Kiné respiratoire bébé : des séances pour soigner la bronchiolite ?Istock
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La kinésithérapie respiratoire est depuis longtemps un réflexe pour les parents dès que leur bébé manifeste les symptômes de la bronchiolite. Mais la technique manipulatoire qui favorise l’expectoration des sécrétions souffre d’un manque de données scientifiques.

Dans un document publié jeudi 14 novembre 2019, la Haute Autorité de santé (HAS) ne recommande plus la kiné respiratoire dans la prise en charge de la bronchiolite chez les bébés âgés de moins de 12 mois faute de "preuve" de son efficacité.

Notons que la kiné respiratoire est régulièrement remise en cause depuis quelques années, ce qui ne l’a pas empêché d’être massivement prescrite par les médecins. "Notre rôle est important pour assurer un suivi de l’enfant et accompagner les parents ", souligne Thomas Rouger, kinésithérapeute spécialisé en kinésithérapie respiratoire.

Photo : enseigne d'un cabinet de kinésithérapie

Photo : enseigne d'un cabinet de kinésithérapie© Creative Commons

Crédit : Jean-Marc Pascolo — Travail personnel © CC - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

Qu’est-ce que la bronchiolite ?

La bronchiolite aiguë est une infection due à un virus qui s’attaque aux bronchioles, les petites bronches des enfants de moins de 2 ans. En hiver, la maladie contagieuse est fréquente : elle touche environ 480 000 bambins chaque année. 30% des enfants de moins de deux ans souffrent chaque année d'une bronchiolite. Dans la majorité des cas bénigne, la bronchiolite nécessite une vigilance accrue lorsque les symptômes apparaissent.

La toux accompagnée d’une respiration rapide et sifflante peut être impressionnante chez les plus jeunes. La maladie guérit normalement spontanément en dix jours, mais une hospitalisation est parfois nécessaire. Entre 2 et 3% des bébés de moins de 1 an entrent à l’hôpital pour une bronchiolite tous les ans, selon l’agence sanitaire Santé publique France.

Pourquoi la kinésithérapie est-elle utilisée contre la bronchiolite ?

Les nourrissons ne sont pas en mesure de se moucher et de tousser. Ils ont donc du mal à évacuer les sécrétions qui s’accumulent dans les bronchioles et gênent leur respiration.

La kinésithérapie respiratoire est une technique spécifique qui aide à déclencher le réflexe d’expectoration et à désobstruer le nez et les voies respiratoires.

Les séances chez le masseur kinésithérapeute sont soumises à prescription médicale. L’Assurance maladie ne rembourse pas les séances sans ordonnance délivrée par un médecin ou un pédiatre.

"La kiné respiratoire ne guérit pas la bronchiolite, car elle n’agit pas sur le virus, rappelle Thomas Rouger. En revanche, elle va avoir un effet sur le confort de l’enfant. Outre l’insuffisance respiratoire qui nécessite une hospitalisation, le plus gros risque pour lui est l’épuisement s’il ne s’alimente plus correctement et ne dort pas bien."

Pourquoi la kinésithérapie est-elle utilisée contre la bronchiolite ?

Kiné respiratoire : comment ça se passe ?

Comment se déroule une séance ?

Dans un premier temps, le kinésithérapeute discute des symptômes et de l’état général de l’enfant avec les parents. "On souhaite savoir si le nourrisson mange bien, dort, l’évolution de sa température, de sa toux, etc...", détaille le spécialiste. Le professionnel établit ensuite son diagnostic grâce à des critères respiratoires (mouvements du thorax…), et évalue les réactions de l’enfant au massage. Il apprend également aux parents à surveiller la fréquence respiratoire.

Quelles sont les techniques employées ?

Le désencombrement des voies aériennes supérieures

Le lavage de nez par instillation de sérum physiologique est un geste primordial pour permettre au nourrisson de respirer librement. "On explique aux parents comment bien le faire chez eux, avec des techniques douces et efficaces, lors de la première séance", explique le kinésithérapeute. Le mouchage peut se faire grâce à la technique rhinopharyngée rétrograde qui permet l’évacuation des sécrétions. En pratique, le professionnel maintient la bouche de l'enfant fermée à la fin de l’expiration, ce qui provoque une inspiration nasale qui entraîne les sécrétions vers le pharynx. Le mucus est ensuite évacué.

Le désencombrement bronchique

Pour désencombrer les bronches, le kinésithérapeute dispose de nombreuses techniques dont celle de l’accélération du flux expiratoire (AFE) lente ou rapide. "Cette méthode que l’on voit souvent à la télévision consiste à comprimer le thorax et l’abdomen de l’enfant pour amener les sécrétions dans la trachée, explique Thomas Rouger. Le drainage autogène, où l’on englobe tout le thorax de l’enfant avec les mains et exerce des pressions légères et ciblées, permet de dégager le mucus des petites bronches."

