Fibromyalgie : elle serait plus fréquentes chez les victimes de violences sexuellesAdobe Stock
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Connaissez-vous la fibromyalgie ? Cette maladie, qui touche essentiellement les femmes, se caractérise par des douleurs constantes dans tout le corps et une hypersensibilité au contact physique. "Le plus souvent, ces douleurs sont associées à d’autres signes évocateurs comme une fatigue intense, des troubles du sommeil...", indique l’Assurance Maladie. "Ces symptômes ont pour conséquence une diminution de la capacité à effectuer les activités de la vie quotidienne. Ce retentissement est variable d’une personne à l’autre et peut évoluer dans le temps."

Fibromyalgie : les violences sexuelles, conjugales et sur les enfants en cause

Il existe à ce jour peu de connaissances sur les causes et sur le fonctionnement neurologique de la fibromyalgie. Aussi passe-t-elle encore souvent sous les radars. On sait néanmoins que les personnes fibromyalgiques ont une perception de la douleur différente : "Les voies de contrôle de la douleur au niveau du système nerveux central sont altérées" et "les neurotransmetteurs au niveau des cellules neurologiques sont perturbés", explique Ameli. De plus, des chercheurs de la Clinique de médecine psychosomatique et de psychothérapie de Bochum, en Allemagne, pourraient avoir découvert une autre explication à cette pathologie. Ceux-ci émettent l’hypothèse que les zones du cerveau responsables de la gestion de la douleur pourraient ne pas fonctionner correctement chez les personnes atteintes de fibromyalgie.

Deux études - l’une britannique, l’autre israélienne - ont par ailleurs établi une association entre la fibromyalgie et les violences sexuelles et/ou conjugales. La première, publiée en 2018 dans la revue Frontiers in Psychology, a observé 9 patientes atteintes de fibromyalgie. Celles-ci souffraient d’une amnésie traumatique partielle, mais ont recouvré la mémoire après une amnésie grâce à l’oxygénothérapie hyperbare.

Note : comme l’explique Le Figaro Santé, ce traitement peut se dérouler en milieu hospitalier, dans une chambre technique. “L’intérieur est surpressurisé, c’est-à-dire qu’on y monte la pression de l’air jusqu’à 3 fois la pression normale. Ce n’est pas la surpression d’air qui permet de traiter les patients mais la surpression en oxygène (O2) pur, soit 100 % d’O2 dans les poumons du patient, loin des 21% contenus dans notre air.”

Des souvenirs traumatiques parfois enfouis

Pour l’étude de Frontiers in Psychology, 3 des patientes souffrant de fibromyalgie se sont rappelées de viols ou d’agressions sexuelles pendant l’enfance durant le traitement. “Ces cas nous donnent des informations importantes sur l’amnésie dissociative [...]. Il est très important de garder à l’esprit qu’il est possible que des souvenirs reviennent chez la patiente traitée pour une fibromyalgie par oxygénothérapie hyperbare, ou par d’autres interventions qui peuvent réveiller des régions cérébrales endormies”, affirment les chercheurs. Qui ajoutent : “Tout professionnel qui soigne des patients fibromyalgiques doit être conscient de cela et être prêt à gérer cette éventualité.”

La seconde étude, publiée en 2019 dans la revue Journal of Interpersonal Violence, a analysé les données médicales de 18 547 patientes ayant subi ces violences entre 1995 et 2017. Ils les ont comparées à des données médicales de près de 74 188 femmes n’ayant pas connu ces violences. Résultats : 97 femmes concernées par ces violences ont développé une fibromyalgie (0,52%), contre 239 dans le groupe des femmes non exposées (0,32%). D’après les chercheurs, ces chiffres sont une piste à explorer concernant les facteurs psychosociaux pouvant contribuer au développement de la fibromyalgie.

Le risque doublé chez les sujets ayant subi des violences sexuelles

Enfin, comme l’indique un rapport de la médecin généraliste Nathalie Regensberg de Andreis pour l’association Stop aux violences sexuelles publié en 2019 : “La fréquence de la fibromyalgie est augmentée chez les sujets victimes d’agressions sexuelles. Une méta-analyse de 18 études cas-témoin regroupant plus de 13 000 sujets, dont 1 682 atteints de fibromyalgie, montre que le risque de développer la maladie est doublé chez les sujets ayant subi des violences sexuelles durant l’enfance ou à l’âge adulte. Chez une cinquantaine de femmes victimes d’un viol, la fréquence de la fibromyalgie a été trouvée 3 fois supérieure à celle observée chez des témoins n’ayant jamais été agressés.”

La piste des violences conjugales, des violences sexistes et sexuelles et des violences sexuelles sur les enfants est donc essentielle à explorer pour mieux comprendre les mécanismes de la fibromyalgie.

Sources

“Fibromyalgie et violences sexuelles”, un rapport de la docteure Nathalie Regensberg de Andreis pour l’association Stop aux violences sexuelles.

http://www.stopauxviolencessexuelles.com/wp-content/uploads/2019/01/10_SLIDES-2019-Assises-Pl%C3%A9ni%C3%A8re-REGENSBERG-Natacha-Fibromyalgie.pdf

“"Avoir mal quand on est une femme, c’est normal" : le sexisme derrière la fibromyalgie”, un article de TV5 Monde.

https://information.tv5monde.com/terriennes/avoir-mal-quand-est-une-femme-c-est-normal-le-sexisme-derriere-la-fibromyalgie-409281

“Intimate Partner Violence and the Risk of Developing Fibromyalgia and Chronic Fatigue Syndrome”, une étude publiée dans  la revue Journal of Interpersonal Violence en 2019.

https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0886260519888515?journalCode=jiva&

“Recovery of Repressed Memories in Fibromyalgia Patients Treated With Hyperbaric Oxygen – Case Series Presentation and Suggested Bio-Psycho-Social Mechanism”, une étude parue dans la revue Frontiers in Psychology en 2018.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5987035/

“L’oxygénothérapie hyperbare, comment ça marche?”, un article du Figaro Santé.

https://sante.lefigaro.fr/article/l-oxygenotherapie-hyperbare-comment-ca-marche/

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mots-clés : fibromyalgie
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