Caillot sanguin : certains médicaments sont-ils risqués ?

Publié par Emmanuelle Jung
le 24/03/2021
blood clot or thrombus blocking the red blood cells stream within an artery or a vein 3d rendering illustration thrombosis, cardiovascular system, medicine, biology, health, anatomy, pathology concepts
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Publication validée par  Thomas Kassab Pharmacien officinal
Les personnes sujettes aux troubles de la coagulation nécessitent une attention particulière lors de la prescription et de la délivrance de certains médicaments. Plusieurs traitements seraient, en effet, propices à la formation de caillots sanguins. On les passe en revue avec le Dr Thomas Kassab, pharmacien officinal.

Une thrombose ou caillot se forme dans un vaisseau sanguin et l'obstrue. Le caillot peut se former dans une veine ou dans une artère. On parle alors respectivement de thrombose veineuse (ou phlébite) et de thrombose artérielle.

En principe bénigne, la thrombose doit néanmoins vous inciter à consulter rapidement un médecin. Si l'âge, les varices, l'immobilisation prolongée ou encore le tabac constituent les principaux facteurs de risques, certains traitements sont aussi connus pour augmenter le risque de thrombose veineuse.

"À première vue, il faut savoir qu'il n’y a pas de molécule qui provoque systématiquement une thrombose : tout dépend de l’état général du patient, de ses antécédents et d’éventuelles maladies, clarifie le Dr Thomas Kassab, pharmacien officinal. Un médicament peut être ainsi anodin pour une personne et pourrait ne pas être compatible avec une autre". 

Pour cette raison, les personnes touchées par troubles de la coagulation nécessitent une attention particulière lors de la prescription et de la délivrance de médicaments susceptibles de favoriser la formation de caillots sanguins. On les passe en revue dans notre diaporama.

Thrombose : à quel âge êtes-vous le plus à risque ?

Parmi les situations à risque, propices à la formation de caillots sanguins, on peut citer les actes chirurgicaux, les traumatismes sévères, les grossesses ou encore l'immobilisation prolongée… Ces facteurs peuvent provoquer une stagnation du sang dans les veines.

Le tabac entraîne aussi une inflammation chronique, favorisant la coagulation sanguine.

Toutefois, l’âge est un facteur qui augmente énormément le risque de thrombose veineuse. Plus on est âgé et plus le risque de thrombus est important. On recense un cas pour dix mille avant 40 ans et un pour mille une fois cet âge franchi. Il est à noter que chez les personnes âgées (75 ans et +), le risque augmente à un cas pour cent. Ce type d’accident veineux est extrêmement rare chez les enfants.

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Merci au Dr Thomas Kassab, pharmacien officinal

Association of Testosterone Therapy With Risk of Venous Thromboembolism Among Men With and Without Hypogonadism, Jama Network, 11 novembre 2019

Les pilules contraceptives

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Dans un premier temps, notre expert nous cite les pilules contraceptives (comme celles de 3e génération ou de 4e génération). Ces derniers comportent effectivement un risque de thrombose avéré.

"Cela permet de rappeler pourquoi les pilules sont prescrites sur ordonnance et non en vente libre, en raison d’effets secondaires potentiels, rappelle le Dr Kassab. Le médecin évalue le risque systématiquement avant chaque prescription et le pharmacien vérifie avant chaque délivrance. Le but est d’éviter tout type d’effet secondaire comme les thromboses".

Les chimiothérapies

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female doctor giving intravenous drip treatment to a female patient
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La chimiothérapie pourrait activer la coagulation du sang et augmenter le risque de caillots sanguins. 

Les anti-oestrogènes (Tamoxifène)

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"Les anti-œstrogènes sont des médicaments qui entrent en compétition avec les œstrogènes. Ils ne suppriment pas la sécrétion des oestrogènes, mais ils prennent leur place au niveau des récepteurs présents à la surface des cellules et bloquent ainsi leurs effets de stimulation sur les cellules cancéreuses. Ils peuvent être proposés à des femmes non ménopausées ou à des femmes ménopausées. Le plus connu des anti-oestrogènes est le tamoxifène", présente l'Institut National du Cancer. Ces médicaments peuvent être utilisés chez les patientes victimes du cancer du sein.

La formation de caillots dans les vaisseaux sanguins fait partie des effets secondaires. "Chez les femmes qui présentent des facteurs de prédisposition (obésité, alitement prolongé, varices très développées), une évaluation et une discussion avec le médecin sont nécessaires pour décider du choix du traitement. Une surveillance attentive est par ailleurs recommandée chez ces patientes", ajoute l'Institut.

Les traitements pour l'hyperstimulation ovarienne

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Certaines femmes ayant des problèmes de fertilité ont parfois recours à des traitements stimulants de l’ovulation. Les traitements actuels impliquent certains risques thromboemboliques : c’est-à-dire la formation de caillots dans les veines), d’où la mise fréquente sous anticoagulants.

On pense notamment aux traitements de fécondation in vitro (FIV).

Les traitements hormonaux substitutifs (THS) à base d’œstrogènes

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Si les symptômes de la ménopause deviennent invivables, le THS ou traitement hormonal de substitution peut être proposé pour améliorer la qualité de vie d'une patiente. Ce dernier peut toutefois impliquer un risque thromboembolique, principalement veineux. On pense à la phlébite ou à l'embolie pulmonaire.

Les traitements pour booster la testostérone

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Une étude parue en 2019 alertait sur les dangers de certains traitements qui visent à booster la testostérone (Viagra®, Cialis®, Levitra®…). Ces derniers doubleraient le risque de caillots sanguins.

Les hommes auraient deux fois plus de risques de contracter un caillot dans une veine profonde de la jambe (phlébite profonde) s’ils ont reçu de la testostérone au cours des six derniers mois, indiquaient les chercheurs.

Le médicament Idarucizumab

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Une étude américaine démontrait en 2018 que le médicament Idarucizumab (Praxbind®), prescrit pour diminuer l'effet des anticoagulants, serait responsable de développement de caillot sanguin. Les chercheurs ont évalué le risque  thromboembolique à 4,8% à 30 jours à 6,8% à 90 jours, pour l’ensemble des patients ayant reçu une dose d'idarucizumab.

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