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Difficultés d'endormissement, éveils nocturnes, réveil précoce... Rien qu'en France, 15 à 20% de la population serait concernée par l'insomnie. Et si les facteurs de risque de cette condition font toujours l'objet de recherches scientifiques, deux travaux publiés le 25 février 2019 dans la revue Nature Genetics suggèrent la piste de la prédisposition génétique.

Près de 1000 gènes pourraient augmenter les risques d'insomnie

La première étude a porté sur 453 379 personnes indiquant souffrir d'insomnie. Grâce à ce large pannel, les chercheurs ont pu identifier 57 régions génétiques associées à l'insomnie, alors que les études antérieures avaient mis en évidence moins d'une dizaine de gènes. Ces gènes seraient exprimés dans plusieurs régions du cerveau, muscles squelettiques et glandes surrénales. Les chercheurs précisent par ailleurs que certains des gènes identifiés dans l'insomnie sont également retrouvés chez les personnes souffrant du syndrome des jambes sans repos, de maladies cardiométaboliques et de troubles psychiatriques ; des liens qui étaient déjà soupçonnés.

La deuxième étude est également de grande ampleur puisque les données de plus d'un million trois cent mille insomniaques ont été analysées. Ici, 956 gènes augmentant les risques d'insomnie ont été identifiés, tous localisés dans le cerveau. Et là aussi, les scientifiques ont "trouvé des corrélations génétiques considérables avec les troubles psychiatriques".

Des résultats qui permettent de mieux comprendre les mécanismes impliqués dans la survenue de l'insomnie et qui constituent ainsi de nouvelles pistes de recherche de traitements.

Insomnie : des causes et des conséquences multiples

Les causes de l'insomnie sont multiples : stress, anxiété, dépression, mauvaise hygiène de vie (consommation d'excitants comme le thé ou les boissons caféinées, pratique d'une activité stimulante le soir comme les jeux vidéo, rythme de vie irrégulier...), certaines maladies comme l'hyperthyroïdie...

Et les conséquences, tout aussi nombreuses, peuvent être graves : "Il y a des conséquences à court, moyen et long terme, explique le docteur Jérôme Lefrançois, interviewé par Medisite. On n’est pas en forme, on est somnolent ce qui est dangereux pour la sécurité, on a des problèmes de concentration, de mémoire, on est plus irritable, anxieux… Ça peut même mener au surpoids, à des problèmes métaboliques, cardiovasculaires ou respiratoires, mais également accélérer le vieillissement."

Insomnie : quel traitement ?

Le traitement de l'insomnie repose essentiellement sur l'adoption d'une meilleure hygiène de vie (éviter les excitants en fin de journée, favoriser les activités relaxantes, limiter le bruit et la lumière dans la chambre au moment du coucher, etc.). Des sédatifs légers (phytothérapie à base de valériane, aubépine, passiflore, etc.) peuvent également être conseillés. Si l'insomnie persiste, un somnifère peut être prescrit par le médecin traitant, pour une courte durée.

Sources

"Biological and clinical insights from genetics of insomnia symptoms". Nature Genetics. 25 février 2019.

"Genome-wide analysis of insomnia in 1,331,010 individuals identifies new risk loci and functional pathways". Nature Genetics. 25 février 2019.

"Insomnie". Inserm. 1er septembre 2017.

"L'insomnie : définition, facteurs favorisants". Ameli.fr. 13 mars 2019.

"Le traitement de l'insomnie". Ameli.fr. 12 octobre 2018.