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Parfois qualifiée de grippe mexicaine, l’épidémie grippale de 2009 est la dernière pandémie à ce jour. Elle est due à un virus de type A.

Origines de la grippe A (H1N1)

La grippe de 2009 a été provoquée par le virus influenza A (H1N1) pdm09, qui n’avait jamais touché l'homme auparavant. Il était très différent des virus influenza A(H1N1) de la grippe saisonnière qui avaient sévi les hivers précédents.
Ce virus est né des échanges génétiques qualifiés de réassortiments entre un virus d’origine humaine, un virus aviaire et deux virus porcins.
Des études ont démontré que les anticorps dirigés contre les virus saisonniers A(H1N1) ne permettaient pas d'être protégés contre ce virus. D’autres travaux ont cependant montré qu’un pourcentage non négligeable de personnes âgées de 65 ans et plus possédaient une certaine immunité vis-à-vis de ce virus. Cette constatation a permis aux scientifiques de conclure que les personnes les plus âgées avaient pu bénéficier d’une protection croisée, conséquence de l’exposition à des virus similaires ayant circulé dans un lointain passé.

Schémas : réassortiment du génome du virus de la grippe A H1N1 de 2009

Origines de la grippe A (H1N1)© Creative Commons

Crédit : Lithium57 — Travail personnel © CC - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

Depuis 2009, le virus A(H1N1)pdm09 a remplacé les précédents virus A(H1N1). Il provoque avec les virus A(H3N2) et les virus de type B des épidémies saisonnières de grippe. Il ne provoque plus de cas graves chez les adultes en bonne santé car " il a déjà circulé et les adultes sont donc partiellement immunisés. De plus, la virulence peut évoluer avec le temps", souligne le Pr Élisabeth Bouvet, infectiologue et présidente de la commission technique des vaccinations au sein de la Haute Autorité de Santé

Les chiffres de la grippe A

Alors que l'OMS évoquait 18 500 décès provoqués par la grippe A (H1N1) entre avril 2009 et août 2010, une étude américaine a fait état en 2012 d’un nombre de morts situé entre 151 700 et 575 400 morts lors de la première année qui a suivi la circulation du virus. Par comparaison, la grippe saisonnière provoque en moyenne entre 250 000 et 500 000 morts par an toujours selon l’OMS.

Particularités et points communs avec la grippe saisonnière

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La grippe provoquée par le virus influenza A (H1N1)pdm09 était, comme la grippe saisonnière, très contagieuse. Les particules virales présentes dans les microgouttelettes émises par les malades lorsqu’ils parlaient, toussaient ou éternuaient se transmettaient facilement d’une personne à l’autre.
Les symptômes de cette forme de grippe étaient les mêmes que ceux de la grippe saisonnière classique à savoir :

  • Forte fièvre.
  • Toux.
  • Maux de tête.
  • Douleurs musculaires et articulaires.
  • Maux de gorge.
  • Écoulement nasal.
  • Vomissements ou diarrhée.

Illustration : structure de l'influenzavirus

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Crédit : National Institutes of Health; originally uploaded to en.wikipedia by TimVickers (25 octobre 2006), transferred to Commons by Quadell using CommonsHelper. — California Department of Health Services © CC/Domaine Publique - Licence : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:3D_Influenza_virus.png

Différences

Hormis son caractère inédit, le virus A (H1N1) pdm09 a provoqué, contrairement à la grippe saisonnière, un grand nombre de cas de grippes durant l’été dans l’hémisphère Nord. Il est ensuite devenu plus agressif durant les mois les plus froids dans cette région du monde.

Autre particularité, les décès provoqués par ce virus concernaient des personnes jeunes y compris en bonne santé alors que la grippe saisonnière fait plutôt des victimes parmi les personnes âgées et les bébés. "La population jeune n’avait aucune mémoire immunitaire et a donc été plus impactée", note le Pr Elisabeth Bouvet.

Selon Santé Publique France, les formes graves de grippe A (H1N1)pdm09 concernaient plus particulièrement :

  • Les bébés âgés de moins d’un an présentant des facteurs de risque.
  • Les femmes enceintes.
  • Les personnes ayant un indice de masse corporelle supérieur ou égal à 30.
  • Les personnes de tous âges souffrant d’une maladie les exposant à un sur-risque de complications.

Dernière différence, de nombreux cas graves de grippe A (H1N1) étaient associés à une pneumonie virale, plus difficile à traiter que les pneumonies bactériennes communément provoquées par la grippe saisonnière.

Chronologie de l’épidémie

Il y a 10 ans, plus précisément le 25 avril 2009 soit dix jours après l’identification de la souche de virus A(H1N1), la directrice de l’OMS déclarait que l’épidémie identifiée aux États-Unis et au Mexique représentait une "urgence de santé publique de portée internationale". La première pandémie du XXIe siècle venait alors tout juste de commencer et le nouveau virus grippal allait se propager rapidement dans le monde.