Il existe, de plus, la technique de la toux provoquée. Cette méthode n’est pratiquée que si l’enfant n’est pas capable d’avoir ce réflexe. "Or souvent, les parents viennent consulter parce que leur nourrisson tousse beaucoup, souligne le spécialiste. On n’a donc pas besoin de créer ce réflexe ou de l’accentuer."

Certaines autres techniques sont contre-indiquées depuis 2000 et ne sont plus pratiquées en cabinet. C’est le cas du "clapping" qui consiste à taper avec la paume de la main sur la cage thoracique.

Combien de temps l’enfant doit être suivi ?

"La séance de kiné respiratoire dure à peu près 30 minutes en tenant compte des questions aux parents et du soin, précise Thomas Rouger. La manipulation dépasse rarement 10 à 15 minutes, car cela peut être éprouvant pour l’enfant. Mais on peut aussi pratiquer sur des enfants qui dorment." Le nombre de séances varie en fonction de l’encombrement des bronches du nourrisson et de la rapidité de l’amélioration des symptômes. "En moyenne, il en faut entre d eux et trois sur une semaine, estime le kinésithérapeute. La première a généralement lieu le jour de l’appel, la deuxième le lendemain pour suivre l’évolution de la bronchiolite de l’enfant et la troisième deux à trois jours après."

Pour trouver un kinésithérapeute près de chez vous, demandez à votre médecin s’il existe un planning de gardes des kinésithérapeutes via les Réseaux bronchiolites mis en place lors des périodes d’épidémies. Ils sont formés aux techniques pour soigner la bronchiolite chez les enfants en bas âge.

Quels gestes peut-on faire soi-même ?

Dans le cadre du traitement de la bronchiolite

Les parents peuvent compléter le traitement de la bronchiolite en effectuant régulièrement des lavages de nez, en fractionnant les repas qui favorisent une bonne hydratation et éventuellement, en donnant des médicaments antipyrétiques pour faire tomber la fièvre.

Les autres traitements médicamenteux comme les antibiotiques (réservés aux cas de surinfection bactérienne) et les bronchodilatateurs ne sont pas utiles pour soigner une bronchite.

Pour rappel, les sirops antitussifs, expectorants et le fluidifiants bronchiques sont contre-indiqués chez l’enfant de moins de 2 ans. Bien sûr, il faut en plus surveiller les signes d’aggravation de la maladie.

Dans le cadre de la prévention de la bronchiolite

La bronchiolite est une maladie très contagieuse qui se transmet par contact direct (postillons, baisers) ou indirect par l’intermédiaire d’objets souillés. Certains gestes "barrière" permettent de limiter sa transmission aux nourrissons.

  • Se laver les mains régulièrement à l’eau et pendant 30 secondes ;
  • utiliser une solution hydroalcoolique s'il n'est pas possible de se laver les mains ;
  • éviter de prendre l’enfant dans les bras après avoir fumé sans s’être lavé les mains et changé de vêtements (les molécules restent sur les habits) ;
  • éviter le contact avec les personnes malades, d'embrasser l'enfant sur le visage et demander aux frères et sœurs de faire de même en période d'épidémie ;
  • nettoyer fréquemment les jouets et peluches du nourrisson ;
  • aérer la chambre de l'enfant tous les jours et maintenir une température à 19 °C.

Dans le cadre de la prévention de la bronchiolite© Adobe Stock

Que reproche-t-on à la kiné respiratoire ?

Le débat sur l’efficacité de la kiné respiratoire ne date pas d’hier. Déjà en 2000, la HAS ne préconisait pas la technique pour soigner les bronchiolites des bébés. En 2012, c’est la revue Prescrire qui avait pointé du doigt son inefficacité dans la prise en charge de la maladie.

Les syndicats de kinésithérapeutes reprochent eux, à la HAS de n’avoir utilisé que la littérature scientifique concernant les enfants hospitalisés et non ceux soignés en ambulatoire (en cabinet). "En améliorant le confort des bébés, on évite des passages aux urgences et on désencombre les cabinets de pédiatres", souligne Thomas Rouger.

Finalement, la principale nouveauté des recommandations de la HAS est de classer les petits patients en respectant trois niveaux de gravité : les formes légères de bronchiolite ne nécessitent pas d’hospitalisation, les formes modérées sont appréciées au cas par cas et les formes les plus graves ne peuvent y échapper.

Sources

Prise en charge du 1er épisode de bronchiolite aiguë chez le nourrisson de moins de 12 mois, HAS, 2019 : https://www.has-sante.fr/jcms/p_3118113/fr/prise-en-charge-du-1er-episode-de-bronchiolite-aigue-chez-le-nourrisson-de-moins-de-12-mois (consulté le 15 novembre 2019)

- Prise en charge de la bronchiolite du nourrisson, HAS, 2000 : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/bronc.pdf (consulté le 15 novembre 2019)

-La bronchiolite, Ameli : https://www.ameli.fr/hauts-de-seine/assure/sante/themes/bronchiolite (consulté le 15 novembre 2019)

mots-clés : bronchiolite
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