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Dans un point d'information en date du 17 avril 2020, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé met en garde les professionnels de santé contre le risque potentiel de réactions allergiques croisées entre la substance antitussive pholcodine et les curares (gamme de médicaments servant à détendre les muscles), utilisés dans les services d'anesthésie et de réanimation.

Pholcodine : associé à certains médicaments, il peut provoquer de graves réactions allergiques

La pholcodine est un dérivé morphinique antitussif, utilisé comme principe actif dans divers sirops indiqués dans la toux sèche.

Mais depuis 2009, elle fait l’objet de discussions sur son potentiel risque d’allergie croisée avec les agents myorelaxants de type curare. Afin de limiter ce risque, la pholcodine n’est d'ailleurs disponible en France que sur prescription depuis 2011.

En effet, des cas de réactions allergiques aux curares après utilisation de pholcodine ont été rapportés, comme des chocs anaphylactiques.

Aussi, dans ce contexte actuel de pandémie et d'un accroissement de l'utilisation de curares, l'ANSM conseille de ne pas en consommer.

"Par mesure de précaution, nous recommandons aux médecins de ne pas prescrire de spécialité contenant de la pholcodine pour le traitement symptomatique de la toux et aux patients de ne pas les utiliser", préconise l'agence du médicament.

Le but étant de réduire le risque de réaction allergique croisée en cas d’évolution vers une forme grave de COVID-19 nécessitant l’admission du patient en service de réanimation.

Il est par ailleurs recommandé aux patients d’éviter de s’automédiquer devant tout symptôme évocateur d’une infection COVID-19 : si vous avez de la toux, associée à de la fièvre, des difficultés respiratoires, des douleurs musculaires, une perte de goût et/ou d'odorat, contactez votre médecin.

Sirops antitussifs à base de pholcodine : une étude est en cours sur ses effets nuisibles

D'après le communiqué, une étude est en cours en France et ses résultats seront connus d'ici la fin de l'année. Mais dans les circonstances actuelles, l'Agence du médicament a jugé plus prudent de décourager dès maintenant cette association.

Pour information, les sirops antitussifs à base de pholcodine commercialisés en France sont les suivants :

  • Biocalyptol 6,55 mg/5 ml sans sucre, sirop édulcoré à la saccharine sodique et au maltitol liquide ;
  • Biocalyptol, sirop ;
  • Broncalene pour adultes ;
  • Broncalene pour enfants ;
  • Dimetane sans sucre 133 mg/100 ml ;
  • Hexapneumine pour adultes ;
  • Hexapneumine pour enfants ;
  • Polery enfants.

Les différents antitussifs employés en cas de toux sèche

Les différents antitussifs employés en cas de toux sèche© Istock

Les antitussifs se divisent en plusieurs catégories : antitussifs opiacés, antitussifs antihistaminiques et antitussifs non opiacés et non antihistaminiques. Parmi ces médicaments, on en trouve certains qui associent la substance antitussive à un fluidifiant bronchique. Cette association n’est pourtant pas logique.

Les antitussifs opiacés

Les antitussifs opiacés utilisés chez l’adulte peuvent contenir les substances suivantes : codéine, dextrométorphane, éthylmorphine (ou codéthyline), noscapine, pholcodine.

Ils ne doivent pas être utilisés en cas d’insuffisance respiratoire ou de toux liée à l’asthme.

Leurs principaux effets indésirables sont la constipation, les nausées, les sensations de vertiges et une somnolence qui peut être gênante en cas de conduite automobile ou d’utilisation de machines. Le dextrométorphane n’entraîne pas de dépression respiratoire aux doses usuelles.

Par ailleurs, depuis le 17 juillet 2017, tous les antitussifs opiacés contenant de la codéine, du dextrométhorphane, de l’éthylmorphine ou de la noscapine ne peuvent plus être achetés que sur présentation d’une ordonnance, quelle que soit la dose délivrée et quel que soit l'âge du patient. Les sirops qui étaient auparavant disponibles en automédication ne le sont plus, et ils ne peuvent plus être vendus en ligne sur les sites des pharmacies.

Les antitussifs antihistaminiques

Les antitussifs antihistaminiques sont plutôt recommandés en cas de toux sèche et irritante survenant la nuit, en raison de leur effet sédatif. Ils ont des effets dits atropiniques (sécheresse de la bouche, constipation, blocage des urines, troubles visuels) qui expliquent certaines contre-indications (glaucome à angle fermé, adénome de la prostate). Ils doivent être utilisés avec prudence chez les utilisateurs de machines en raison du risque de somnolence.

Les autres antitussifs

D’autres antitussifs (Clarix toux sèche, paxéladine...) sont également indiqués dans le traitement de courte durée des toux sèches. Ils présentent généralement moins d’effets indésirables.

Des médicaments d'homéopathie sont traditionnellement proposés en cas de toux lors des affections respiratoires bénignes.

Sources

Médicaments antitussifs à base de pholcodine et risque de réaction allergique aux curares dans le contexte de l’épidémie de COVID-19 - Point d'Information, ANSM, 17 avril 2020.

Toux sèche : pas de sirop à base pholcodine en période d'épidémie COVID-19, Vidal.fr, 17 avril 2020.

Les médicaments de la toux, Vidal.fr, 13 janvier 2020.

mots-clés : toux, Covid-19, épidémie
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