Les chercheurs identifient les antidépresseurs qui accélèrent perte de mémoire et déclin cognitifIstock
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Avoir la mémoire qui s’altère avec l’âge, c’est normal. Cela fait partie du vieillissement naturel. Mais on peut entretenir et travailler sa mémoire (nous vous avions proposé des exercices ici) tout en stimulant ses neurones tout au long de sa vie. On sait aussi qu’une bonne hygiène de vie (alimentation idoine, exercices physiques réguliers, vie sociale riche…) joue une part importante dans la prévention du déclin cognitif.

Est-ce que les antidépresseurs jouent sur la mémoire ?

Toutefois, ces mesures de précaution ne stoppent pas toujours les maladies neurodégénératives, d'autant que certains médicaments peuvent aussi être impliqués dans le déclin cognitif. C’est ce que suggère cette étude menée par une équipe de neurobiologistes suédois du Karolinska Institutet. Publiée dans la revue scientifique BMC Medicine le 25 février dernier, cette étude s’est attachée à relever les prescriptions médicamenteuses de 18 740 patients, dont environ 23 % ont été traités par antidépresseurs. Car ce sont bien les antidépresseurs qui sont associés à un risque de démence accru chez les personnes qui ont des signes de déclin cognitif.

Démence, perte de mémoire et dépression : un cercle vicieux

Les liens entre dépression et troubles cognitifs sont à double sens. On le sait, une dépression peut avoir un impact sur nos fonctions cognitives, provoquer des pertes de mémoires et des troubles de l’attention. On le sait moins mais le déclin cognitif (la démence) peut aussi mener à la dépression. “On estime que plus d’une personne sur deux atteinte de démence souffre également de dépression majeure, et reçoit des antidépresseurs pour soulager des symptômes tels que l'anxiété, la dépression, l'agressivité et les troubles du sommeil”, rappelle ainsi le média à destination des professionnels de santé Santé Log.

Quel médicament entraîne des problèmes de mémoire ?

Sara Garcia Ptacek, chercheuse en neurobiologie au Karolinska Institutet, qui a participé à l’étude suédoise précise de son côté que “les symptômes dépressifs peuvent à la fois aggraver le déclin cognitif et altérer la qualité de vie, il est donc important de les traiter. Cependant, certains antidépresseurs semblent mieux adaptés aux patients atteints de démence”. En effet, la prise d’antidépresseurs spécifiques accélère le déclin cognitif d’après cette nouvelle étude.

Est-ce que les antidépresseurs font perdre la mémoire ? Certains ont plus d'effets que d'autres sur les troubles cognitifs

Dans cette étude de cohorte, l’utilisation actuelle d’antidépresseurs était associée à un déclin cognitif plus rapide”, notent les chercheurs. Parmi les antidépresseurs prescrits, une classe de médicaments pose plus particulièrement problème : les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), qui malheureusement sont aussi les antidépresseurs les plus prescrits en France. “Des doses plus élevées d’ISRS administrées étaient associées à un risque plus élevé de démence sévère, de fractures et de mortalité toutes causes confondues”, indiquent encore les chercheurs suédois qui invitent à une “surveillance attentive et régulière pour évaluer les risques et les avantages de l’utilisation de différents antidépresseurs chez les patients atteints de démence.”

Dépression et mauvaise mémoire : quels antidépresseurs incriminés ?

Ces antidépresseurs (citalopram, escitalopram, fluoxétine, fluvoxamine, paroxétine, sertraline et vilazodone) agissent en stimulant la sécrétion de sérotonine, un neurotransmetteur primordial dans la régulation de l’humeur.

Les antibiotiques impliqués dans le déclin cognitif ? Les chercheurs rassurent sur leur influence

Si certains antidépresseurs accélèrent le déclin cognitif, ce n’est pas le cas des antibiotiques ! La question se posait, assez logiquement, à cause de l’effet des antibiotiques sur le microbiote intestinal. “Étant donné que le microbiome intestinal est important pour le maintien de la santé générale et peut-être de la fonction cognitive, via l’axe intestin-cerveau, on craignait que les antibiotiques puissent avoir un effet nocif à long terme sur le cerveau , explique ainsi le Dr Andrew T. Chan, de la Harvard Medical School, qui a participé à une étude publiée dans la revue de l’Académie américaine de neurologie Neurology fin décembre 2024.

En réalité, il n’en n'est rien. Les données de plus de 13 500 personnes âgées de plus de 70 ans et suivies pendant plus de 5 ans ont ainsi permis d’établir que la prise d'antibiotiques ne pouvait être corrélée au déclin cognitif. “Après avoir ajusté les facteurs tels que les antécédents familiaux de démence, la fonction cognitive au début de l’étude et les médicaments connus pour affecter la cognition, les chercheurs ont constaté que l’utilisation d’antibiotiques n’était pas associée à des risques accrus de troubles cognitifs ou de démence par rapport à la non-utilisation de ces médicaments, détaille le communiqué de presse de l'Académie américaine de neurologie. Les chercheurs n’ont également trouvé aucune association entre l’utilisation cumulative d’antibiotiques, l’utilisation continue et les types spécifiques d’antibiotiques.