En 2009, des chercheurs découvrent un mystérieux germe, qui s’attaque aux personnes dont le système immunitaire est affaibli. Son nom : Candida auris. Depuis, le nombre d’infections due à cette “levure tueuse” ne cesse d’augmenter, d’autant que celle-ci est résistante à la plupart des médicaments antifongiques. De fait, elle est un bon exemple d’un nouveau fléau pour la santé mondiale : la recrudescence des infections multi-résistantes.

Une propagation extrêmement facile

Au cours des cinq dernières années, C. auris s’est propagé à travers le monde. Il a notamment frappé une unité néonatale au Vénézuela, un hôpital Espagnol, et a contraint un centre médical britannique à fermer son unité de soins intensifs. En mai 2018, un homme a perdu la vie au Mount Sinai Hospital (New-York) à cause de ce germe. Il y avait été admis pour une simple chirurgie abdominale, avant d’être testé positif au Candida auris et placé en quarantaine. Le patient est décédé 90 jours plus tard. Des traces du champignon ont été retrouvées dans chaque recoin de la chambre : “les murs, le lit, les portes, les rideaux les téléphones, l’évier [...], les stores, le plafond… tout était positif”, relate le Dr Scott Lorin, président de l’hôpital.

Une étude publiée l’année dernière dans la revue Emerging Infectious Diseases s'est penchée sur 51 cas d’infection par Candida auris, survenues dans des établissements de santé à New-York entre 2016 et 2018. Tous les patients contaminés avaient déjà de grave problèmes de santé. Près de la moitié d’entre eux sont décédés dans les 90 jours suivant le diagnostic d’infection par C. auris. 98 % des échantillons du germe étaient résistants au fluconazole, un médicament antifongique fréquemment utilisé. Des tests ont révélé la présence du champignon dans 15 des 20 établissements de santé étudiés.

La surconsommation de médicaments entraîne une résistance des germes

Cela fait bien longtemps que des experts mettent en garde : la surconsommation d’antibiotiques réduirait l’effet de médicaments qui ont pourtant fait leurs preuves. L’explosion récente de germes résistants semble leur donner raison. En effet, les champignons - comme les bactéries - développent des défenses pour survivre aux traitements. Ce qui n’empêche pas les hôpitaux et l’industrie agro-alimentaire de continuer à les utiliser en excès. Pour Matthew Fisher, professeur d’épidémiologie fongique à l’Imperial College London, il s’agit d’un “problème énorme”. Selon lui, “notre avenir dépend de notre capacité à traiter ces patients avec des antifongiques”.

Pour l’instant, ces germes super-résistants sont mortels pour les personnes dont le système immunitaire est immature ou affaibli. Les plus à risques sont donc les nourrissons, les personnes âgées, les fumeurs, les diabétiques ou encore les patients atteints d’une maladie auto-immune. Mais à moins de développer de nouveaux traitements plus efficaces, et de diminuer la consommation de certains médicaments, ce risque pourrait s’étendre aux personnes en bonne santé. D’après une étude financée par le gouvernement britannique, 10 millions de personnes pourraient mourir à cause de ces infections en 2050, si rien n’est fait pour y remédier.

Sources

A mysterious infection, spanning the globe in a climate of secrecy, The New-York Times, 6 avril 2019. 

Candida auris : why this fungus is an emerging threat, Forbes, 7 avril 2019

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