Définition : qu’est-ce que la dermite séborrhéique ?

La dermite séborrhéique (DS) est une dermatose inflammatoire chronique. Cette maladie de peau fréquente se manifeste par des rougeurs et des squames. Ces symptômes surviennent par poussées dans les régions où nous sécrétons le plus de sébum : « le plus souvent sur la zone T du visage, le cuir chevelu et plus rarement sur le buste, le dos et les zones génitales », précise la dermatologue Marie Estelle Roux.

Elle touche essentiellement les jeunes adultes entre 18 et 24 ans, étant souvent source de complexes. En effet, si cette affection est bénigne elle demeure gênante sur le plan esthétique.

La dermite séborrhéique n’est pas contagieuse. Les mécanismes de son déclenchement demeurent mystérieux. Une origine à la fois fongique (liée à un champignon) et immunologique est cependant probable. Le traitement consiste à soulager les symptômes amenant à la rémission, mais sans pour autant permettre la guérison.

Chiffres : quelle est la fréquence de la dermite séborrhéique ?

La dermite séborrhéique est une maladie très fréquente qui touche 1 à 3 % des Français. Les jeunes sont les plus affectés (un pic est observé entre 18 et 24 ans). Elle concernerait majoritairement les hommes (6 hommes pour 1 femme). La maladie devient rare après 40 ans - elle n’atteint alors pratiquement plus que des hommes.

Quels sont les symptômes de la dermite séborrhéique ?

Les symptômes peuvent apparaître partout sur le corps, mais se manifestent le plus souvent sur les zones où nous rejetons le plus de sébum (sécrétion grasse produite par les glandes sébacées). Il s’agit de plaques rouges surmontées de squames grasses et jaunâtres. Ces lésions pèlent et démangent de façon inconstante. Elles s’accompagnent parfois d’une sensation de brûlure. « Toutefois le prurit et la douleur restent tolérables. La maladie est surtout impressionnante visuellement ».  Les zones touchées sont :

  • le visage : les racines des sourcils, les ailes du nez, les paupières, l’arrière des oreilles et le conduit auditif externe. Ces lésions peuvent être symétriques des deux côtés du visage ;
  • le cuir chevelu : la maladie provoque des pellicules qui s’accumulent sur les racines des cheveux pour tomber sur les vêtements. Les cheveux sont gras et le crâne démange par poussées ;
  • le buste et le dos : la zone inter-mammaire (les plaques rouges et squames forment une ligne verticale entre les seins) et la zone inter-scapulaire (zone médiane entre les épaules). Certains patients se plaignent de la difficulté à soulager les démangeaisons dans ces régions ;
  • les zones génitales : sur les organes génitaux eux-mêmes (en dehors des muqueuses) et sur le pli de l’aine.

Il convient de noter que ces manifestations sont fluctuantes : de nombreux patients témoignent de la variabilité des symptômes. Certains attribuent leur aggravation ou leur déclenchement au stress et à la fatigue (surmenage, problèmes affectifs…). À contrario, beaucoup observent une amélioration à la saison estivale (le développement de la levure étant inhibé par l’eau de mer et le soleil).

Photo: dermite séborrhérique du cuir chevelu

Quels sont les symptômes de la dermite séborrhéique ?© Creative Commons

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Quelles sont les causes de la dermite séborrhéique ?

La dermite séborrhéique est-elle liée à une sécrétion excessive de sébum ?

Contrairement à ce que son nom indique, la dermite séborrhéique n’est pas consécutive à une sécrétion excessive de sébum (ou séborrhée). « Toutefois, les symptômes se localisent sur les zones de séborrhée où prospère une levure responsable de la maladie : la Malassezia », expose notre expert.  

Une origine fongique et immunologique

La dermite séborrhéique est causée par le champignon Malassezia : « il y a une sorte d’eczéma d’irritation à ce champignon. Ce dernier est présent naturellement dans la flore microbienne cutanée ».  Toutefois, il a été démontré que chez les personnes atteintes de dermite séborrhéique, la proportion de Malassezia est plus importante que chez les sujets sains (1). En outre, d’après certains travaux,  les traitements antifongiques sont efficaces contre la dermite séborrhéique, confirmant l’implication de cette levure dans le déclenchement de la maladie.

Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer la maladie :

  • certains travaux soutiennent que la dermite séborrhéique est liée à une hyper-prolifération de Malassezia (2) ;
  • d'autres théories penchent pour une réponse immunitaire disproportionnée de l’hôte à Malassezia avec une réponse inflammatoire aiguë à la clé ;
  • enfin, une dernière hypothèse avance que ces champignons détiendraient un gène dont l’expression coderait la production d’une enzyme digestive. Cette dernière (appartenant à la famille des lipases) permettrait la transformation des triglycérides du sébum en acides gras libres, conduisant à une inflammation (3).

Quels sont les facteurs de risque de la dermite séborrhéique ?

