes neurodivergentes s’adaptent comme elles peuvent face aux nombreuses épreuves rencontrées sur leur chemin, et elles ont relevé nombre de défis avec une certaine grâce », explique Christelle Bédouche dans son ouvrage « Adulte atypique, le cahier pratique » paru aux éditions Trédaniel. Un livre qui aide tous ces profils disposant d'une grande empathie à trouver le meilleur moyen de s'insérer dans une société hypernormée et de sortir de leur mal-être.
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HPI : qu’est-ce que le Haut potentiel intellectuel ?Mais concrètement, la norme correspond à quoi ? Le Larousse définit cette notion comme « un ensemble des règles de conduite qui s'imposent à un groupe social ». « La norme à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui, c’est celle qui sépare les gens ayant une pensée cartésienne, qui fonctionnent cérébralement selon un seul et même principe, et les autres, les personnes neuroatypiques, dont la vision du monde et la perception de celui-ci sont tout autres que celles qui dominent au sein de la majorité », souligne Christelle Bédouche.
Neuroatypique et neurotypique : deux adjectifs qui ont fait leur entrée dans le dictionnaire Le Petit Robert
Le terme « neurotypique » est très récent. Il apparaît dans Le Petit Robert seulement en mai 2024. « Nous avions déjà envisagé d’intégrer "neuroatypique" au dictionnaire il y a quelques années, mais il était alors trop restreint dans ses usages, tandis qu’aujourd’hui on l’entend partout », souligne au Monde Géraldine Moinard, directrice de la rédaction du Robert.
La première trace de cet adjectif dans la littérature date de 1982 dans l’article « Principes propédeutiques pour les sciences des langages », où le biologiste Boris Rybak examine des « protéines neurotypiques ».
Il faudra attendre l'année 2003 pour que cet adjectif soit employé par le psychiatre spécialiste de l’autisme Bruno Gepner dans son article « Relations psychisme-cerveau, dualisme interactionniste et gradient de matérialité ». « Un fonctionnement neuroatypique est avant tout une diversité neuronale qui détermine une façon de ressentir, d’appréhender, de percevoir et même de comprendre le monde qui entoure ces personnes différemment de celles dites neurotypiques », explique Christelle Bédouche dans son livre.
Un masque social pour les personnes hypersensibles
En psychologie, il est appelé le « faux soi ». Il permet à toute personne de se protéger du monde qui l'entoure. « C’est, en quelque sorte, un masque d’adaptation qui vous protège et camoufle votre pudeur. Il est essentiel, le tout est qu’il soit en accord avec vos convictions », raconte l’autrice.
Il est parfois impossible de sortir de la norme imposée par la société contemporaine. C’est là que le masque social prend tout son sens. « C’est une réelle souffrance pour de nombreux atypiques comme les personnes hypersensibles, qui sont engoncés dans ces rôles qui ne leur ressemblent pas », témoigne Christelle Bédouche.
Il en existe différents types : le masque social de l’extraverti, de l’introverti, de l’entre-deux, de l’identité professionnelle et du neuroatypique. « Les DYS, HPI, hypersensibles, TSA, TDAH s'épanouissent grâce à leur créativité : l’écriture, la musique, la danse, le sport... Tant qu’ils peuvent épurer leurs émotions, c’est salvateur pour eux », explique l’autrice.
Hypersensibilité : un cahier pratique pour survivre
Son livre propose des exercices pratiques pour s’épanouir dans ce monde trop normé. Il y en a sous toutes les formes : des questionnaires pour connaître son profil et travailler sur ses émotions, des tests pour voir comment la personne perçoit le monde qui l'entoure, des schémas et des tableaux de coloriage pour évaluer l’intensité de la perception des sens.
Voici deux exemples de stratégies par sens pour apaiser les personnalités hypersensibles :
- Ouïe : « Optez pour un casque ou des boules Quies. Faites vos courses pendant les heures silencieuses. »
- Odorat : « Utilisez un flacon dans lequel vous aurez versé un parfum qui vous rassure. À chaque moment de stress, le sentir permet de rétablir une sensation agréable. Ayez sur vous un tissu imprégné d’une odeur familière. Cela rassure et recentre immédiatement. »
- Vue : « Utilisez des lunettes de soleil en intérieur pour faire vos courses, par exemple. Cela permet d’apaiser les personnes hypersensibles. Regardez une lampe à lave pour vous apaiser. »
- Toucher : « Privilégiez les matières non agressives pour la peau. Utilisez une pâte à modeler et malaxez-la. »
- Goût : « Ayez des en-cas avec vous pour les faims subites. Mangez à votre rythme, et si vous ressentez le besoin de séparer les aliments, achetez un plat à compartiments. »
Stratégies pour que les être hypersensible appréhendent le monde qui les entoure :
« Le rocking-chair, les rollers, le hamac, les balançoires sensorielles et les autres objets qui permettent de se balancer sont idéaux, car ils procurent une sensation de mouvement, rassurent et permettent de se détendre », informe Christelle Bédouche.
D’autres techniques, comme marcher pieds nus ou se regarder dans un miroir, aident les hypersensibles à être en contact avec la matière et à modifier leur posture.