Cette maladie cardiaque - largement sous diagnostiquée -  fait vieillir prématurément le cerveau de 3 ansIstock

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1,5 million de Français sont touchés par l’insuffisance cardiaque. Et avec le vieillissement de la population, on estime que ce chiffre pourrait augmenter de 25 % tous les 4 ans. Sans compter les 400 000 et 700 000 malades qui s’ignorent ! Les signes de l’insuffisance cardiaque sont trop souvent ignorés, notamment car ils sont peu connus. En septembre 2024, l’Assurance maladie avait même lancé une grande campagne d’information à destination des plus de 60 ans (les plus à risque) “mais aussi à leur entourage et aux professionnels de santé qui les suivent, pour mieux faire connaître la maladie et inciter les patients à dialoguer avec les professionnels de santé autour des signes d’alerte.” Les signes d’alerte en question (fatigue, essoufflement, toux, prise de poids, gonflement des pieds et/ou des chevilles…) passant souvent inaperçus car pouvant être facilement confondus avec d’autres pathologies.

Chez les insuffisants cardiaques, le déclin cognitif survient plus jeune et progresse plus rapidement. Par rapport à des personnes non malades, les insuffisants cardiaques perdent trois ans de santé cognitive !

Ceci est d’autant plus ennuyeux, que l’insuffisance cardiaque doit être prise en charge au plus tôt pour éviter qu’elle se chronicise et se transforme en insuffisance cardiaque sévère, qui conduit à des hospitalisations répétées et une dégradation des conditions de vie. L’espérance de vie est aussi amoindrie en cas d’insuffisance cardiaque sévère, même traitée. Au-delà de ces considérations médicales strictement inhérentes à la maladie, les experts soupçonnent depuis quelques années un lien entre insuffisance cardiaque et déclin cognitif. C’est en quelque sorte la double peine : les insuffisants cardiaques sont plus à risque de démence. Une étude valide aujourd’hui ces suppositions.

Le déclin cognitif accéléré par l’insuffisance cardiaque

Chez les insuffisants cardiaques, le déclin cognitif survient plus jeune et progresse plus rapidement. Ce sont les résultats de ces travaux menés sur près de 30 000 patients par une équipe de l’université du Michigan aux Etats-Unis. Par rapport à des personnes non malades, les insuffisants cardiaques perdent ainsi trois ans de santé cognitive (ils vieillissent “cognitivement” en moyenne de 10 ans alors qu’il ne s’est écoulé que 7 années réelles). Les femmes et les patients les plus âgés sont les plus touchés par cette accélération du déclin cognitif, qui touche plus particulièrement les fonctions exécutives, notamment l’attention et la résolution de problèmes.

“Compte tenu de ce que nous savons sur le taux de déclin cognitif chez ce groupe de patients, nous devons aller à leur rencontre et les inciter à consulter afin d'améliorer la prise en charge globale de l'insuffisance cardiaque et la prévention, autant que possible, de leur baisse de performance cognitive”, concluent les auteurs.

Insuffisance cardiaque : comment préserver son coeur et son cerveau ?

Prendre soin de son cœur, c’est prendre soin de son cerveau, et inversement, tant les interconnexions cœur-cerveau sont nombreuses. La Fondation Alzheimer rappelle ainsi qu’un cœur en bonne santé assure :

  • Un apport régulier en oxygène et nutriments, essentiels au fonctionnement des neurones.
  • Une prévention contre les dommages vasculaires, tels que les micro-lésions cérébrales, qui augmentent le risque de troubles cognitifs.

Adopter une bonne hygiène de vie est essentiel, aussi bien dans le cadre du suivi de l’insuffisance cardiaque que pour préserver son cerveau. Comment ? Avec le programme EPON (pour Exercice physique, Pesée régulière, Observance du traitement et Ne pas trop saler) que les insuffisants cardiaques sont encouragés à suivre au quotidien. Alcool et tabac sont évidemment à proscrire, ils nuisent tout autant au cerveau qu’au cœur, alors qu’une alimentation équilibrée et variée, préserve au contraire ces deux organes.

Les chercheurs américains mettent au point un test pour prédire le déclin cognitif en prenant simplement le pouls !

Vous avez besoin de preuves supplémentaires liant santé cardiaque et déclin cognitif ? Des chercheurs du Mass General Brigham (l’une des plus grandes structures hospitalières aux Etats-Unis) ont identifié une mesure du rythme cardiaque qui peut identifier le déclin cognitif accéléré chez les personnes âgées. Leur découverte a été publiée dans le Journal of the American Heart Association ce mois de mai 2025 et révèle un lien entre la “complexité du rythme cardiaque” et le déclin cognitif futur. Cet outil, capable de déterminer la “complexité cardiaque” simplement à partir du pouls, a donné des indices majeurs sur la vitesse du déclin cognitif des années plus tard. Cette nouvelle mesure “est pertinente pour de futures études visant à comprendre l'interaction entre santé cardiaque et vieillissement cognitif”, indique Chenlu Gao, l’auteure principale de l’étude, chercheuse et membre du département d'anesthésie, de soins intensifs et de médecine de la douleur du Mass General Brigham.