Les facteurs de risque de la dermite séborrhéique sont :

  • une hygiène corporelle insuffisante : « par exemple le fait de ne pas se laver les cheveux assez souvent ou de ne pas se laver le visage » ;
  • une peau naturellement grasse qui produit beaucoup de sébum : « c’est la principale raison pour laquelle la maladie atteint essentiellement les hommes, qui ont une peau plus grasse que les femmes » ;
  • l’application de lotions grasses ou d’huiles sur la peau ou sur le cuir chevelu ;
  • une transpiration excessive ;
  • une mauvaise hygiène de vie : alimentation trop grasse, consommation excessive et chronique d’alcool… ;
  • une exposition prolongée à l’humidité, à la forte chaleur ou au froid intense ;
  • l’obésité ;
  • certaines pathologies associées à la dermite séborrhéique : maladie de Parkinson, VIH, trisomie 21, syndrome de Down… ;
  • une grossesse.

Les personnes à risque de dermite séborrhéique 

La dermite séborrhéique peut toucher n’importe quel individu, quel que soit son âge et son sexe. Toutefois, les hommes et les sujets jeunes (entre 18 et 40 ans) sont les plus affectés. « Il arrive très rarement que le nourrisson soit atteint, mais ceci reste exceptionnel », ajoute la dermatologue.

La dermite séborrhéique n’est pas une maladie héréditaire : « Toutefois, il est vrai qu’il y a une susceptibilité d’ordre immunologique et qu’il réside des terrains plus favorables à développer la maladie ». Ainsi certains individus présentent plus de risques :

  • les personnes qui ont une peau grasse ;
  • les personnes obèses ;
  • les femmes enceintes ;
  • les personnes atteintes de certaines maladies associées à la dermite séborrhéique : maladie de Parkinson, trisomie 21, syndrome de Down ou encore le VIH (la dermite séborrhéique fait partie des symptômes visibles du sida) ;
  • les personnes alcooliques ;
  • les personnes n’ayant pas une hygiène suffisante (grande pauvreté, psychose, démence, perte de mobilité chez les personnes âgées…).

Quelle est la durée de la dermite séborrhéique ?

Les symptômes de la dermite séborrhéique s’estompent en quelques semaines après le début du traitement. « Toutefois, une dermite séborrhéique non traitée peut perdurer pendant des mois », ajoute l’experte.

La dermite séborrhéique est-elle contagieuse ?

La dermite séborrhéique n’est pas une maladie contagieuse. 

Qui, quand consulter en cas de dermite séborrhéique ?

Dès les premiers symptômes évocateurs d’une dermite séborrhéique, il convient de consulter un dermatologue afin de mettre en place un traitement.

Les complications de la dermite séborrhéique 

Il n’y a pas de complication d’une dermite séborrhéique lorsqu’elle est traitée : « la dermite séborrhéique n’est pas une maladie grave et se maîtrise bien grâce aux traitements. Toutefois en l’absence de soin, des complications sont toujours possibles avec un risque d’infection (notamment si l’hygiène n’est pas assurée) ».

En outre, la première conséquence de la maladie est surtout d’ordre moral : « Elle est source de nombreux complexes d’ordre esthétique chez les jeunes. Certains refusent d’aller à l’école ou à la fac lors d’une crise. Les risques d’isolement voire de dépression sont alors présents. Mais tout ceci peut être évité avec un bon traitement », rassure la dermatologue.

Quels sont les examens et analyses de la dermite séborrhéique ?

Le diagnostic est posé par un dermatologue après un simple examen clinique sans biopsie ni examen biologique : « le tableau clinique est non-équivoque et un indicateur fiable », précise la spécialiste.

Avec quelle maladie la dermite séborrhéique ne doit pas être confondue ?

Si le tableau clinique est un indicateur fiable, certaines maladies ressemblent beaucoup à la dermite séborrhéique. Une minutieuse enquête du dermatologue est parfois nécessaire (notamment au regard du contexte d’apparition et des antécédents du patient) :

  • le psoriasis des régions séborrhéiques: il est très difficile de les distinguer cliniquement. Seuls les localisations extra-faciales et les antécédents permettent de différencier ces deux maladies.
  • la dermatite atopique : cette maladie peut se développer chez le nourrisson et constitue une difficulté lors du diagnostic. Chez l'adulte, le diagnostic prête à confusion lorsque la dermatite atopique se déclenche sur la tête et le cou.

Quels sont les traitements de la dermite séborrhéique ?

Les traitements de la dermite séborrhéique consistent à faire disparaître les plaques et squames et à soulager les démangeaisons. Toutefois, ils ne permettent pas de guérir complètement. Le risque de rechute est toujours présent.

Les traitements locaux

Ils sont les traitements de première intention : « nous préférons éviter d’en venir aux traitements oraux, qui sont plus agressifs ». Ils sont disponibles sous forme de crèmes, de lotions ou de shampoings permettant de réduire les symptômes en période de crise.