Le 27 avril 2009, les trois premiers cas apparaissaient en Europe et deux jours plus tard c’est l’ensemble du continent qui était touché.

Début mai le virus gagnait l’Asie et un mois plus tard l’Afrique.

Le 11 juin 2009, l’OMS déclarait officiellement la situation de pandémie. À cette date, 74 pays et territoires étaient touchés.

Campagnes de vaccination mondiales

Face à la menace d’une telle épidémie, des vaccins étaient mis au point dans les mois qui suivaient l'émergence du virus à partir de la souche principale isolée en avril au Mexique et en Californie.

Dans de nombreux pays, ils étaient mis sur le marché dans le cadre de campagnes de vaccination massives destinées à enrayer la propagation de l'épidémie avant la saison hivernale.

La France avait ainsi commandé 94 millions de doses de vaccins, estimant que deux injections par personne étaient nécessaires. Les centres de vaccination avaient été ouverts au public le 12 novembre 2009 et 5,74 millions de Français avaient été vaccinées contre la grippe A (H1N1) au 30 décembre selon le Haut Conseil de la santé publique.

"Cette vaccination a probablement été efficace. Le problème a plutôt été lié à l’administration du vaccin et à la tolérance, locale en particulier. Il est à noter que la fabrication d’un vaccin adapté en quelques mois relevait d’un véritable challenge !", remarque le Pr Bouvet.

Contre toute attente, le 13 janvier 2010, la fin de l'épidémie était officiellement annoncée en France et avec elle une peur qui s’était emparée du monde entier. "La pandémie attendue s’est produite et a finalement a été moins grave que ce qui était craint. Il s’agissait d’une vraie pandémie, mais le virus n’était pas très agressif", conclut le Pr Bouvet.

10 ans plus tard, les recommandations de vaccination contre le virus influenza A (H1N1)pdm09 sont les mêmes que celles concernant la grippe saisonnière car les vaccins contiennent une souche du virus A (H1N1)pdm09.

Un nouveau virus issu de la souche H1N1 inquiète

Alors que l'épidémie de coronavirus est loin d'être terminée, des chercheurs viennent de découvrir une nouvelle souche de virus de grippe porcine en Chine, qui descend génétiquement de la souche H1N1.

Baptisés G4, les virus possèdent toutes les caractéristiques pour provoquer la prochaine pandémie, dans le cas où il s'adapterait suffisamment à l'homme pour pouvoir se transmettre entre les individus. Et cela est tout à fait envisageable, selon les auteurs de l'étude, parue lundi 29 juin 2020 dans la revue PNAS.

Ces virus possèdent, en effet "tous les traits essentiels montrant une haute adaptabilité pour infecter les humains", indiquent les chercheurs de plusieurs universités chinoises et du Centre de prévention et de lutte contre les maladies chinois.

Les virus G4, déjà capables d'infecter les hommes

De 2011 à 2018, les scientifiques ont réalisé 30 000 prélèvements nasaux sur des porcs, dans les abattoirs de 10 provinces chinoises et dans un hôpital vétérinaire. Cela leur a permis d'isoler 179 virus de grippe porcine, dont une majorité issue de cette nouvelle souche.

Des expériences menées en laboratoire leur ont permis de constater que les virus G4 étaient particulièrement infectieux, et capables de se répliquer dans des cellules humaines. Ils ont aussi été inoculés à des furets (dont les symptômes sont comparables à ceux des humains en cas de grippe), qui ont alors développé des symptômes plus graves qu'avec d'autres souches.

Les chercheurs redoutent une nouvelle pandémie

Autre constat : l'immunité obtenue par les hommes après avoir été en contact avec le virus de la grippe saisonnière ne les protègerait pas contre le virus G4. Plus encore, les personnes travaillant au contact des porcs semblent nombreux à avoir été infectés - 10,4 % d'entre eux, selon des tests sérologiques. Cela signifie que le virus est bien capable d'infecter les humains. La seule variable encore inconnue, à ce jour, est sa capacité actuelle (et future) à se transmettre entre les hommes.

"Les pandémies se produisent quand des virus de grippe A avec un nouvel antigène de surface HA devient capable de se transmettre d’humain à humain. L’inquiétude est que les infections d’humains par les virus G4 ne mènent à une adaptation humaine et n’augmentent le risque d’une pandémie humaine", alertent les chercheurs.

Sources

https://www.who.int/csr/disease/swineflu/frequently_asked_questions/about_disease/fr/

https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/grippe/articles/les-grippes-pandemiques

http://www.euro.who.int/fr/health-topics/communicable-diseases/influenza/data-and-statistics/seasonal-influenza-ah1n1-key-issues

Prevalent Eurasian avian-like H1N1 swine influenza virus with 2009 pandemic viral genes facilitating human infection, PNAS, 29 juin 2020. 

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