Paracétamol : éviter les pièges de l’automédication Istock

Doliprane®, Dafalgan®, Efferalgan®… Le paracétamol est le médicament le plus prescrit en France et dans le monde. Recommandé en cas de douleur modérée et de fièvre, il est l’analgésique auquel les Français ont le plus souvent recours dans le cadre d’une automédication. Selon les chiffres de l’Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM), sa consommation est passée de 5,6 à 9 boîtes par habitant et par an entre 2006 et 2017, soit un bond de 53 % en 10 ans.

Bien utilisé, le paracétamol est très sûr et efficace. Toutefois, en cas de surdosage, il peut s’avérer toxique pour le foie. Ainsi, "il est important de respecter plusieurs règles afin d’éviter une atteinte très grave du foie et de se mettre à l’abri d’un risque d’insuffisance hépatique", prévient le Dr Philippe Vella, directeur des médicaments antalgiques à l’ANSM.

Paracétamol : les règles de bonne conduite

Voici les bonnes règles d’une automédication au paracétamol :

  • commencer par une dose de 500 mg et passer à 1 g seulement si nécessaire ;
  • ne pas prendre plus d'un gramme de paracétamol à la fois ;
  • respecter un délai de 6 à 8 heures entre chaque prise ;
  • ne jamais prendre plus de 3 grammes de paracétamol par jour ;
  • ne pas boire d'alcool pendant le traitement au paracétamol ;
  • la durée du traitement doit être de 3 à 5 jours, pas plus.

Si la douleur est toujours présente au bout de cinq jours, ou si la fièvre dure plus de trois jours, prenez rendez-vous chez votre médecin traitant. Mais, surtout, n'augmentez pas la dose de paracétamol consommée.

D'autres médicaments contiennent du paracétamol : attention au cumul

Attention, par ailleurs, au cumul des médicaments, alerte le Dr Vella : "Il faut s’assurer que la dose de paracétamol contenue dans d’autres traitements et ajoutée à celle du paracétamol que l’on prend, ne dépasse pas les quantités que l’on peut absorber sans se mettre en danger". Une addition nécessaire puisque près de 200 médicaments présents sur le marché contiennent du paracétamol seul ou associé à d’autres substances. L’intervalle à respecter entre les doses reste le même, paracétamol seul ou non.

Enfin, en cas de douleur très intense, due à une rage de dents, par exemple, rien ne sert d’augmenter les doses. "Si vous prenez du paracétamol en automédication et qu'il n’a pas l’effet escompté, dans ce cas il faut consulter un médecin rapidement pour qu'il détermine quel traitement contre la douleur sera le plus approprié", poursuit Philippe Vella.

Des messages de prévention sur les emballages ?

"Chez les patients qui pèsent moins de 50 kg, comme les enfants, ou qui souffrent d’une insuffisance hépatique ou d’une insuffisance rénale, il faut être encore plus prudent et utiliser des doses plus faibles", poursuit l’expert. En cas d’allergie, mais aussi de maladie grave du foie, le paracétamol est tout simplement contre-indiqué.

Ces recommandations très importantes sont parfois oubliées par les patients, tant "sa consommation est aujourd’hui banalisée. Les patients ne regardent plus la notice et peuvent ne pas se rendre compte que si on n’applique pas certaines règles, on peut se mettre gravement en danger". Pour rappel, le surdosage de paracétamol est la première cause de greffe hépatique d'origine médicamenteuse.

Dans ce cadre, l’ANSM a mené une consultation publique en septembre 2018, afin de renforcer les messages de prévention sur les boîtes de l’analgésique. À l'issue de cette dernière, l'agence a demandé aux laboratoires de faire figurer les risques hépatiques liés au surdosage du paracétamol, sur les boîtes de médicaments qui en contiennent. Depuis l'été 2019, la mention "surdosage = danger" est présente sur les emballages de ces produits de santé.

Sources

Remerciements au Dr Philippe Vella, directeur des médicaments antalgiques à l’ANSM.

Paracétamol et risque pour le foie : un message d’alerte ajouté sur les boîtes de médicament - Communiqué, ANSM, 9 juillet 2019. 

Vidéo : Pourquoi le paracétamol peut être dangereux ?