Il est indispensable de respecter leur posologie et leurs consignes d’utilisation afin d’en optimiser l’efficacité. En outre, il est recommandé d’éviter tout contact avec les lésions en dehors de l’application de ces traitements (les grattages compulsifs étant fortement contre-indiqués). Enfin, un lavage des mains s’impose avant et après l’application de ces traitements :

  • les crèmes contenant un antifongique (Amycor®, Kétoderm®…) : « ces crèmes sur ordonnance vont réduire l’accumulation de la levure Malassezia. Elles s’appliquent une à deux fois par jour pendant de longues périodes allant de 1 à 3 mois », indique la praticienne.
  • les crèmes à base de lithium (Lithioderm®) : « elles fonctionnent très bien. Elles sont plus respectueuses pour la peau que les crèmes antifongiques. En effet, les antifongiques restent des antibiotiques risquant d’altérer le microbiote de la peau. Ces crèmes permettent au contraire de réguler la flore cutanée ».
  • les shampoings contenant un antifongique (Mycoster®,Sebiprox®) : Ils permettent d’éradiquer le champignon grâce à l’antifongique. « En réalité, beaucoup de shampoings antipelliculaires de grande surface contiennent un antifongique en moindre quantité ». À noter : « qu’il convient de traiter le cuir chevelu même si seul le visage est touché ».
  • les shampoings à base de goudrons minéraux ou végétaux et les lotions de kératolytiques à base d'acide salicylique : ils sont des traitements indiqués dans le traitement du cuir chevelu en cas de crise présentant des squames épaisses. 
  • les shampoings à base de pyrithione de zinc ou de disulfure de sélénium : ils sont indiqués dans le traitement des squames plus légers.

Les traitements par voie orale

« Ils sont des traitements de seconde intention. Ils n’interviennent qu’en cas d’échec des traitements locaux », explique le docteur Roux. Parmi ces traitements, nous trouvons :

  • Le zinc : cet oligo-élément est efficace contre la dermite séborrhéique.
  • Les rétinoïdes ou dérivés de l’acide rétinoïque : « ces traitements de seconde intention sont plus calibrés. Ils sont parfois prescrits contre l’acné (Roacutane®) et ont été décriés pour leurs nombreux effets indésirables (dépression, suicide…). Ils sont prescrits à plus petit dosage dans les cas de dermite séborrhéique résistante. Les patients en sont généralement satisfaits car ils sont très efficaces et leurs effets secondaires sont de mieux en mieux maîtrisés ». 
  • Les corticoïdes de faible niveau: ils sont parfois prescrits sur de courtes périodes pour soulager l’inflammation.

Comment prévenir la dermite séborrhéique ?

Il n’est pas possible de prévoir la survenue de la maladie. Toutefois, certaines habitudes de vie vous préservent d’une première crise ou d’une rechute. Il convient de lutter contre la peau grasse et la prolifération du champignon (Malassezia) que ce soit par :

  • Son hygiène corporel  : « il est recommandé de se laver quotidiennement (voire deux fois par jour en cas d’hypersudation) avec des produits doux puis d’hydrater sa peau avec des lotions non grasses ». Les cheveux doivent être lavés régulièrement (2 fois par semaine) avec des shampoings doux ou antipelliculaires.
  • Son alimentation : soigner son alimentation est un remède efficace pour lutter contre la peau grasse. Il est tout d’abord recommandé de boire une quantité suffisante d’eau. En outre, une alimentation équilibrée est le secret d’une peau saine. Il conviendra d’éviter les aliments à forte teneur en sucres raffinés et en graisses (produits industriels). En revanche, les aliments riches en nutriments et en bons lipides sont à intégrer dans l’assiette :
    • les omégas 3 (poissons gras, huiles vierges…) ;
    • les minéraux et antioxydants : les fruits, les légumes, les fruits secs et graines oléagineuses… ;
    • le zinc (car cet oligo-élément régule la séborrhée) : les huitres, les shiitakés, les graines de courges… ;
    • les vitamines A (beurre, carotte…), C (agrumes, persil) et E (fruits à coques, huile d’olive…);
    • l’évitement des facteurs déclenchants ou aggravants de la dermite séborrhéique : abus d’alcool, exposition au stress, manque de sommeil…

Quelle hygiène corporelle adopter en cas de crise ?

La réponse du Dr. Roux, dermatologue :

« La première chose à mettre place en cas de crise est une hygiène de la peau et du cuir chevelu très douce. En effet, les peaux séborrhéiques sont très fragiles et très réactives. Il convient d’utiliser un savon/ shampoing adapté puis d’appliquer les traitements prescrits. »

Dermite séborrhéique : sites d'informations et associations

Sources

Entretien avec le Docteur Marie Estelle Roux, dermatologue en cabinet libéral.

Tous les chiffres sur ameli.fr

(1)Identification of Malassezia species isolated from patients with seborrhoeic dermatitis, atopic dermatitis, pityriasis versicolor and normal subjects, Nakabavashi A, and al., Medical Mycology, 2000.

(2) Étiologie et prise en charge de la dermatite séborrhéique, Gupta AK and al., 2004

(3) Isolation and expression of a Malassezia globosa lipase gene , LIP1, DeAngelis YM and al., Journal of Investigative Dermatology,  2007.

Dermite séborrhéique, S. Mezinger and al., Revue Medicale Suisse, 2011

Dermite séborrhéique, M. E Gonzalez and al., mds manuals, 2017

Dermatoses faciales : dermatite séborrhéique , item 232, Collège des enseignants de dermatologie

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