Quatre conseils d’une experte pour prévenir l’incontinence urinaire grâce à l’alimentationIstock

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Et si la prévention des fuites urinaires pouvait commencer dans l'assiette ? Oui, l’alimentation peut jouer un rôle, même modéré, sur l’apparition de l’incontinence urinaire. Pour bien comprendre, la médecin experte en santé de la femme Bernadette de Gasquet, autrice du livre Périnée, arrêtez le massacre (éditions Marabout) nous en dit plus.

“L’incontinence, c’est un problème plutôt mécanique, de robinet et de pression, plus que chimique”, rappelle la spécialiste. À ce titre, il n‘existe pas de nutriment qui jouerait un rôle de “médicament naturel” pour prévenir ou soigner les fuites urinaires. En revanche, comme l’explique l’experte, “l’incontinence d’effort se caractérise par une pression sur le périnée et tout le plancher pelvien. C’est sur cela que l’alimentation peut parfois jouer”.

Hydratation : faut-il la privilégier ou l'éviter en cas d'incontinence ?

Plus que l’alimentation, la Dre de Gasquet estime que le facteur le plus important, c’est l’hydratation. “Beaucoup de femmes boivent trop d’eau, pour éliminer. Or, pour évacuer tout ce liquide, la vessie est sans arrêt pleine. Cela appuie sur le périnée et perturbe la vessie, qui peut ensuite dysfonctionner”, précise-t-elle. En outre, cela élimine trop les vitamines hydrosolubles (qui se dissolvent dans l'eau).

Pour éviter cela, l’experte préconise de ne pas boire plus du 1,5 litre d’eau recommandé chaque jour, au maximum. “Tout ce que nous mangeons, mais aussi le café, tisanes et autres boissons, contiennent de l’eau. En boire trop à côté n’a pas que des avantages”, poursuit-elle.

Et d’ajouter : “Si votre consommation de liquides est excessive, vous aurez peut-être tendance soit à vous retenir d’aller aux toilettes, soit au contraire, à y aller tout le temps par précaution”. Or, si la première option épuise encore davantage le périnée, la deuxième est également mauvaise : aller trop souvent à la miction tend à un rétrécissement, et donc un dysfonctionnement de la vessie. “L’idéal, c’est d’y aller quand on en ressent le besoin. C’est censé être environ toutes les trois heures, un peu plus le matin si vous avez beaucoup bu”, conclut la spécialiste.

Les fibres pour limiter la constipation

Outre l’hydratation, certaines habitudes alimentaires peuvent tout de même prévenir ces risques de pression sur le périnée. “La constipation est un facteur de risque, car elle nous force à pousser la selle, ce qui exerce une pression parfois trop forte”, expose Bernadette de Gasquet. Pour l’éviter, intégrez des fibres dans votre alimentation ! Ces dernières stimulent le transit intestinal, et facilitent donc le passage à la selle. On trouve des fibres principalement dans les légumes, les céréales complètes, les fruits ou encore les oléagineux. Les amandes et les pruneaux sont les deux aliments les plus riches en fibres !

Attention cependant : tout comme l’eau, une consommation excessive de fibre a l’effet inverse de celui recherché, selon la spécialiste. “De même, les fibres hydrophobes, donc qui n’absorbent pas l’eau, fermentent dans l’intestin, développent des gaz et peuvent aussi irriter la vessie”, ajoute-t-elle. Une irritation qui peut participer au développement de l'incontinence urinaire.

Le poids joue-t-il un rôle sur l’incontinence urinaire ?

Mais la constipation n’est pas la seule cause alimentaire d’une potentielle pression sur le plancher pelvien. “L’obésité n’arrange rien, car elle induit aussi une pression dans l’abdomen”, confirme l'experte. Un constat alarmant lorsque l’on sait que 17 % de la population française est en situation d’obésité. D'où l'importance de limiter les graisses saturées et un apport calorique trop fort.

Mais, au contraire, l’anorexie peut également être une cause d’incontinence urinaire. Comme l’explique la Dre Bernadette de Gasquet. “Déjà, car une anorexie extrême est synonyme de d’une baisse d'oestrogènes, qui peut entrainer des fuites urinaires par affaiblissement du sphincter et des muscles du plancher pelvien. Mais aussi car les personnes touchées par cette maladie ont tendance à faire trop de sport, et les exercices abdominaux, effectués de manière excessive, appuient aussi sur le périnée”, ajoute-t-elle.

Des aliments bons ou mauvais pour la vessie !

Enfin, l’experte cite les aliments qui peuvent être irritants pour la vessie, surtout lorsque l’on a un pH urinaire acide, ce qui est le cas d’une grande partie de la population. “Évitez les protéines animales, les sucres, les céréales raffinées ou les aliments épicés”, énumère-t-elle. Et d’ajouter : “On le sait moins, mais les légumes verts, selon la dose, peuvent également être irritants pour la vessie, car ils contiennent des oxalates.” Ce sont des aliments acidifiants qui peuvent exciter la vessie comme une infection urinaire, mais ne sont pas liés à des germes, juste au pH acide, qui est un vrai stress pour la vessie.

À l’inverse, les aliments dits “alcalins” réduisent l’acidité du pH. On peut citer par exemple les fruits comme la banane ou les fruits séchés, les pommes de terre, les épinards, les avocats, le chou-fleur... Mais aussi certains épices et aromates comme le curcuma et le persil ! Enfin, certaines eaux minérales sont alcalinisantes , comme le Vichy Celestin.

“L’alimentation a donc bien un effet sur l’incontinence, mais seulement si l’on va à l’extrême”, conclut la spécialiste. Pour prévenir l’incontinence et les problèmes associés, n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec un professionnel de santé ou spécialiste de l’alimentation, qui pourra vous aiguiller sur les bonnes habitudes alimentaires à prendre selon votre cas.